Fondée par Paul lors de son 2e voyage missionnaire, l’Eglise macédonienne de Philippes avait fait parvenir un don à l’apôtre alors qu’il se trouvait en prison, à Ephèse (55 apr. J.-C.?), à Césarée (58-59 apr. J.-C.) ou à Rome (60-62 apr. J.-C.) selon les hypothèses. Ecrite pour les remercier, l’Epître aux Philippiens est très personnelle et paradoxalement, au vu des circonstances, caractérisée par la joie.
* Les Philippiens ont ressenti un intérêt très profond pour l’apôtre. L’ensemble de l’épître est de les confirmer dans la foi, de les encourager à marcher selon l’Évangile de Christ, de les avertir contre les professeurs judaïsants, et d’exprimer de la gratitude pour leur générosité chrétienne. Cette épître est la seule, parmi celles écrites par saint Paul, dans laquelle aucune censure n’est impliquée ou exprimée. Une recommandation et une confiance totales se trouvent dans chaque partie, et les Philippiens sont l’objet d’une affection particulière, que tout lecteur sérieux peut percevoir.
* L’apôtre fait monter des actions de grâces et des prières, pour le bon travail de la grâce dans les Philippiens (1-7). Il exprime son affection, et prie pour eux (8-11). Il les fortifie afin qu’ils ne soient pas abattus par ses souffrances (12-20). Il a été préparé à glorifier Christ par la vie, ou par la mort (21-26). Exhortations au zèle, et à la constance à professer l’Évangile (27-30).
1 De la part de Paul et Timothée, serviteurs de Jésus-Christ, à tous les saints en Jésus-Christ qui sont à Philippes, aux responsables et aux diacres: 2 que la grâce et la paix vous soient données de la part de Dieu notre Père et du Seigneur Jésus-Christ!
3 Je dis à mon Dieu ma reconnaissance de tout le souvenir que j’ai de vous. 4 Dans toutes mes prières pour vous tous, je ne cesse d’exprimer ma joie 5 à cause de la part que vous prenez à l'Evangile depuis le premier jour jusqu'à maintenant. 6 Je suis persuadé que celui qui a commencé en vous cette bonne œuvre la poursuivra jusqu’à son terme, jusqu'au jour de Jésus-Christ. 7 Il est juste que je pense cela de vous tous parce que je vous porte dans mon cœur, vous qui participez tous à la même grâce que moi, aussi bien dans ma détention que dans la défense et l'affermissement de l'Evangile.
1-7 Le plus grand honneur des ministres les plus éminents est d’être des serviteurs de Christ. Et ceux qui ne sont pas vraiment des saints sur la terre ne seront jamais des saints dans le ciel. Hors de Christ, les meilleurs saints sont des pécheurs, et incapables de se tenir devant Dieu. Il n’y a pas de paix sans grâce. La paix intérieure jaillit d’un sens de la faveur divine. Et il n’y a de grâce et de paix que par Dieu notre Père, la source et l’origine de toutes nos bénédictions. À Philippes l’apôtre n’a pas reçu tout ce qu’il désirait, et il n’a vu que peu le fruit de son travail ; et cependant, il se souvient de Philippes avec joie. Nous devons remercier notre Dieu pour les grâces et les consolations, pour les dons reçus par les autres, et lorsque nous recevons le bienfait, Dieu reçoit la gloire. L’œuvre de la grâce ne sera jamais parachevée jusqu’au jour de Jésus-Christ, le jour de son apparition. Mais nous pouvons avoir confiance que Dieu exécutera toujours son bon travail dans chaque âme où il l’a déjà vraiment commencé par la régénération ; nous ne devons pas avoir confiance dans les apparences extérieures, ni en toute chose sauf une nouvelle création à la sainteté. Ceux qui reçoivent des bienfaits au travers de leurs ministères sont chers à leurs ministres. De souffrir ensemble pour la cause de Dieu doit resserrer les liens entre les uns et les autres.
8 En effet, Dieu m'est témoin que je vous chéris tous avec la tendresse de Jésus-Christ. 9 Et voici ce que je demande dans mes prières: c’est que votre amour augmente de plus en plus en connaissance et en pleine intelligence 10 pour que vous puissiez discerner ce qui est essentiel. Ainsi vous serez purs et irréprochables pour le jour de Christ, 11 remplis du fruit de justice qui vient par Jésus-Christ à la gloire et à la louange de Dieu.
8-11 N’aurons-nous pas de pitié et d’amour pour ces âmes que Christ aime et qu’il a en pitié ? Ceux qui abondent dans toute grâce ont besoin d’y abonder encore plus. Éprouvez les choses qui sont différentes, afin de pouvoir approuver les choses qui sont excellentes. Les vérités et les lois de Christ sont excellentes ; et elles se recommandent d’elles-mêmes comme telles à tout esprit attentif. La sincérité est ce en quoi nous devons avoir notre conversation dans le monde, et c’est la gloire de toutes nos grâces. Les chrétiens ne doivent pas être prompts à saisir l’offense, et doivent être très vigilants à ne pas offenser Dieu ou les frères. Les choses qui honorent le plus Dieu seront pour nous du plus grand bienfait. Qu’il n’y ait aucun doute sur le fait qu’il se trouve ou non quelque bon fruit en nous. Une petite mesure d’amour chrétien, de connaissance, et de fertilité ne doit satisfaire personne.
12 Je désire que vous le sachiez, frères et sœurs, ce qui m'est arrivé a plutôt contribué aux progrès de l'Evangile. 13 En effet, dans tout le prétoire et partout ailleurs, personne n’ignore que c'est pour Christ que je suis en prison. 14 Et la plupart des frères et sœurs, encouragés dans le Seigneur par mes chaînes, ont plus d'assurance pour annoncer sans crainte la parole.
15 Certains, il est vrai, proclament Christ par jalousie, avec un esprit de rivalité, mais d'autres le proclament avec de bonnes intentions. 16 Les uns agissent par amour, sachant que je suis là pour la défense de l'Evangile; 17 les autres, animés d'un esprit de rivalité, annoncent Christ avec des intentions qui ne sont pas pures et avec la pensée d'augmenter les souffrances de ma détention. 18 Qu'importe? De toute manière, que ce soit pour de mauvaises raisons, que ce soit sincèrement, Christ est annoncé. Je m'en réjouis et je m'en réjouirai encore, 19 car je sais que cela aboutira à mon salut, grâce à vos prières et à l'assistance de l'Esprit de Jésus-Christ. 20 Conformément à ma ferme attente et à mon espérance, je n'aurai honte de rien, mais maintenant comme toujours, la grandeur de Christ sera manifestée avec une pleine assurance dans mon corps, soit par ma vie, soit par ma mort.
12-20 L’apôtre était prisonnier à Rome ; et pour écarter l’offense de la croix, il montre la sagesse et la bonté de Dieu dans ses souffrances. Ces choses lui ont été révélées là où il n’aurait jamais autrement pu les connaître ; et l’ont mené à se poser des questions sur l’Évangile. Il a souffert de la part de faux amis aussi bien que d’ennemis. Combien est misérable le caractère de ceux qui ont prêché Christ avec un esprit d’envie et de dispute, et qui ont ajouté de la détresse aux liens qui opprimaient ce meilleur des hommes ! L’apôtre était à l’aise n’importe où. À partir du moment où nos troubles peuvent contribuer au bien de beaucoup, nous devons nous réjouir. Tout ce qui est pour notre salut est par l’Esprit de Christ ; et la prière est le moyen attitré pour le rechercher. Notre attente et notre espoir les plus sérieux ne doivent pas être d’être honorés des hommes, ou d’échapper à la croix, mais d’être soutenus dans la tentation, le mépris, et la détresse. Remettons tout cela à Christ, qui nous rendra utiles à sa gloire, que ce soit par le travail ou la souffrance, par l’assiduité ou la patience, en vivant pour son honneur en travaillant pour lui, ou en mourant en son honneur en souffrant pour lui.
21 En effet, Christ est ma vie et mourir représente un gain.
22 Cependant, s'il est utile pour ma tâche que je vive ici-bas, je ne saurais dire ce que je dois préférer. 23 Je suis tiraillé des deux côtés: j'ai le désir de m'en aller et d'être avec Christ, ce qui est de beaucoup le meilleur, 24 mais à cause de vous il est plus nécessaire que je continue à vivre ici-bas. 25 Persuadé de cela, je sais que je resterai et demeurerai avec vous tous, pour votre progrès et votre joie dans la foi. 26 Grâce à mon retour auprès de vous, vous aurez alors dans ma personne une raison d’éprouver encore plus de fierté en Jésus-Christ.
21-26 La mort est une grande perte pour un homme charnel, pour celui qui est du monde, car il perd tout son confort terrestre et tous ses espoirs ; mais pour un vrai croyant, elle est un gain, car elle est la fin de toute sa faiblesse et de sa misère. Elle le délivre de tous les maux de la vie, et l’amène à posséder le bien le plus précieux. La difficulté de l’apôtre n’était pas entre vivre dans ce monde et vivre dans le ciel ; car entre les deux il n’y a pas de comparaison ; mais c’était entre servir Christ dans ce monde et en avoir ce bonheur dans un autre. Ce n’était pas entre deux choses mauvaises, mais entre deux bonnes choses ; vivre pour Christ ou être avec lui. Voyez le pouvoir de la foi et de la grâce divine ; cette grâce peut nous rendre disposés à mourir. Dans ce monde nous sommes entourés par le péché ; mais quand nous serons avec Christ, nous échapperons au péché et à la tentation, au chagrin et à la mort, à jamais. Mais ceux qui ont le plus de raisons pour désirer partir doivent être disposés à rester dans le monde aussi longtemps que Dieu a quelque chose à leur faire réaliser. Et plus les miséricordes qu’ils recevront seront inattendues, le plus Dieu pourra être vu à travers eux.
27 Seulement, conduisez-vous d'une manière digne de l'Evangile du Christ. Ainsi, que je vienne vous voir ou que je sois absent, j'entendrai dire de vous que vous tenez ferme dans un même esprit, combattant d'un même cœur pour la foi de l'Evangile, 28 sans vous laisser effrayer en rien par les adversaires. Pour eux c’est une preuve de perdition, mais pour vous de salut, et cela vient de Dieu. 29 En effet, il vous a été fait la grâce non seulement de croire en Christ, mais encore de souffrir pour lui 30 en menant le même combat que celui que vous m'avez vu mener et que, vous l'apprenez maintenant, je mène encore.
27-30 Ceux qui professent l’Évangile de Christ doivent vivre comme il convient à ceux qui croient les vérités de l’Évangile, se soumettre aux lois de l’Évangile, et dépendre des promesses de l’Évangile. Le mot original « politeuomai » traduit par « conduite » veut dire des citoyens qui cherchent le crédit, la sécurité, la paix, et la prospérité de leur ville. Voir définition 4176 La foi de l’Évangile mérite que l’on lutte pour elle ; il y a beaucoup d’opposition, et il y a besoin de lutter. Un homme peut dormir et aller en enfer ; mais celui qui veut aller au ciel doit regarder autour de lui et être appliqué. Il peut y avoir une unité de cœur et d’affection parmi les chrétiens, même si il y a diversité de jugement sur beaucoup de choses. La foi est le don de Dieu à propos de Christ ; la possibilité et la disposition à croire sont de Dieu. Et si nous souffrons de reproches et de pertes à cause de Christ, nous pouvons les estimer comme un don, et leur attacher un prix en conséquence. Cependant, le salut ne doit pas être imputé à des détresses corporelles, comme bien des détresses et des persécutions du monde l’ont fait ; mais le salut vient de Dieu seulement: la foi et la patience sont ses dons.