Le Livre des Juges – du nom des chefs du peuple d’Israël qui sont ses protagonistes – est attribué par la tradition juive à Samuel, mais sa rédaction est souvent située plus tardivement (à l’époque de David pour certains). Il relate l’histoire d’Israël entre la mort de Josué et la désignation du premier roi d’Israël, soit la période qui va d’environ 1380 ou 1220 av. J.-C. (selon les datations) à 1050 av. J.-C.
* Ce livre décrit l’histoire d’Israël, au temps où les Juges administraient le pays : ils furent établis par Dieu pour traiter, en certaines occasions, les différents problèmes de justice et de protection du peuple, pour délivrer Israël de ses oppresseurs et pour réformer certaines lois religieuses. L’état du peuple d’Israël n’apparaît pas précisément prospère dans ce livre ; il en est de même quant à sa piété qui n’était pas ce qu’elle aurait dû être. De nombreux juges délivrèrent les enfants d’Israël à cette époque, le service du tabernacle ayant toujours lieu.
* L’histoire de ce livre nous révèle quantité d’exemples sur les fréquents avertissements donnés au peuple par Moïse, ce qui devrait contribuer à notre édification. L’ensemble comporte d’importantes séries d’instructions.
* Conquêtes des tribus de Juda et de Siméon (1-8). Hébron et d’autres villes sont prises (9-20). Les conquêtes des autres tribus d’Israël (21-36).
1 Après la mort de Josué, les Israélites consultèrent l'Eternel en disant: «Qui de nous montera le premier contre les Cananéens pour les attaquer?» 2 L'Eternel répondit: «C’est Juda qui montera. Voici, j'ai livré le pays entre ses mains.» 3 Juda dit alors à son frère Siméon: «Monte avec moi dans le pays qui m'est attribué par tirage au sort, et nous combattrons les Cananéens. J'irai aussi avec toi dans celui qui t’est attribué.» Et Siméon l’accompagna.
4 Les hommes de Juda montèrent, et l'Eternel livra les Cananéens et les Phéréziens entre leurs mains. Ils battirent 10'000 hommes à Bézek. 5 Ils y trouvèrent le roi Adoni-Bézek et l'attaquèrent, et ils battirent les Cananéens et les Phéréziens. 6 Adoni-Bézek prit la fuite, mais ils le poursuivirent et le capturèrent, puis ils lui coupèrent les pouces des mains et des pieds. 7 Adoni-Bézek dit: «Il y avait 70 rois, aux pouces des mains et des pieds coupés, qui ramassaient les miettes sous ma table. Dieu me rend ce que j'ai fait.» On l'emmena à Jérusalem et il y mourut.
8 Les Judéens attaquèrent Jérusalem et s’en emparèrent: ils la frappèrent du tranchant de l'épée et mirent le feu à la ville.
1-8 Les Israélites étaient convaincus qu’ils devaient continuer la guerre contre les Cananéens ; par contre, ils n’étaient pas vraiment décidés, sur la stratégie à employer, après la mort de Josué. Dans ce doute, ils consultèrent l’Éternel. Dieu donne à Ses serviteurs des tâches qui sont toujours à la mesure de leurs forces. Aux plus capables sont demandés davantage de services.
Juda était la plus haut placée dans la hiérarchie des tribus d’Israël, en conséquence, elle devait être la première à combattre. Cette action ne pouvait aboutir positivement, que par la puissance divine. De Son côté, l’Éternel ne pouvait attaquer, que si Juda montait en guerre. Juda était la tribu la plus considérable, alors que Siméon était la moins représentative. La première demanda à la seconde de l’aider.
Les enfants d’Israël s’unirent pour combattre les Cananéens. Il en est de même dans notre vie aujourd’hui : les chrétiens de toutes origines doivent s’entraider en vue d’accomplir certaines tâches. Étant ainsi unis dans l’amour fraternel, ils ont toutes les raisons d’espérer que Dieu les soutiendra dans leur service.
Adoni-Bézek fut fait prisonnier. Ce prince était en fait, un sévère tyran. Les Israélites, sans doute sous la direction divine, lui firent subir les souffrances qu’il avait lui-même infligées aux autres. Il confessa d’ailleurs publiquement qu’en toute justice, il méritait ces mauvais traitements. Parfois, le Dieu de Justice, dans Sa providence, envoie directement la punition, pour répondre au péché.
9 Ils descendirent ensuite pour combattre les Cananéens qui habitaient la montagne, la région du sud et la plaine. 10 Ils marchèrent contre les Cananéens qui habitaient à Hébron, appelée autrefois Kirjath-Arba, et battirent Shéshaï, Ahiman et Talmaï. 11 De là ils marchèrent contre les habitants de Debir, qui s'appelait autrefois Kirjath-Sépher.
12 Caleb dit: «Je donnerai ma fille Acsa pour femme à celui qui battra Kirjath-Sépher et qui la prendra.» 13 Othniel, fils de Kenaz, le frère cadet de Caleb, s'en empara. Caleb lui donna alors sa fille Acsa pour femme. 14 Dès son arrivée chez Othniel, elle le persuada de demander un champ à son père. Elle descendit de son âne et Caleb lui dit: «Qu'as-tu?» 15 Elle lui répondit: «Fais-moi un cadeau. En effet, tu m'as donné une terre située au sud. Donne-moi aussi des sources d'eau.» Et Caleb lui donna les sources supérieures et les sources inférieures. 16 Les fils du Kénien, du beau-père de Moïse, montèrent avec les Judéens de la ville des palmiers jusque dans le désert de Juda, au sud d'Arad, et ils vinrent habiter parmi le peuple. 17 Juda se mit en marche avec son frère Siméon et ils battirent les Cananéens qui habitaient à Tsephath. Ils vouèrent la ville à la destruction et on l'appela Horma. 18 Juda s'empara encore de Gaza, d'Askalon et d'Ekron, chacune avec son territoire. 19 L'Eternel fut avec Juda, qui se rendit maître de la montagne; mais il ne put chasser les habitants de la plaine, parce qu'ils avaient des chars en fer. 20 On donna Hébron à Caleb, comme l'avait dit Moïse, et il en chassa les trois descendants d'Anak.
9-20 Les Cananéens possédaient des chars de fer ; mais Israël avait Dieu à ses côtés, et Ses chars sont des milliers d’anges, Psaumes 68:17. Cependant, les craintes des Hébreux étaient plus fortes que leur foi. Nous disposons de quelques informations relatives à Caleb, dans Josué 15:16-19. Les Kéniens étaient établis dans le pays conquis par Juda. Les enfants d’Israël, constatant qu’ils étaient calmes et non belliqueux, les laissèrent vivre en paix. Bénis soient les humbles car ils hériteront de la terre !
21 Les Benjaminites ne chassèrent pas les Jébusiens qui habitaient à Jérusalem, et ceux-ci ont habité jusqu'à aujourd’hui dans Jérusalem avec les Benjaminites.
22 La famille de Joseph monta aussi contre Béthel, et l'Eternel fut avec eux. 23 La famille de Joseph fit explorer Béthel, qui s'appelait autrefois Luz. 24 Les guetteurs virent un homme sortir de la ville et lui dirent: «Montre-nous par où nous pourrons entrer dans la ville et nous te ferons grâce.» 25 Il leur montra par où ils pourraient entrer dans la ville. Ils frappèrent alors la ville du tranchant de l'épée, mais ils laissèrent partir cet homme et toute sa famille. 26 Cet homme se rendit dans le pays des Hittites. Il y construisit une ville et l’appela Luz, nom qu'elle a porté jusqu'à aujourd’hui.
27 Manassé ne chassa pas les habitants de Beth-Shean, Thaanac, Dor, Jibleam, Meguiddo et des villes qui en dépendaient. Les Cananéens voulurent rester dans ce pays. 28 Lorsque Israël fut assez fort, il soumit les Cananéens à des corvées, mais il ne les chassa pas.
29 Ephraïm ne chassa pas les Cananéens qui habitaient à Guézer, et ceux-ci habitèrent au milieu d'Ephraïm à Guézer.
30 Zabulon ne chassa pas les habitants de Kitron ni ceux de Nahalol. Les Cananéens habitèrent au milieu de Zabulon, mais ils furent soumis à des corvées.
31 Aser ne chassa pas les habitants d'Acco ni ceux de Sidon, d'Achlal, d'Aczib, de Helba, d'Aphik et de Rehob. 32 Les Asérites habitèrent au milieu des Cananéens qui étaient installés dans le pays, car ils ne les chassèrent pas.
33 Nephthali ne chassa pas les habitants de Beth-Shémesh ni ceux de Beth-Anath. Il habita au milieu des Cananéens qui étaient installés dans le pays, mais les habitants de Beth-Shémesh et de Beth-Anath furent soumis à des corvées.
34 Les Amoréens repoussèrent les Danites dans la montagne, ils ne les laissèrent pas descendre dans la plaine. 35 Les Amoréens voulurent rester à Har-Hérès, à Ajalon et à Shaalbim, mais la famille de Joseph domina sur eux et ils furent soumis à des corvées. 36 Le territoire des Amoréens partait de la montée d'Akrabbim, de Séla, et couvrait le territoire situé au-dessus.
21-36 Le peuple d’Israël exerçait scrupuleusement son devoir et veillait à ses propres intérêts. S’il cédait à la paresse et à la lâcheté, il savait qu’il devrait en payer le tribut, tout au long de ses conquêtes : il était sur le point de laisser vivre les Cananéens dans leur pays d’origine, d’où le risque de les voir se rebeller contre les Hébreux. Ces derniers n’avaient pas la crainte ni le dégoût, qu’ils devaient avoir de l’idolâtrie. La même incrédulité, qui avait fait errer les enfants d’Israël pendant quarante ans, avant qu’ils entrent en Canaan, les empêchait maintenant de posséder le pays en entier.
Le manque de confiance en la puissance et la promesse divines privait les Hébreux de beaucoup d’avantages, tout en leur causant des ennuis.
De nombreux croyants tiennent hélas la même conduite : ils commencent bien leur vie spirituelle, et finissent ensuite par décliner : ils languissent après la grâce divine, ils succombent à leurs convoitises, Satan les manie par le biais de diverses tentations, les pensées du monde reprennent le dessus ; toutes ces attaques ne font que culpabiliser leur conscience, leur donner une certaine angoisse, déstabiliser leur caractère et les amener à critiquer l’Évangile. Toutefois, de telles personnes peuvent recevoir de sévères reproches et se ressaisir avant de périr : elles pleurent sur leur lit de mort, sur les opportunités manquées de glorifier Dieu et de servir l’église.
Nous ne pouvons avoir de relation amicale avec les ennemis de Dieu, chez nous comme dans notre entourage, sans en payer le tribut ; la seule sagesse que nous pouvons avoir est de maintenir un combat incessant contre eux.