Se présentant comme l’œuvre de l’apôtre Paul, probablement écrite en 47/48 apr. J.-C. et adressée aux Eglises de Galatie du sud (région évangélisée par Paul lors de son 1er voyage missionnaire) ou – selon une autre interprétation – écrite en 49/50 apr. J.-C. et adressée aux Eglises de Galatie du nord (région qu’il aurait parcourue lors de son 2e voyage missionnaire), l’Epître aux Galates cherche à démontrer que les non-Juifs n’ont pas besoin de se soumettre à la loi de Moïse et aux rites juifs pour devenir chrétiens.
* En général, les églises de Galatie ont été formées à partir de convertis Juifs et Gentils. Paul affirme son personnage apostolique et les doctrines qu’il enseignait, lorsqu’il confirme aux églises des Galates, dans la foi de Christ, le fait qui concerne le point important de la justification par la foi uniquement. Ce sujet est principalement le même que celui discuté dans l’épître aux Romains à savoir, la justification par la foi seule. Dans cette épître cependant, l’attention est particulièrement attirée sur le fait que les hommes sont justifiés par la foi, sans les œuvres de la loi de Moïse. Au sujet de l’importance des doctrines développées dans cette épître, Luther s’exprime ainsi: « Nous devons considérer cela avec crainte, comme étant le plus grand et le plus proche des dangers, de peur que Satan nous prenne cette doctrine de la foi, et apporte encore dans l’église la théorie des œuvres et des traditions humaines. Il est donc vraiment nécessaire que cette doctrine soit exercée, en tant qu’entraînement continuel et commun, par ceux qui lisent comme par ceux qui écoutent. Si cette doctrine se perd, alors de même seront perdues les doctrines de la vérité, de la vie et du salut. »
* L’apôtre Paul affirme son caractère apostolique contre ceux qui le diminuent (1-5). Il blâme les Galates lorsqu’ils se révoltent contre l’Évangile de Christ sous l’influence des faux docteurs (6-9). Il prouve l’autorité divine de sa doctrine et de sa mission ; et déclare ce qu’il était avant sa conversion et sa vocation (10-14). Et comment il a procédé après cela (15-24).
1 De la part de Paul, apôtre établi non par des hommes ni par l’intermédiaire d’un homme, mais par Jésus-Christ et par Dieu le Père qui l'a ressuscité, 2 et de tous les frères qui sont avec moi aux Eglises de la Galatie: 3 que la grâce et la paix vous soient données de la part de Dieu notre Père et du Seigneur Jésus-Christ. 4 Il s'est donné lui-même pour nos péchés afin de nous arracher à l’actuel monde mauvais, conformément à la volonté de notre Dieu et Père 5 à qui soit la gloire aux siècles des siècles! Amen!
1-5 Paul était apôtre de Jésus-Christ ; il a été nommé expressément par Lui, et par conséquent par Dieu le Père, qui est Un avec Lui, dans le respect de sa nature Divine, et qui désigne Christ comme Médiateur. La grâce inclut la bonté de Dieu à notre égard, et toute son œuvre envers nous ; il en est de même pour la paix, tout ce confort intime, ou cette prospérité extérieure, qui sont vraiment nécessaires pour nous. Tout cela provient de Dieu le Père, comme une sorte de Fontaine, au travers de Jésus-Christ. Mais remarquez bien: Il y a en premier la grâce, puis la paix ; il ne peut y avoir de paix réelle sans grâce. Christ s’est donné lui-même pour nos péchés, a été fait expiation pour nous: C’est ce qu’a exigé la justice de Dieu, et ce à quoi Il s’est soumis librement. On remarquera ici l’infinie grandeur du prix acquitté, qui montre carrément, que le pouvoir du péché est si grand, qu’il ne pouvait y avoir aucun moyen pour l’expier, excepté le don du Fils de Dieu. Celui qui considère convenablement ces choses comprend que le péché est la chose la plus horrible qui puisse être exprimée ; en effet, cela devrait nous faire réagir, et en même temps nous effrayer. Remarquez particulièrement ces mots, « pour nos péchés. » Par ces propos notre faible nature commence à réagir, et voudrait, en premier lieu, faire les choses par elle-même. Cela pourrait lui montrer que la maladie s’étend à un ensemble d’individus et qu’il n’y a pas besoin de médecin à titre particulier. Non seulement pour nous racheter de la colère de Dieu, et de la malédiction de la loi, mais aussi pour nous désentraver des mauvaises pratiques et habitudes auxquelles nous sommes asservis naturellement. Mais il est vain, pour ceux qui ne sont pas délivrés du présent mal de ce monde, par la sanctification de l’Esprit, d’espérer être libérés de cette condamnation par le sang de Jésus.
6 Je m'étonne que vous vous détourniez si vite de celui qui vous a appelés par la grâce de Christ pour passer à un autre évangile. 7 Ce n’est pas qu'il y ait un autre évangile, mais il y a des gens qui vous troublent et qui veulent déformer l'Evangile de Christ. 8 Mais si quelqu’un – même nous ou même un ange venu du ciel – vous annonçait un évangile différent de celui que nous vous avons prêché, qu'il soit maudit! 9 Nous l'avons déjà dit, et je le répète maintenant: si quelqu'un vous annonce un autre évangile que celui que vous avez reçu, qu'il soit maudit!
6-9 Ceux qui établiraient vers le ciel un autre chemin que celui révélé par l’Évangile de Christ, se méprendraient misérablement. L’apôtre souligne expressément aux Galates le sens de leur culpabilité dans l’abandon de la voie de l’Évangile de justification ; cependant, il les réprouve avec une certaine tendresse, et les représente comme attirés par les artifices de ceux qui les auraient détournés. Quand nous réprimons les autres, nous devons être fidèles, en tentant cependant de le faire avec un esprit de délicatesse. Certains voudraient placer en avant les œuvres de la loi dans le cadre de la droiture du Christ, et de ce fait corrompent la Chrétienté. L’apôtre dénonce solennellement, et maudit celui qui tente d’affirmer de telles insinuations fausses dans leur fondement. Tout autre Évangile que celui de la grâce de Christ, plus flatteur pour notre fierté et notre autosatisfaction, ou plus favorable aux convoitises du monde, est un appareil de Satan. Et tandis que nous déclarons que rejeter la morale de la loi en tant que règle de vie, tend à déshonorer Christ, et détruire la véritable religion, nous devons déclarer également, que toute dépendance par la justification des bonnes œuvres, réelles ou supposées, est pour ainsi dire fatale à celui qui persiste dans une telle voie. Tandis que nous sommes zélés pour les bonnes œuvres, soyons vigilants de ne pas les mettre à la place de la vertu de Christ, et de ne rien avancer qui pourrait entraîner les autres dans de si épouvantables désillusions.
10 Maintenant, est-ce la faveur des hommes que je recherche ou celle de Dieu? Est-ce que je cherche à plaire aux hommes? Si je plaisais encore aux hommes, je ne serais pas serviteur de Christ.
11 Je vous le déclare, frères et sœurs: l'Evangile que j'ai annoncé ne vient pas de l’homme. 12 En effet, je ne l'ai moi-même ni reçu ni appris d'un homme, mais par une révélation de Jésus-Christ. 13 Vous avez d’ailleurs entendu parler de mon comportement autrefois dans le judaïsme: je persécutais à outrance l'Eglise de Dieu, je cherchais à la détruire 14 et j'étais plus avancé dans le judaïsme que beaucoup de ceux de mon âge parmi mon peuple, car j'étais animé d'un zèle excessif pour les traditions de mes ancêtres.
10-14 En prêchant l’Évangile, l’apôtre a cherché à amener des personnes à l’obéissance, non envers les hommes, mais envers Dieu. Mais Paul n’a pas tenté de changer la doctrine de Christ, ni de gagner leur faveur, ou d’éviter leur fureur. Dans une si importante affaire, nous ne devons pas avoir peur des désapprobations des hommes, ni d’ailleurs chercher leur faveur, en utilisant des propos de sagesse. En ce qui concerne la manière dont il recevait l’Évangile, c’était par révélation céleste. Il n’était pas conduit au christianisme, comme beaucoup le sont, simplement par l’éducation.
15 Mais Dieu m'avait mis à part dès le ventre de ma mère et m'a appelé par sa grâce. 16 Lorsqu’il a trouvé bon de révéler son Fils en moi afin que je l'annonce parmi les non-Juifs, je n'ai consulté personne, 17 je ne suis même pas monté à Jérusalem vers ceux qui étaient apôtres avant moi, mais je suis aussitôt parti pour l'Arabie; puis je suis retourné à Damas.
18 Trois ans plus tard, je suis monté à Jérusalem pour faire la connaissance de Pierre, et je suis resté quinze jours chez lui. 19 Mais je n'ai vu aucun autre apôtre, si ce n’est Jacques, le frère du Seigneur. 20 En vous écrivant cela, je l’affirme devant Dieu, je ne mens pas.
21 Je suis allé ensuite dans les régions de la Syrie et de la Cilicie. 22 Or, mon visage était inconnu des Eglises de Judée qui sont en Christ. 23 Elles avaient seulement entendu dire: «Celui qui nous persécutait auparavant annonce maintenant la foi qu'il s'efforçait alors de détruire» 24 et elles rendaient gloire à Dieu à cause de moi.
15-24 Paul a été merveilleusement porté à la connaissance et à la foi en Christ. Tous ceux qui sont sauvés, convertis, sont appelés par la grâce de Dieu ; leur conversion est ainsi forgée par Son pouvoir et par le travail de la grâce en eux-mêmes. Il n’y aurait qu’un faible avantage de n’avoir Christ que révélé uniquement à nous-mêmes, en fait, il s’est révélé aussi en nous. Il s’est préparé à obéir instantanément, sans hésitation pour conserver quelque intérêt mondain, crédit, aisance ou vie par elle-même. Et quel beau sujet d’action de grâce et de joie dans les églises, quand elles entendent parler de tels exemples d’éloge et de gloire de sa grâce, même si elles ne l’ont pas encore réellement constaté ! Elles glorifient Dieu pour son pouvoir et sa pitié en sauvant de telles personnes, pour tout le service de son peuple et le travail qui est fait, et tout ce que l’on peut attendre de plus d’eux-mêmes.