Ecrit anonyme dont la rédaction est traditionnellement située avant la destruction de Jérusalem et de son temple (survenue en 70 apr. J.-C.), l’Epître aux Hébreux s’adressait probablement à des Juifs convertis au christianisme mais tentés de retourner au judaïsme. Point par point, l’auteur montre que Jésus-Christ et son œuvre sont supérieurs aux anges, à Moïse et à tout le système de sacrifices instauré par la loi de Moïse.
* Cette épître montre Christ comme étant la fin, la fondation, le corps, et la vérité des composants de la loi, qui n’avaient par eux-mêmes aucune vertu pour l’âme. La grande vérité exposée dans cette épître est que Jésus de Nazareth est le Dieu véritable. Les Juifs inconvertis utilisaient de nombreux arguments pour dissuader leurs frères convertis de la foi chrétienne. Ils ont représenté la loi de Moïse comme étant supérieure à la dispensation chrétienne, et ont critiqué toute chose liée avec le Sauveur. L’auteur de l’épître, donc, expose la supériorité de Jésus de Nazareth, comme étant le Fils de Dieu, et les bienfaits de ses souffrances et sa mort comme sacrifice pour le péché, et qu’ainsi la religion chrétienne est bien plus excellente et parfaite que celle de Moïse. Et le but principal semble être d’amener les Hébreux convertis à avancer dans la connaissance de l’Évangile, de les établir ainsi dans la foi chrétienne, et d’éviter qu’ils s’en éloignent, ce contre quoi ils sont sérieusement mis en garde. Mais alors que cette épître contient beaucoup de choses convenant aux Hébreux de jadis, elle contient aussi de nombreux éléments qui ne peuvent qu’intéresser en permanence l’église de Dieu ; car la connaissance de Jésus-Christ est la moelle et le noyau de toutes les Écritures. La loi cérémonielle est remplie de Christ, et tout l’Évangile est rempli de Christ ; les lignes bénies des deux Testaments se rencontrent en Lui ; et comment les deux s’accordent et s’unissent étroitement en Jésus-Christ, est le principal objet de l’épître aux Hébreux, qui le fait découvrir.
* La dignité incomparable du Fils de Dieu dans sa personne divine, et dans son œuvre créatrice et de médiateur (1-3). Et dans sa supériorité sur tous les saints anges (4-14).
1 Après avoir autrefois, à de nombreuses reprises et de bien des manières, parlé à nos ancêtres par les prophètes, 2 Dieu, dans ces jours qui sont les derniers, nous a parlé par le Fils. Il l’a établi héritier de toute chose et c'est par lui aussi qu'il a créé l'univers. 3 Le Fils est le reflet de sa gloire et l'expression de sa personne, il soutient tout par sa parole puissante. Après avoir accompli [au travers de lui-même] la purification de nos péchés, il s'est assis à la droite de la majesté divine dans les lieux très hauts.
1-3 Dieu a parlé à son peuple à divers moments, à travers des générations consécutives, et de diverses manières, comme il le pensait propice ; quelquefois par des directions personnelles, quelquefois par des songes, quelquefois par des visions, quelquefois par des influences divines sur les esprits des prophètes. La révélation de l’Évangile est excellente et supérieure à toutes les autres révélations ; parce que c’est une révélation que Dieu a faite par son Fils. En entrevoyant le pouvoir, la sagesse, et la bonté du Seigneur Jésus-Christ, nous apercevons le pouvoir, la sagesse, et la bonté du Père, Jean 14:7 ; la plénitude de la Divinité demeure, non pas typiquement, ou dans une figure, mais vraiment, en lui. Quand, lors de la chute de l’homme, le monde se brisait en morceaux sous le courroux et la malédiction de Dieu, le Fils de Dieu entreprenait le travail de rédemption, soutenu en cela par son pouvoir tout-puissant et sa bonté. De la gloire de la personne et du rôle de Christ, nous continuons vers la gloire de sa grâce. La gloire de Sa personne et sa nature ont donné à ses souffrances un tel mérite que ce fut une satisfaction entière pour l’honneur de Dieu, qui a souffert une blessure infinie et un affront immense par les péchés des hommes. Nous ne pourrons jamais être assez reconnaissants que Dieu nous ait parlé de si nombreuses façons, et avec une clarté si croissante, à nous pauvres pécheurs, en ce qui concerne le salut. Qu’il puisse par lui-même nous purifier de nos péchés est un émerveillement d’amour dépassant nos pouvoirs les plus grands d’admiration, de gratitude, et de louange.
4 Il est ainsi devenu d'autant supérieur aux anges qu'il a hérité d'un nom bien plus remarquable encore que le leur. 5 En effet, auquel des anges Dieu a-t-il déjà dit: Tu es mon Fils, je t'ai engendré aujourd'hui ? Et encore: Je serai pour lui un père et il sera pour moi un fils ? 6 Par contre, lorsqu'il introduit le premier-né dans le monde, il dit: Que tous les anges de Dieu se prosternent devant lui!
7 De plus, au sujet des anges, il dit: Il fait de ses anges des esprits, et de ses serviteurs une flamme de feu. 8 Mais il dit au Fils: Ton trône, ô Dieu, est éternel. Le sceptre de ton règne est un sceptre de justice. 9 Tu as aimé la justice et tu as détesté la méchanceté; c'est pourquoi, ô Dieu, ton Dieu t'a désigné par onction comme roi, de préférence à tes compagnons, avec une huile de joie. 10 Et: C'est toi, Seigneur, qui au commencement as fondé la terre, et le ciel est l'œuvre de tes mains. 11 Eux, ils disparaîtront, tandis que toi, tu restes là. Ils vieilliront tous comme un vêtement. 12 Tu les enrouleras comme un manteau, ils seront remplacés [comme un vêtement]. Mais toi, tu es toujours le même et ton existence n’aura pas de fin.
13 Enfin, auquel des anges a-t-il déjà dit: Assieds-toi à ma droite jusqu'à ce que j'aie fait de tes ennemis ton marchepied ? 14 Les anges ne sont-ils pas tous des esprits au service de Dieu, envoyés pour apporter de l’aide à ceux qui vont hériter du salut?
4-14 De nombreux Juifs avaient un respect superstitieux ou idolâtre pour les anges, parce qu’ils avaient reçu la loi et d’autres instructions de la volonté divine par leur ministère. Ils les considéraient comme des médiateurs entre Dieu et les hommes, et certains allaient jusqu’à leur offrir une sorte d’hommage ou d’adoration religieuse. Ainsi, il était essentiel que l’auteur de l’épître insiste, non seulement sur l’existence de Christ comme étant le Créateur de toutes choses, et donc des anges eux-mêmes, mais comme étant le Messie ressuscité, de qui les anges, les autorités, et les pouvoirs sont sujets. Pour prouver cela, plusieurs passages sont extraits de l’Ancien Testament. Dans la comparaison sur ce que Dieu dit là des anges avec ce qu’il dit à Christ, l’infériorité des anges par rapport à Christ apparaît pleinement. On trouve ici la fonction des anges ; ils sont des ministres de Dieu ou ses serviteurs, pour son plaisir. Mais combien sont plus grandes les choses dites de Christ par le Père ! Nous devons le considérer et l’honorer comme Dieu ; car s’il n’avait pas été Dieu, il n’aurait jamais accompli son œuvre de Médiateur, et n’en aurait jamais porté la couronne. Il est exposé comment Christ a été qualifié pour la fonction de Médiateur, et comment il fut confirmé dans cette fonction: il a été oint comme Messie. C’est comme Homme qu’il a des compagnons, des frères, et qu’il fut oint du Saint-Esprit ; mais il est au-dessus de tous les prophètes, les sacrificateurs, et les rois, qui furent de tout temps au service de Dieu sur la terre. Un autre passage de l’Écriture, Psaumes 102:25-27, est rappelé, dans lequel le pouvoir tout-puissant du Seigneur
Jésus-Christ est déclaré, à la fois dans la création du monde et aussi dans ses changements. Christ roulera ce monde comme un manteau, pour ne pas être abusé plus longtemps, pour ne pas être utilisé comme il l’a été. De la même manière qu’un souverain qui retire les habits de sa fonction reste un souverain, lorsque notre Seigneur aura mis de côté la terre et les cieux, comme un vêtement, il sera encore le même. Ne fixons pas nos cœurs sur les choses qui ne sont pas ce que nous pensons être, et qui ne demeureront pas ce qu’elles sont actuellement. Le péché a opéré un grand changement dans le monde pour le pire, et Christ fera un grand changement dans le monde pour le meilleur. Pensons à cela d’une manière vigilante, appliquée, et soyons désireux de ce meilleur monde. Le Sauveur a fait beaucoup pour que tous les hommes soient ses amis, et cependant il a des ennemis. Mais ils seront son marchepied, par une humble soumission, ou par la destruction complète. Christ continuera à marcher en conquérant, et à conquérir. Les anges les plus élevés sont seulement des esprits accomplissant leur ministère, ils ne sont que des serviteurs de Christ, exécutant ses ordres. Les saints, à présent, sont des héritiers, qui n’ont pas encore pris possession de leur héritage. Les anges les servent en opposition à la malice et au pouvoir des mauvais esprits, en les protégeant et gardant leurs corps, en les instruisant et réconfortant leurs âmes, guidés par Christ et le Saint-Esprit. Les anges rassembleront tous les saints au dernier jour, alors que tous ceux dont les cœurs et les espoirs auront reposé sur des trésors qui périssent et sur de vaines gloires seront conduits hors de la présence de Christ dans la misère éternelle.