Se présentant comme la révélation accordée à un prophète du nom d’Esaïe, probablement de sang royal, le Livre d’Esaïe couvre les règnes de quatre souverains successifs sur Juda (d’env. 740 à 697 voire 686 av. J.-C.). Annonçant l’exil qui attend les Judéens en raison de leur immoralité, le texte est célèbre pour la conscience aiguë de la sainteté de Dieu dont il témoigne et pour ses prophéties sur la naissance d’un enfant (Emmanuel) et sur le serviteur de l’Eternel, mises en rapport avec Jésus-Christ dans le Nouveau Testament.
* Ésaïe a prophétisé sous les règnes d’Ozias, de Jotham, d’Achaz, et d’Ézéchias. On l’a volontiers appelé « le prophète évangélique », au vu de ses nombreuses prédictions détaillées, relatives au caractère, à la venue, au ministère, à la prédication, aux douleurs et à la mort du Messie, ainsi qu’à l’ampleur et la durée éternelle de Son Royaume. Dans la perspective de la libération de la servitude de Babylone, Ésaïe pointe son regard prophétique vers un affranchissement beaucoup plus grand, celui qui devait être opéré par Christ ; il a fait rarement allusion à cette première libération, sans avoir mentionné en même temps la seconde ; en fait, il fut tant de fois ravi d’une telle délivrance céleste lointaine, qu’il ne perdit pas de vue celle qui devait être plus proche, les yeux fixés sur la Personne, le rôle, le caractère, et le Royaume du Messie.
* Les corruptions rencontrées parmi les juifs (1-9). Les graves censures. (10-15) Exhortations au repentir. (16-20) Lévitique triste état de Juda est déploré ; Lévitiques merveilleuses promesses du temps de l’Évangile. (1-921-31)
1 Vision d'Esaïe, fils d'Amots, sur Juda et Jérusalem, durant les règnes d'Ozias, de Jotham, d'Achaz et d'Ezéchias sur Juda.
2 Ciel, écoute! Terre, prête l'oreille! En effet, l'Eternel parle: «J'ai nourri et élevé des enfants, mais ils se sont révoltés contre moi. 3 Le bœuf connaît son propriétaire et l'âne la mangeoire de son maître, cependant Israël ne connaît rien, mon peuple n'a pas d'intelligence.»
4 Malheur à la nation pécheresse, au peuple chargé de fautes, à la lignée des méchants, aux enfants corrompus! Ils ont abandonné l'Eternel, ils ont méprisé le Saint d'Israël. Ils ont fait volte-face.
5 A quoi bon vous frapper encore? Vous multipliez vos révoltes. La tête entière est malade et tout le cœur est souffrant. 6 De la plante des pieds jusqu'à la tête, rien n'est en bon état: ce ne sont que blessures, contusions et plaies vives qui n'ont été ni pansées, ni bandées, ni désinfectées. 7 Votre pays est dévasté, vos villes sont réduites en cendres, des étrangers mangent les produits de votre sol sous vos yeux: c’est une dévastation pareille à la catastrophe opérée par des étrangers. 8 Et la fille de Sion a survécu. Elle est restée comme une cabane dans une vigne, comme une hutte dans un champ de concombres, comme une ville épargnée.
9 *Si l'Eternel, le maître de l’univers, ne nous avait pas conservé un faible reste, nous serions pareils à Sodome, nous ressemblerions à Gomorrhe.
1-9 Ésaïe signifie, « le salut du Seigneur » ; ce prophète avait un nom tout à fait approprié, au vu de ses prophéties sur Jésus, le Sauveur, ainsi que sur Son salut. Les personnes qui prétendent appartenir à Dieu ne savent pas à quel point leurs vies et leurs bénédictions spirituelles sont dues à la vigilance paternelle et à la bonté que Dieu leur a accordées.
Combien de personnes négligent le devenir de leur âme ! En ne nous soumettant pas aux préceptes que nous connaissons de la piété, nous nous faisons autant de mal que si nous les ignorions.
La méchanceté d’Israël était totale. Cette situation était comparable à celle d’un corps malade, luttant pour vivre. Cette maladie menaçait d’être mortelle, atteignant l’ensemble de l’organisme ; du paysan le plus modeste, au plus grand seigneur, on ne pouvait en effet trouver aucune trace de piété, aucun principe n’était vraiment respecté, rien qui ne puisse contribuer à la bonne santé de l’âme. On ne trouvait en Israël que culpabilité et corruption : le triste résultat de la chute d’Adam. Ce passage témoigne de toute la dépravation de la nature humaine. Alors que bon nombre de péchés n’amenaient aucun repentir, rien n’était fait pour entreprendre un traitement curatif de cette situation, qui risquait d’être fatale.
Jérusalem était exposée, sans réelle protection, ses maisons ressemblaient à des huttes ou à des cabanes de jardin, où l’on laisse mûrir les fruits ! (verset 1:8)* Cette situation doit être vue dans le contexte des pays du Moyen-Orient, là où les fruits constituent une grande partie de la nourriture de leurs habitants, durant l’été. Mais le Seigneur disposait encore heureusement, à Jérusalem, de quelques pieux serviteurs !
Grâce à la Miséricorde divine, nous ne sommes pas anéantis ! La nature du mal est en chacun de nous ; seul Jésus, par Son Esprit de sanctification, peut nous faire retrouver la « santé spirituelle » !
*Référence ajoutée par le traducteur pour faciliter la compréhension du texte.
10 Ecoutez la parole de l'Eternel, chefs de Sodome! Prête l'oreille à la loi de notre Dieu, peuple de Gomorrhe! 11 Que m'importe la quantité de vos sacrifices? dit l'Eternel. Je suis rassasié des holocaustes de béliers et de la graisse des veaux, je ne prends aucun plaisir au sang des taureaux, des brebis et des boucs. 12 Quand vous venez vous présenter devant moi, qui vous demande de piétiner ainsi mes parvis? 13 Cessez d'apporter des offrandes illusoires! J'ai horreur de l'encens, des débuts de mois, des sabbats et des convocations aux réunions, je ne supporte pas de voir l’injustice associée aux célébrations. 14 Je déteste vos débuts de mois et vos fêtes: c’est un fardeau qui me pèse, je suis fatigué de les supporter. 15 Quand vous tendez les mains vers moi, je détourne mes yeux de vous. Même quand vous multipliez les prières, je n'écoute pas: vos mains sont pleines de sang.
10-15 La Judée se trouvait alors en pleine désolation, ses villes étaient brûlées. Cette situation incitait les enfants d’Israël à présenter des sacrifices et des offrandes, comme s’il leur était possible de subordonner Dieu, afin qu’Il leur épargne de telles épreuves, et puisse leur donner toute liberté pour continuer la pratique de leurs péchés ! Beaucoup de personnes mentionnent leurs différents « sacrifices spirituels », en oubliant hélas de signaler à quel point elles suivent la voie de l’iniquité. Elles comptent sur le fait que leur consécration mérite une certaine récompense ! La plupart des dévotions des méchants, semblent à leurs yeux, mériter une quelconque rétribution, alors qu’ils sont en fait, dépourvus de tout repentir envers leur conduite ; ils ne peuvent donc, être admis par Dieu. Non seulement le Seigneur ne peut les accepter, mais Il les rejette.
Tout ceci prouve que le péché est vraiment en horreur à Dieu, en particulier si nous le pratiquons dans le secret, avec un esprit d’indulgence personnelle ; si nous rejetons le salut de Christ, même nos prières deviendront des abominations !
16 Lavez-vous, purifiez-vous, mettez un terme à la méchanceté de vos agissements, cessez de faire le mal! 17 Apprenez à faire le bien, recherchez la justice, protégez l'opprimé, faites droit à l'orphelin, défendez la veuve!
18 Venez et discutons! dit l'Eternel. Même si vos péchés sont couleur cramoisi, ils deviendront blancs comme la neige; même s'ils sont rouges comme la pourpre, ils deviendront clairs comme la laine. 19 Si vous voulez bien écouter, vous mangerez les meilleurs produits du pays, 20 mais si vous refusez et vous montrez rebelles, vous serez dévorés par l'épée. Oui, c’est l’Eternel qui l’affirme.
16-20 Il faut non seulement ressentir du regret quant au péché commis, mais de plus, il faut en interrompre toute pratique. Nous devons réagir sur ce sujet, sans rester passifs !
Il nous faut pratiquer le bien que le Seigneur, notre Dieu, exige. Il est évident que les sacrifices de la loi ne pouvaient pas réconcilier le peuple d’Israël avec Dieu, même pour ces crimes, commis en dehors du pays.
Mais, béni soit Dieu, il existe une Fontaine d’eau vive disponible (verset 16)*, dans laquelle les pécheurs de tout âge et de tout rang peuvent être « lavés » ! Nos péchés sont comme l’écarlate et le cramoisi ; ce dernier est en effet un puissant colorant, agissant sur deux points : d’abord, de manière générale, sur la « laine » de la corruption originale, mais aussi sur chaque « fibre » particulière, de notre transgression réelle ; nous sommes hélas, souvent « immergés » dans le péché, soumis à nos mauvais penchants ; malgré tout, la Miséricorde divine lave en nous cette tache, Psaumes 51:7.
En suivant l’Éternel, les enfants d’Israël auraient pu bénéficier de tout bonheur et de toute bénédiction désirables.
La vie et la mort, le bien et le mal, sont placés devant nous. Oh ! Seigneur, incite-nous tous à vivre pour Ta gloire !
*Référence ajoutée par le traducteur pour faciliter la compréhension du texte.
21 Comment! La ville fidèle est devenue une prostituée! Elle était remplie d'équité, la justice y habitait, et maintenant il y a des assassins! 22 Ton argent s'est changé en impuretés, ton vin a été coupé d'eau. 23 Tes chefs sont des rebelles et sont complices des voleurs. Ils aiment tous les pots-de-vin et courent après les récompenses. Ils ne font pas droit à l'orphelin et la cause de la veuve ne les touche pas.
24 C'est pourquoi, voici ce que déclare le Seigneur, l'Eternel, le maître de l’univers, le Dieu fort d'Israël: Je prendrai ma revanche sur mes adversaires, je me vengerai de mes ennemis. 25 Je porterai de nouveau la main contre toi: je te débarrasserai de tes impuretés comme avec de la potasse et j’éliminerai toutes tes parcelles de plomb. 26 Je rétablirai tes juges tels qu'ils étaient par le passé, et tes conseillers tels qu'ils étaient au début. Après cela, on t'appellera «ville de la justice», «cité fidèle».
27 Sion sera rachetée par la droiture, et ceux qui s'y convertiront par la justice, 28 mais la ruine atteindra en une seule fois les rebelles et les pécheurs, et ceux qui abandonnent l'Eternel disparaîtront. 29 Oui, on aura honte des térébinthes auxquels vous prenez plaisir et vous rougirez des jardins que vous avez choisis, 30 car vous serez pareils à un térébinthe au feuillage fané, à un jardin dépourvu d'eau. 31 L'homme fort deviendra pareil au chanvre et son activité pareille à une étincelle: ils brûleront tous les deux ensemble et il n'y aura personne pour éteindre ce feu.
21-31 Ni les villes saintes, ni les cités royales ne peuvent être fidèles dans leurs actes et leurs engagements, si la piété ne « demeure » pas en elles. La crasse peut briller comme l’argent ; le vin mêlé à de l’eau peut garder toujours la même couleur !
Ceux qui disposent de grands moyens pour aider les malheureux, tout en restant passifs, ne font que les opprimer davantage. Les hommes peuvent accomplir beaucoup, lorsqu’ils sont placés sous des contraintes extérieures ; seul Dieu est capable d’agir positivement, conformément à Son Esprit et à Son Jugement. Le péché est la pire « captivité », le pire esclavage.
La rédemption de Sion, « cette ville spirituelle », par la droiture et la mort de Christ, ainsi que par Sa Grâce Toute puissante, est tout à fait subordonnée à ce qui est signifié dans ce texte : la ruine totale menaçait cette cité. Les juifs allaient ressembler à un arbre desséché par la chaleur, à un jardin sans eau, qui dans ce chaud pays, risque d’être consumé par le feu, d’un instant à l’autre.
Tel sera le cas de ceux qui placent leur confiance dans les idoles, ou dans un « bras de chair ». Même l’homme fort errera
çà et là : non seulement il sera rapidement anéanti, mais aussi, mis en pièces, vulnérable à tout ce qui peut le dévorer !
Quand le pécheur est en dérive complète, prêt à être consumé par le feu dévorant du Jugement de Dieu, qui pourrait alors empêcher sa ruine totale ?