Livres de la Bible



Jacques 1

Introduction

L’Epître de Jacques est généralement attribuée à un demi-frère de Jésus, que les Actes présentent comme l’un des responsables de l’Eglise à Jérusalem et dont la mort est située en 62 apr. J.-C. Plusieurs évoquent une rédaction au début des années 40 apr. J.-C. Apparemment adressée à des Juifs convertis au christianisme, la lettre souligne qu’une foi véritable doit se traduire dans des actes.

Introduction de Matthew Henry

* Cette épître de Jacques est l’un des écrits les plus instructifs du Nouveau Testament. Étant principalement dirigée contre les erreurs particulières rencontrées parmi les chrétiens juifs de cette époque, elle ne contient pas les mêmes formulations doctrinales que les autres épîtres, mais présente un résumé admirable des devoirs pratiques de tous les croyants. Les vérités principales du Christianisme y sont exposées ; et si on les considère avec attention, elles sont en accord total avec les formulations de saint Paul à propos de la grâce et de la justification, tandis qu’elles abondent de sérieuses exhortations à la patience, l’espérance, l’obéissance de la foi et l’amour, entrecoupées d’avertissements, de reproches, et d’encouragements, selon les caractères des destinataires. Les vérités qui y sont exposées sont très sérieuses, et doivent nécessairement être maintenues ; et les règles de ce qui doit être pratiqué doivent être observées en tout temps. En Christ il n’y a pas de branches mortes et sans sève, la foi n’est pas une grâce oisive ; où que ce soit, des fruits doivent être apportés dans les œuvres. * Comment s’attacher à Dieu dans l’adversité, et comment bien se tenir dans la prospérité ou les circonstances défavorables (1-11). Regarder à tout mal comme procédant de nous-mêmes, et de tout bien comme provenant de Dieu (12-18). Le devoir de veiller contre un tempérament irréfléchi, et de recevoir la parole de Dieu avec humilité et soumission (19-21). Et de vivre en conformité à cela (22-25). La différence entre les vains faux-semblants et la vraie religion (26,27).


Adresse et salutation

1 De la part de Jacques, serviteur de Dieu et du Seigneur Jésus-Christ, aux douze tribus dispersées: salut!

La mise à l’épreuve de la foi

2 Mes frères et sœurs, considérez comme un sujet de joie complète les diverses épreuves auxquelles vous pouvez être exposés, 3 sachant que la mise à l'épreuve de votre foi produit la persévérance. 4 Mais il faut que la persévérance accomplisse parfaitement sa tâche afin que vous soyez parfaitement qualifiés, sans défaut, et qu'il ne vous manque rien.

5 Si l'un de vous manque de sagesse, qu'il la demande à Dieu, qui donne à tous simplement et sans faire de reproche, et elle lui sera donnée. 6 Mais qu'il la demande avec foi, sans douter, car celui qui doute ressemble aux vagues de la mer que le vent soulève et agite de tous côtés. 7 Qu'un tel homme ne s'imagine pas qu'il recevra quelque chose du Seigneur: 8 c'est un homme partagé, instable dans toute sa conduite.

9 Que le frère de condition humble tire fierté de son élévation. 10 Que le riche, au contraire, se montre fier de son abaissement, car il disparaîtra comme la fleur de l'herbe. 11 Le soleil se lève avec son ardente chaleur, il dessèche l'herbe, sa fleur tombe et toute sa beauté s’évanouit. De même, le riche se flétrira dans ses entreprises.

1-11 Le christianisme enseigne aux hommes à être joyeux dans l’adversité ; de tels exercices proviennent de l’amour de Dieu ; et les épreuves dans le chemin du devoir feront briller nos grâces actuelles, puis notre couronne à la fin. Prenons soin, dans les temps d’épreuve, que ce soit la patience, et non pas la passion, qui œuvre en nous: quoi qu’il soit dit ou fait, que ce soit la patience qui le dise ou le fasse. Quand l’œuvre de la patience sera complète, elle fournira tout ce qui est nécessaire pour notre course chrétienne et notre combat. Nous ne devons pas tant prier pour que disparaisse la détresse, que pour avoir la sagesse d’en faire un bon usage. Et qui n’a pas besoin de sagesse pour le guider dans les épreuves, à la fois pour apaiser son propre esprit et pour le diriger dans ses affaires ? Il y a là quelque chose en réponse à tout découragement de l’esprit, quand nous allons à Dieu avec le sens de notre propre faiblesse et de notre folie. Si quelqu’un se disait: « C’est peut-être le cas pour d’autres, mais j’ai peur que cela ne soit pas pour moi », qu’il sache que la promesse est: « À tous ceux qui demandent, il sera donné ». Un esprit qui a un regard simple et clairvoyant sur son intérêt spirituel et éternel, et qui se tient ferme dans ses desseins pour Dieu, grandira en sagesse par les détresses, continuera avec ferveur dans sa dévotion, et s’élèvera au-dessus des épreuves et des oppositions. Quand notre foi et notre humeur augmentent ou faiblissent selon diverses causes, il y aura un manque de stabilité dans nos paroles et nos actions. Ceci n’expose pas nécessairement les hommes au mépris dans le monde, mais de telles voies ne peuvent pas plaire à Dieu. Une telle condition de vie n’a pas son pareil pour entraver la réjouissance en Dieu. Ceux qui sont de condition modeste peuvent se réjouir, s’ils sont riches dans la foi, certains d’être héritiers du royaume de Dieu ; et le riche peut se réjouir dans les conditions humiliantes, celles qui conduisent à un esprit humilié. La richesse du monde est une chose qui flétrit. Alors, que celui qui est riche se réjouisse dans la grâce de Dieu, qui le rend et le garde humble ; et dans les épreuves et exercices qui lui apprennent à chercher le bonheur en Dieu, et par Dieu, non pas dans les plaisirs éphémères.

Appel à vivre la parole de vérité

12 Heureux l'homme qui tient bon face à la tentation car, après avoir fait ses preuves, il recevra la couronne de la vie que le Seigneur a promise à ceux qui l'aiment.

13 Que personne, lorsqu'il est tenté, ne dise: «C'est Dieu qui me tente», car Dieu ne peut pas être tenté par le mal et il ne tente lui-même personne. 14 Mais chacun est tenté quand il est attiré et entraîné par ses propres désirs. 15 Puis le désir, lorsqu'il est encouragé, donne naissance au péché et le péché, parvenu à son plein développement, a pour fruit la mort.

16 Ne vous y trompez pas, mes frères et sœurs bien-aimés: 17 tout bienfait et tout don parfait viennent d'en haut; ils descendent du Père des lumières , en qui il n'y a ni changement ni l’ombre d’une variation. 18 Conformément à sa volonté, il nous a donné la vie par la parole de vérité afin que nous soyons en quelque sorte les premières de ses créatures.

12-18 Ce n’est pas tout homme qui souffre qui est béni ; mais c’est celui qui va avec patience et constance à travers toutes les difficultés dans le chemin du devoir. Les afflictions ne peuvent pas nous rendre misérables, si elles ne sont pas le fait de notre propre faute. Le chrétien éprouvé sera un chrétien couronné. La couronne de vie est promise à tous ceux qui ont l’amour de Dieu qui règne dans leurs cœurs. Chaque âme qui aime vraiment Dieu verra ses épreuves de ce monde récompensées dans le monde meilleur qui est aux cieux, là où l’amour est rendu parfait. Les commandements de Dieu, et ce que nous donne sa providence éprouvent les cœurs des hommes, et montrent les dispositions qui prédominent en eux. Mais rien de ce qui est coupable dans le cœur ou dans la conduite ne peut être attribué à Dieu. Il n’est pas l’auteur des scories, bien que son épreuve par le feu les fasse apparaître. Ceux qui posent le blâme du péché, soit sur leur constitution, soit sur leur condition dans le monde, ou qui prétendent qu’ils ne peuvent pas se garder du péché, offensent Dieu comme s’il était l’auteur du péché. Les afflictions, lorsqu’elles sont envoyées par Dieu, sont conçues pour faire ressortir nos grâces, mais pas nos corruptions. L’origine du mal et la tentation sont dans nos propres cœurs. D’arrêter les commencements du péché, ou tous les maux qui en découlent reposent entièrement sur nous. Dieu n’a aucun plaisir dans la mort des hommes, comme il n’a aucune part dans leur péché ; mais le péché et la misère sont le fait des hommes. Le soleil est toujours le même dans sa nature et ses influences, et pourtant les nuages qui se mettent entre lui et la terre nous donnent l’impression qu’il varie. Il en est de même pour Dieu, qui ne varie pas, et nos changements ou nos ombres ne sont pas le fait du moindre changement ou d’altération en Lui. Ce que le soleil est dans la nature, Dieu l’est dans la grâce, la providence, et la gloire ; et infiniment plus. Comme tout ce qui est bon provient de Dieu, c’est particulièrement le cas de notre nouvelle naissance, et toutes ses saintes et heureuses conséquences viennent de lui. Un vrai chrétien devient une personne aussi différente de ce qu’elle était avant les influences du renouvellement par la grâce Divine que si elle avait été une fois encore reconstruite. Nous devons consacrer toutes nos facultés au service de Dieu, afin que nous puissions être une sorte de prémices de ses créatures.

19 Ainsi donc, mes frères et sœurs bien-aimés, que chacun soit prompt à écouter, lent à parler, lent à se mettre en colère, 20 car la colère de l'homme n'accomplit pas la justice de Dieu. 21 C'est pourquoi, rejetez toute souillure et tout débordement dû à la méchanceté, et accueillez avec douceur la parole qui a été plantée en vous et qui peut sauver votre âme.

19-21 Au lieu de blâmer Dieu sous nos épreuves, ouvrons nos oreilles et nos cœurs pour apprendre ce que ces épreuves nous enseignent. Et si les hommes voulaient gouverner leurs langues, ils pourraient gouverner leurs passions. La pire chose que nous puissions apporter dans tout différend est la colère. Il y a ici une exhortation à écarter, et à rejeter comme un vêtement sale, toutes pratiques coupables. Ceci doit atteindre les péchés de la pensée et de l’affection, aussi bien que de parole et de pratique ; et s’applique à toute chose corrompue et coupable. Nous devons nous soumettre à la parole de Dieu, avec humilité et avec un esprit malléable. Étant disposés à entendre parler de nos fautes, et en faisant cela non seulement patiemment, mais avec reconnaissance. C’est le dessein de la parole de Dieu que de nous rendre sages à salut ; et ceux qui proposent certains moyens ou faux raisonnements au sujet de cette parole déshonorent l’Évangile, et déçoivent leurs propres âmes.

22 Mettez en pratique la parole et ne vous contentez pas de l'écouter en vous trompant vous-mêmes par de faux raisonnements. 23 En effet, si quelqu'un écoute la parole et ne la met pas en pratique, il ressemble à un homme qui regarde son visage dans un miroir 24 et qui, après s'être observé, s'en va et oublie aussitôt comment il était. 25 Mais celui qui a plongé les regards dans la loi parfaite, la loi de la liberté, et qui a persévéré, celui qui n'a pas oublié ce qu'il a entendu mais qui se met au travail, celui-là sera heureux dans son activité.

22-25 Même si nous entendions un sermon chaque jour de la semaine, et qu’un ange du ciel était le prédicateur, si nous nous reposions dans cette seule audition cela ne nous amènerait jamais au ciel. Les simples auditeurs se trompent eux-mêmes ; et celui qui se trompe découvrira à la fin la pire des supercheries. Si nous nous flattons, c’est notre propre faute ; la vérité, telle qu’elle est en Jésus, ne flatte pas l’homme. Que la parole de vérité soit étudiée avec soin, et elle mettra devant nous la corruption de notre nature, les désordres de nos cœurs et de nos vies ; et elle nous dira pleinement ce que nous sommes. Nos péchés sont les taches que la loi découvre: le sang de Christ est le produit de purification qu’expose l’Évangile. Mais c’est en vain que nous entendrons la parole de Dieu, et que nous examinerons le miroir de l’Évangile, si nous partons en oubliant nos taches, au lieu de les laver ; et si nous oublions notre remède, au lieu de l’appliquer. C’est là le cas de ceux qui n’entendent pas la parole comme ils le devraient. En entendant la parole, nous l’examinons pour obtenir conseil et directive, et quand nous l’étudions, nous alimentons notre vie spirituelle. Ceux qui se gardent dans la loi et la parole de Dieu sont, et seront bénis dans toutes leurs voies. Leur récompense plus tard suivra la paix et la consolation dans le présent. Chaque partie de la révélation divine a son usage, pour amener le pécheur à Christ pour le salut, et pour le diriger et l’encourager à marcher dans la liberté, par l’Esprit d’adoption, d’après les saints commandements de Dieu. Et remarquons la distinction, ce n’est pas pour ses actions que tout homme est béni, mais dans son action. Ce n’est pas en parlant, mais en marchant que nous irons vers le ciel. Christ deviendra plus précieux pour l’âme du croyant, qui deviendra par sa grâce plus apte à l’héritage des saints dans la lumière.

26 Si quelqu'un [parmi vous] croit être religieux alors qu’il ne tient pas sa langue en bride mais trompe son propre cœur, sa religion est sans valeur. 27 La religion pure et sans tache devant Dieu notre Père consiste à s'occuper des orphelins et des veuves dans leur détresse et à ne pas se laisser souiller par le monde.

26,27 Quand des hommes prennent de la peine pour paraître plus religieux qu’ils ne le sont vraiment, c’est un signe que leur religion est vaine. La non-maîtrise de la langue, l’empressement à parler des fautes des autres, ou à amoindrir leur sagesse et leur piété sont les signes d’une religion vaine. L’homme qui a une langue qui calomnie ne peut pas avoir un cœur vraiment humble et tendre. Les faux religieux peuvent être reconnus par leur impudicité et leur manque de charité. La vraie religion nous enseigne à faire chaque chose comme si nous étions dans la présence de Dieu. Une vie sans tache doit aller de pair avec un amour et une charité sincères. Notre vraie religion est égale à la mesure dans laquelle ces choses ont place dans nos cœurs et notre conduite. Et souvenons-nous qu’en Jésus-Christ seul est utile la foi qui œuvre par amour, qui purifie le cœur, qui subjugue les convoitises charnelles, et obéit aux commandements de Dieu.


Texte biblique de la Bible Version Segond 21
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Commentaires de Matthew Henry
Traduction française par Dominique Osché.
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