Se présentant comme écrite par Jude le frère de Jacques, l’Epître de Jude est de ce fait attribuée au demi-frère de Jésus porteur de ce nom dont parle Matthieu (13.55). Elle paraît avoir été rédigée après 2 Pierre, dans un contexte similaire de propagation d’enseignements erronés, ce qui permet de situer sa rédaction entre 64/66 et 80 apr. J.-C.
* Cette épître est adressée à tous les croyants dans l’Évangile. Son dessein semble être de garder les croyants contre les faux docteurs qui avaient commencé à s’introduire dans l’église chrétienne, et à répandre de dangereux principes, en entreprenant de rabaisser tout le Christianisme en une simple croyance nominale et une profession extérieure de l’Évangile. Ayant ainsi nié les obligations de sainteté personnelle, ils ont enseigné leurs disciples à vivre de manières coupables, en les flattant en même temps avec l’espoir de la vie éternelle. Le caractère vil de ces séducteurs est démontré, et leur démarche est dénoncée, et l’épître conclut par des avertissements, des exhortations et des conseils aux croyants.
* L’apôtre exhorte à la fermeté dans la foi (1-4). Le danger d’être infectés par de faux docteurs, et la punition épouvantable qui leur sera infligée ainsi qu’à leurs partisans. (5-7) Une description affreuse de ces séducteurs et leur fin déplorable (8-16). Les croyants sont mis en garde contre la surprise que de tels trompeurs se lèvent parmi eux (17-23). Les conclusions de l’épître avec une doxologie encourageante, ou des paroles de louange (24,25).
1 De la part de Jude, serviteur de Jésus-Christ et frère de Jacques, à ceux qui ont été appelés, qui sont saints en Dieu le Père et gardés pour Jésus-Christ: 2 que la compassion, la paix et l'amour vous soient multipliés!
3 Bien-aimés, alors que j’avais le vif désir de vous écrire au sujet du salut qui nous est commun, j’ai été contraint de vous envoyer cette lettre afin de vous encourager à combattre pour la foi transmise aux saints une fois pour toutes. 4 Il s'est en effet glissé parmi vous certains hommes dont la condamnation est écrite depuis longtemps. Ces impies transforment la grâce de notre Dieu en débauche et renient Dieu, le seul maître, et notre Seigneur Jésus-Christ.
1-4 Les chrétiens sont appelés hors du monde, de l’esprit mauvais et de son tempérament ; ils sont appelés au-dessus du monde, pour des choses plus hautes et meilleures, au ciel, pour des choses invisibles et éternelles ; appelés depuis le péché à aller vers Christ, de la vanité au sérieux, de l’impureté à la sainteté ; et ceci, d’après le but divin et la grâce. Si le chrétien est sanctifié et glorifié, tout l’honneur et la gloire doivent en être attribués à Dieu, et à lui seul. Comme c’est Dieu qui commence l’œuvre de grâce dans les âmes des hommes, c’est lui également qui les soutient, et les perfectionne. Ne faisons pas confiance en nous-mêmes, ni dans notre réserve de grâce déjà reçue, mais en lui, et en lui seul. La miséricorde de Dieu est la source et la fontaine de tout le bien que nous avons ou que nous espérons avoir ; la miséricorde, non seulement pour le misérable, mais pour le coupable. Proche de la miséricorde se trouve la paix, que nous avons par notre sens d’avoir obtenu la miséricorde. De la paix coule l’amour ; L’amour de Christ pour nous, notre amour pour lui, et notre amour fraternel l’un pour l’autre. L’apôtre prie, non que les chrétiens puissent se contenter de peu ; mais que leurs âmes et leurs assemblées soient remplies de ces choses. Nul n’est exclu des offres et invitations de l’Évangile, si ce n’est ceux qui s’en écartent obstinément et méchamment eux-mêmes. Mais son application est pour tous les croyants, et seulement pour eux. L’Évangile est pour le faible aussi bien que pour le fort. Ceux qui ont reçu la doctrine de ce salut commun doivent combattre pour elle, sérieusement, mais pas avec furie. Il est mauvais de mentir pour la vérité ; mais il n’est pas meilleur de rugir pour elle. Ceux qui ont reçu la vérité doivent combattre pour elle, comme le faisaient les apôtres ; en souffrant avec patience et courage pour elle, pas en faisant souffrir d’autres s’ils ne veulent pas admettre toute notion que nous appelons foi, ou importante. Nous devons combattre sérieusement pour la foi, contre ceux qui voudraient la corrompre ou la dépraver ; qui s’insinuent à notre insu ; qui glissent comme des serpents. Et ceux qui sont les pires des impies, qui prennent un encouragement à pécher pleinement, parce que la grâce de Dieu a abondé, et abonde encore si merveilleusement, et qui sont endurcis par l’ampleur et la plénitude de la grâce de l’Évangile, dont le but est de délivrer les hommes du péché, et de les amener à Dieu.
5 Je veux vous rappeler – à vous qui le savez bien – que le Seigneur, après avoir sauvé le peuple en le faisant sortir d'Egypte, a fait ensuite mourir ceux qui s’étaient montrés incrédules. 6 Quant aux anges qui n'ont pas conservé leur rang mais ont abandonné leur demeure propre, il les a enchaînés éternellement dans les ténèbres pour le jugement du grand jour. 7 De même, Sodome et Gomorrhe et les villes voisines, qui se sont livrées comme eux à l’immoralité sexuelle et à des relations contre nature, sont données en exemple et subissent la peine d'un feu éternel.
5-7 Les privilèges extérieurs, la confession de foi, et une apparente conversion, ne peuvent pas protéger de la vengeance de Dieu ceux qui ont tourné le dos, dans l’incrédulité et la désobéissance. La destruction des Israélites incrédules dans le désert nous montre que nul ne doit présumer de ses privilèges. Ils avaient des miracles comme pain quotidien ; et cependant, ils ont péri dans l’incrédulité. Un grand nombre d’anges n’ont pas été satisfaits de ce que Dieu leur a distribué ; la fierté fut la cause principale et directe, ou l’occasion de leur chute. Les anges déchus sont gardés pour le jugement du grand jour ; et les hommes qui ont chuté y échapperaient ? Sûrement pas. Considérez cela au moment voulu. La destruction de Sodome est un avertissement puissant pour tous, pour prendre garde, et fuir les convoitises charnelles qui font la guerre contre l’âme, 1Pierre 2:11. Dieu est le même Être saint, juste, pur, et ce, éternellement. Soyons donc dans la crainte, et ne péchons pas, Psaumes 4:4 Ne nous reposons en aucune chose qui ne rend pas l’âme sujette à l’obéissance de Christ ; car rien sauf le renouvellement de nos âmes à l’image divine par le Saint-Esprit ne peut nous garder d’être détruits parmi les ennemis de Dieu. Considérez cet exemple des anges, et voyez que nulle dignité ou valeur de la créature n’est un avantage. Combien alors devrait trembler l’homme qui boit l’iniquité comme de l’eau ! Job 15:16.
8 Malgré cela, ces hommes adoptent une attitude semblable: entraînés par leurs rêveries, ils souillent leur corps, rejettent toute autorité et insultent les êtres glorieux. 9 Or, lorsqu'il discutait avec le diable et lui disputait le corps de Moïse, l'archange Michel n'a pas osé porter de jugement insultant contre lui mais a dit: «Que le Seigneur te punisse!» 10 Eux, par contre, parlent d’une manière insultante de ce qu'ils ne connaissent pas et se détruisent par tout ce qu'ils savent d’instinct, comme des bêtes sans raison. 11 Malheur à eux, car ils ont suivi la voie de Caïn, ils se sont jetés pour un salaire dans l'égarement de Balaam, ils se sont perdus en se révoltant comme Koré.
12 Ce sont des écueils dans vos agapes, où ils festoient sans scrupule et ne prennent soin que d’eux-mêmes. Ce sont des nuages sans eau emportés par les vents, des arbres d'automne sans fruits, deux fois morts, déracinés, 13 des vagues furieuses de la mer qui rejettent l'écume de leurs impuretés, des astres errants auxquels l'obscurité des ténèbres est réservée pour l'éternité.
14 C'est aussi pour eux qu'Hénoc, le septième depuis Adam, a prophétisé en ces termes: «Voici que le Seigneur est venu avec ses saintes troupes 15 pour exercer un jugement contre tous et pour faire rendre compte à tous les impies [qui sont parmi eux] de tous les actes d'impiété qu'ils ont commis et de toutes les paroles dures qu’en pécheurs impies ils ont proférées contre lui.»
16 Toujours mécontents, ces hommes se plaignent sans cesse de leur sort et marchent suivant leurs désirs; ils tiennent de grands discours et flattent les gens par intérêt.
8-16 les faux docteurs sont des rêveurs ; ils souillent et blessent grandement et douloureusement l’âme. Ces hommes sont d’un esprit dérangé et d’un caractère séditieux ; oubliant que les pouvoirs établis sont décrétés par Dieu, Romains 13:1. Lors de la contestation au sujet du corps de Moïse, il apparaît que Satan a souhaité faire connaître le lieu de la sépulture aux Israélites, dans le but de les tenter à l’adorer, mais il en a été empêché, et a déchargé sa rage dans un blasphème désespéré. Ceci doit rappeler à tous ceux qui ont un différend de ne jamais y ajouter de railleries. Ceci nous enseigne aussi que nous devons défendre ceux qui appartiennent à Dieu. Il est difficile, sinon impossible, de trouver des ennemis de la religion chrétienne, qui ne vivaient pas, et ne vivent pas, dans une contradiction ouverte ou secrète aux principes de la religion naturelle. Ces gens sont comparés ici à des brutes, bien que souvent ils se glorifient eux-mêmes comme étant les plus sages de l’humanité. Ils se corrompent eux-mêmes dans les choses les plus ouvertes et les plus évidentes. La faute repose non pas dans leur compréhension, mais dans leurs volontés dépravées, et leurs appétits et affections désordonnées. C’est un grand reproche, bien qu’injuste à la religion, lorsque ceux qui la professent y sont opposés par le cœur et dans la vie. Le Seigneur remédiera à cela en son temps et à sa manière ; pas à la manière aveugle des hommes qui récoltent le blé avec les ivraies. Il est triste de voir les hommes qui commencent dans l’Esprit, et qui finissent dans la chair. Ils sont deux fois morts ; ils sont jadis morts dans leur état naturel, leur état d’homme qui a chuté ; mais maintenant ils sont morts de nouveau par les preuves évidentes de leur hypocrisie. Des arbres morts, pourquoi encombreraient-ils la terre ? Qu’ils soient jetés au feu ! Les vagues furieuses sont une terreur pour les passagers d’un bateau ; mais quand ils accostent dans le port, le bruit et la terreur sont terminés. Les faux docteurs doivent s’attendre aux pires punitions dans ce monde et dans celui à venir. Ils brillent comme des météores, ou des étoiles filantes, puis plongent pour toujours dans la noirceur des ténèbres. Nous n’avons pas de mention de la prophétie de Hénoc dans aucun autre passage de l’Écriture ; cependant, un simple texte de l’Écriture doit être considéré comme véridique. Nous trouvons ici que Christ venant pour juger a été prophétisé à une époque aussi ancienne que le déluge. Le Seigneur vient: quel moment glorieux que ce temps ! Notons comme est souvent répété le mot « impie ». De nombreuses personnes ne se réfèrent pas du tout aux termes « pieux », ou « impie », si ce n’est pour se moquer des mots eux-mêmes ; mais il n’en est pas ainsi dans le langage qui nous est enseigné par le Saint-Esprit. Des paroles dures de l’un ou de l’autre, spécialement si elles sont mal fondées, seront certainement prises en compte au jour du jugement. Ces hommes mauvais et les séducteurs sont fâchés contre toute chose qui arrive, et ne sont jamais contents de leur propre état et de leur condition. Leur volonté et leur envie sont leur seule règle et leur loi. Ceux qui satisfont leurs appétits coupables sont les plus prompts à céder aux passions ingouvernables. Les hommes de Dieu, depuis le commencement du monde, ont déclaré la ruine qui attend ces personnes. Ces gens, évitons-les. Nous devons suivre des hommes seulement lorsqu’ils suivent Christ.
17 Quant à vous, bien-aimés, souvenez-vous de ce que les apôtres de notre Seigneur Jésus-Christ ont annoncé. 18 Ils vous disaient: «*A la fin des temps il y aura des moqueurs qui vivront en suivant leurs désirs impies.» 19 Ce sont ceux qui provoquent des divisions, sont dominés par leur nature propre et n'ont pas l'Esprit.
20 Quant à vous, bien-aimés, édifiez-vous vous-mêmes sur votre très sainte foi et priez par le Saint-Esprit. 21 Maintenez-vous dans l'amour de Dieu en attendant le jour où la compassion de notre Seigneur Jésus-Christ sera manifestée pour la vie éternelle. 22 Ayez compassion des uns en faisant preuve de discernement. 23 Quant aux autres, sauvez-les avec crainte en les arrachant au feu, en détestant jusqu’au vêtement souillé par leur contact.
17-23 Les hommes sensuels séparent de Christ, et de son église, et se joignent eux-mêmes au diable, au monde, et à la chair, par des pratiques impies et coupables. C’est infiniment pire au fait de se séparer d’une branche de l’église visible à cause d’opinions, ou modes et circonstances extérieures ou d’adoration. Les hommes sensuels n’ont pas l’esprit de sainteté, que personne ne possède s’il n’appartient pas à Christ. La grâce de la foi est très sainte, et comme elle travaille par amour, purifie le cœur, et qu’elle est vainqueur du monde, elle se distingue d’une foi fausse et morte. Nos prières seront vraisemblablement exaucées si nous prions dans le Saint-Esprit, sous son conseil et son influence, d’après la règle de sa parole, avec foi, ardeur, et sérieux ; c’est cela prier par le Saint-Esprit. Et une attente assurée de la vie éternelle nous armera contre les pièges du péché: une foi vivante dans cette espérance bénie nous aidera à mortifier nos convoitises. Nous devons veiller les uns sur les autres ; fidèlement, mais cependant prudemment, en blâmant l’un ou l’autre, et en donnant de nous un bon exemple à tous. Ceci doit être fait avec compassion, en faisant une différence entre le faible et l’obstiné. Certains, nous devons les traiter avec tendresse. D’autres les sauver avec crainte ; tout cela selon le vif désir du Seigneur. Tous efforts doivent être joints à une nette horreur pour leurs crimes, et toute précaution doit être prise pour éviter tout ce qui peut y conduire, ou qui serait lié à toute liaison avec eux, dans des œuvres de ténèbres, en se gardant éloigné de ce qui est, ou qui semble être mauvais.
24 A celui qui peut vous garder de toute chute et vous faire paraître devant sa gloire irréprochables et dans l'allégresse, 25 oui, à Dieu seul [sage], qui nous a sauvés [par Jésus-Christ notre Seigneur], appartiennent gloire, majesté, force et puissance [avant tous les temps,] maintenant et pour l'éternité! Amen!
24,25 Dieu est capable, et également disposé, de nous garder de tomber, et de nous présenter sans défaut devant Sa Gloire : non pas, comme des personnes n’ayant jamais commis de faute, mais qui, sans la Miséricorde divine, les souffrances et les mérites d’un Sauveur, auraient pu être en toute justice, condamnées depuis longtemps.
Tous les croyants sincères ont été « donnés » à Christ, par le Père ; et de tous ceux qui lui ont été ainsi donnés, Il n’en a perdu aucun, et il n’en perdra jamais un seul !
Aujourd’hui, nos fautes nous remplissent de craintes, de doutes, et de tristesse ; mais le Rédempteur a entrepris la tâche de présenter au Père Son peuple, sans aucun défaut.
S’il n’y a pas « péché », il n’y aura pas de tristesse ; où il y a la perfection de la sainteté, il y aura la perfection de la joie.
Levons plus souvent nos yeux vers Celui qui est capable d’améliorer et de maintenir l’œuvre qu’Il a accomplie en nous, et de nous préserver de tomber, jusqu’au jour où nous serons présentés « innocents » devant Sa Gloire. Nos cœurs connaîtront alors une joie au-delà de tout ce que la terre peut offrir ; Dieu se réjouira en nous, et la joie de notre Sauveur compatissant sera complète. À Celui qui a élaboré un tel dessein, et qui veut fidèlement et parfaitement l’accomplir, soient gloire, majesté, autorité et pouvoir, à la fois maintenant et pour toujours ! Amen.