Livres de la Bible



Jean 11

Introduction de Matthew Henry

* La maladie de Lazare (1-6). Christ revient en Judée (7-10). La mort de Lazare (11-16). Christ arrive à Béthanie (17-32). Il ressuscite Lazare (33-46). Les pharisiens se consultent contre Jésus (47-53). Les Juifs cherchent après lui (54-57).


Jésus ressuscite Lazare

1 Il y avait un homme malade; c'était Lazare de Béthanie, le village de Marie et de sa sœur Marthe. 2 — Marie était celle qui versa du parfum sur les pieds du Seigneur et qui les essuya avec ses cheveux; c'était son frère Lazare qui était malade. — 3 Les sœurs envoyèrent dire à Jésus: «Seigneur, celui que tu aimes est malade.» 4 A cette nouvelle, Jésus dit: «Cette maladie n'aboutira pas à la mort, mais elle servira à la gloire de Dieu, afin qu’à travers elle la gloire du Fils de Dieu soit révélée.»

5 Or, Jésus aimait Marthe, sa sœur et Lazare. 6 Quand il eut appris que Lazare était malade, il resta encore deux jours à l'endroit où il était.

1-6 Ce n’est pas une chose nouvelle pour ceux que Christ aime d’être malades ; les maladies corporelles corrigent la corruption, et éprouvent les grâces du peuple de Dieu. Il n’est pas venu pour préserver son peuple de ces afflictions, mais pour le sauver des péchés, et de la colère à venir ; cependant, il nous incombe de recourir à Lui à cause de nos amis et de nos parents quand nous sommes malades et affligés. Puissions-nous être réconciliés avec les plus sombres actions de la Providence, pour qu’elles soient toutes pour la gloire de Dieu: maladie, perte, déception … Et si Dieu est glorifié, nous devons être satisfaits. Jésus aimait Marthe et sa sœur, et Lazare. Les familles dans lesquelles l’amour et la paix abondent sont grandement privilégiées ; mais celles que Jésus aime, et dans lesquelles il est bien-aimé sont encore plus heureuses. Mais hélas, cela semble être rarement le cas pour chaque personne, même dans les petites familles. Dieu a des intentions gracieuses même quand il semble les différer. Quand l’œuvre de délivrance, temporelle ou spirituelle, publique ou personnelle est différée, elle ne tarde que pour s’accomplir en son temps.

7 Puis il dit aux disciples: «Retournons en Judée.» 8 Les disciples lui dirent: «Maître, tout récemment les Juifs cherchaient à te lapider et tu retournes là-bas?» 9 Jésus répondit: «N'y a-t-il pas douze heures de jour? Si quelqu'un marche pendant le jour, il ne trébuche pas, parce qu'il voit la lumière de ce monde; 10 mais si quelqu'un marche pendant la nuit, il trébuche, parce que la lumière n'est pas en lui.»

7-10 Christ ne pousse jamais ses fidèles dans le danger mais il y va lui-même avec eux. Nous sommes capables de nous estimer zélés pour le Seigneur, alors que nous sommes en réalité seulement zélés pour notre richesse, notre crédit, nos aises, et notre sécurité ; nous avons donc besoin d’essayer nos principes. Mais notre temps sera prolongé, jusqu’à ce que notre travail soit fait, et notre témoignage terminé. Un homme trouve le réconfort et la satisfaction tandis qu’il est sur le chemin de son devoir, comme établi par la parole de Dieu, et pleinement dirigé par la providence de Dieu. Christ, où qu’il aille, marchait pendant le jour ; et il en sera ainsi de nous, si nous suivons ses pas. Si un homme marche dans la voie de son cœur, et selon le train de ce monde, s’il consulte ses propres raisonnements charnels plus que la volonté et la gloire de Dieu, il tombe dans les tentations et les pièges. Il trébuche parce qu’il n’y a pas de lumière en lui ; car la lumière qui est en nous est pour nos actions morales, et cette lumière éclairera nos actions naturelles.

11 Après ces paroles, il leur dit: «Notre ami Lazare s'est endormi, mais je vais aller le réveiller.» 12 Les disciples lui dirent: «Seigneur, s'il s'est endormi, il sera guéri.» 13 En fait, Jésus avait parlé de la mort de Lazare, mais ils crurent qu'il parlait de l'assoupissement du sommeil. 14 Jésus leur dit alors ouvertement: «Lazare est mort. 15 Et à cause de vous, afin que vous croyiez, je me réjouis de ce que je n'étais pas là. Mais allons vers lui.» 16 Là-dessus Thomas, appelé Didyme, dit aux autres disciples: «Allons-y, nous aussi, afin de mourir avec lui.»

11-16 Puisque nous sommes certains de ressusciter au dernier jour, pourquoi l’espérance de cette résurrection à la vie éternelle ne rendrait pas aussi facile pour nous de quitter notre corps et de mourir, que de nous dévêtir et nous endormir ? Un véritable chrétien dort seulement lorsqu’il meurt ; il se repose des travaux du jour passé. Non, en ceci la mort est préférable au sommeil, car le sommeil est seulement un court repos, mais la mort est la fin des soucis terrestres et des labeurs. Les disciples pensaient qu’il était maintenant inutile pour Christ d’aller à Lazare, et de s’exposer lui-même et eux avec lui. Ainsi, nous espérons souvent que les œuvres bonnes que nous sommes appelés à faire seront faites par quelqu’un d’autre, s’il y a un risque à courir en les faisant. Mais quand Christ a ressuscité Lazare de la mort, beaucoup ont été amenés à croire en lui ; et beaucoup a été accompli là pour parfaire la foi de ceux qui croyaient déjà. Allons à lui ; la mort ne peut pas séparer de l’amour de Christ, ni nous mettre hors de portée de son appel. Comme l’a fait Thomas, les chrétiens doivent s’encourager les uns les autres dans les moments difficiles. La mort du Seigneur Jésus doit nous inciter à accepter de mourir quelle que soit l’heure où Dieu nous appelle.

17 A son arrivée, Jésus trouva que Lazare était depuis quatre jours déjà dans le tombeau. 18 Béthanie était près de Jérusalem, à moins de trois kilomètres, 19 et beaucoup de Juifs étaient venus chez Marthe et Marie pour les consoler de la mort de leur frère.

20 Lorsque Marthe apprit que Jésus arrivait, elle alla à sa rencontre, tandis que Marie restait assise à la maison. 21 Marthe dit à Jésus: «Seigneur, si tu avais été ici, mon frère ne serait pas mort. 22 [Cependant,] même maintenant, je sais que tout ce que tu demanderas à Dieu, Dieu te l'accordera.» 23 Jésus lui dit: «Ton frère ressuscitera.» 24 «Je sais, lui répondit Marthe, qu'il ressuscitera lors de la résurrection, le dernier jour.» 25 Jésus lui dit: «C’est moi qui suis la résurrection et la vie. Celui qui croit en moi vivra, même s'il meurt; 26 et toute personne qui vit et croit en moi ne mourra jamais. Crois-tu cela?» 27 Elle lui dit: «Oui, Seigneur, je crois que tu es le Messie, le Fils de Dieu, qui devait venir dans le monde.»

28 Après avoir dit cela, elle alla appeler secrètement sa sœur Marie en lui disant: «Le maître est ici et te demande.» 29 A ces mots, Marie se leva sans attendre et alla vers lui. 30 Jésus n'était pas encore entré dans le village, mais il était à l'endroit où Marthe l'avait rencontré. 31 Les Juifs qui étaient avec Marie dans la maison et qui la consolaient la virent se lever soudain et sortir; ils la suivirent en disant: «Elle va au tombeau pour y pleurer.»

32 Marie arriva à l'endroit où était Jésus. Quand elle le vit, elle tomba à ses pieds et lui dit: «Seigneur, si tu avais été ici, mon frère ne serait pas mort.»

17-32 Ici on trouve une maison où il y avait la crainte de Dieu, et sur laquelle la bénédiction reposait ; elle était cependant devenue une maison de deuil. La grâce éloignera le chagrin du cœur, mais pas de la maison. Lorsque Dieu, par sa grâce et sa providence, vient vers nous par les chemins de la miséricorde et du réconfort, nous devons, comme Marthe, marcher par la foi, l’espérance, et la prière, pour le rencontrer. Quand Marthe est allée à la rencontre de Jésus, Marie était encore assise dans la maison ; ce tempérament avait été autrefois à son avantage, quand elle était aux pieds de Christ pour entendre sa parole ; mais le jour de la détresse, le même tempérament l’a disposée à la mélancolie. Il en est de notre sagesse de veiller contre les tentations, et de faire usage des avantages de nos tempéraments naturels. Lorsque nous ne savons pas, en particulier ce que nous devons demander ou attendre, remettons-nous à Dieu ; laissons-le faire comme il lui semble bon. Pour augmenter les espoirs de Marthe, notre Seigneur a déclaré qu’il était lui-même la Résurrection et la Vie. Dans tous les sens du terme, il est la Résurrection, la source, la substance, les prémices, la cause de la vie. L’âme rachetée vit après la mort dans le bonheur ; et, après la résurrection, à la fois le corps et l’âme sont gardés de tout mal pour toujours. Lorsque nous avons lu ou entendu la parole de Christ au sujet des grandes choses de l’autre monde, nous devons nous demander à nous-mêmes: Crois-tu cela ? Les croix et les consolations du temps présent ne nous feraient pas une si profonde impression qu’elles le font si nous pouvions croire aux choses de l’éternité comme nous le devons. Lorsque Christ notre Maître vient, il nous appelle. Il vient par sa parole et ses ordonnances, il nous appelle à elles, nous appelle par elles, il nous appelle à lui-même. Ceux qui, dans un jour de paix, sont assis aux pieds de Christ pour être enseignés par lui peuvent avoir la consolation, dans un jour de trouble, de se jeter à ses pieds pour trouver sa faveur.

33 En la voyant pleurer, elle et les Juifs venus avec elle, Jésus fut profondément indigné et bouleversé. 34 Il dit: «Où l'avez-vous mis?» «Seigneur, lui répondit-on, viens et tu verras.»

35 Jésus pleura. 36 Les Juifs dirent alors: «Voyez comme il l'aimait!» 37 Et quelques-uns d'entre eux dirent: «Lui qui a ouvert les yeux de l'aveugle, ne pouvait-il pas aussi faire en sorte que cet homme ne meure pas?»

38 Jésus, de nouveau profondément indigné, se rendit au tombeau. C'était une grotte; une pierre fermait l'entrée. 39 Jésus dit: «Enlevez la pierre.» Marthe, la sœur du mort, lui dit: «Seigneur, il sent déjà, car il y a quatre jours qu'il est là.» 40 Jésus lui dit: «Ne t'ai-je pas dit que si tu crois, tu verras la gloire de Dieu?» 41 Ils enlevèrent donc la pierre [de l’endroit où le mort avait été déposé]. Jésus leva alors les yeux et dit: «Père, je te remercie de ce que tu m'as écouté. 42 Pour ma part, je savais que tu m'écoutes toujours, mais j'ai parlé à cause de la foule qui m'entoure, afin qu'ils croient que c'est toi qui m'as envoyé.» 43 Après avoir dit cela, il cria d'une voix forte: «Lazare, sors!» 44 Et le mort sortit, les pieds et les mains attachés par des bandelettes et le visage enveloppé d'un linge. Jésus leur dit: «Détachez-le et laissez-le s’en aller.»

45 Beaucoup de Juifs qui étaient venus auprès de Marie et qui virent ce que Jésus avait fait crurent en lui. 46 Mais quelques-uns d'entre eux allèrent trouver les pharisiens et leur racontèrent ce que Jésus avait fait.

33-46 la tendre sympathie de Christ envers ces amis qui étaient devant lui s’est montrée par son émotion. Dans toutes les afflictions des croyants, il est affligé. Son inquiétude pour eux apparaît dans sa question au sujet de la dépouille de son ami décédé. Étant sur la terre comme un simple homme, il agit selon la manière des fils des hommes. Il l’a démontré par ses larmes. Il était un homme de douleurs, et habitué à la souffrance. Les larmes de la compassion ressemblent à celles de Christ. Mais Christ n’a jamais approuvé cette sensibilité de laquelle beaucoup se glorifient, tandis qu’ils pleurent à la moindre histoire de détresse, mais qui sont endurcis face au vrai malheur. Il nous laisse un exemple en se retirant de scènes de gaieté frivoles afin que nous puissions consoler l’affligé. Et nous n’avons pas un Souverain Sacrificateur qui ne puisse pas compatir à nos infirmités. C’est un bon pas pour élever une âme à la vie spirituelle, quand la pierre est enlevée, quand les préjugés sont ignorés et que l’on passe par-dessus, et que le chemin est fait pour laisser la parole entrer dans le cœur. Si nous saisissons la parole de Christ, et que nous comptons sur son pouvoir et sa fidélité, nous verrons la gloire de Dieu, et nous serons heureux de notre sort. Notre Seigneur Jésus nous a enseigné, par son propre exemple, à invoquer Dieu le Père, dans la prière, et de nous approcher de lui comme des enfants vers leur père, avec une humble révérence, mais cependant avec une sainte hardiesse. Il a ouvertement manifesté cette attitude devant Dieu, en élevant les yeux et d’une voix forte, afin qu’ils puissent être convaincus que le Père l’avait envoyé comme son Fils bien-aimé dans le monde. Il aurait pu ressusciter Lazare par un moyen silencieux de son pouvoir et l’action invisible de l’Esprit de vie ; mais il l’a fait par un appel retentissant. C’était une image de l’appel de l’Évangile, par lequel les âmes mortes sortent de la tombe du péché: et du son de la trompette de l’archange au dernier jour, trompette par laquelle tous ceux qui dorment dans la poussière seront réveillés, et appelés devant le grand tribunal. La tombe du péché ainsi que ce monde ne sont pas des lieux pour ceux à qui Christ a donné la vie ; ils doivent en sortir. Lazare a été totalement ranimé, et il a retrouvé non seulement la vie, mais aussi la santé. Le pécheur ne peut pas régénérer sa propre âme, mais il doit utiliser les moyens de la grâce ; le croyant ne peut pas se sanctifier lui-même, mais il se doit de se débarrasser de tout fardeau et de tout obstacle. Nous ne pouvons pas convertir nos parents et nos amis, mais nous devons les instruire, les prévenir, et les inviter.

47 Alors les chefs des prêtres et les pharisiens rassemblèrent le sanhédrin et dirent: «Qu'allons-nous faire? En effet, cet homme fait beaucoup de signes miraculeux. 48 Si nous le laissons faire, tous croiront en lui et les Romains viendront détruire et notre ville et notre nation.» 49 L'un d'eux, Caïphe, qui était grand-prêtre cette année-là, leur dit: «Vous n'y comprenez rien; 50 vous ne réfléchissez pas qu'il est dans notre intérêt qu'un seul homme meure pour le peuple et que la nation tout entière ne disparaisse pas.» 51 Or il ne dit pas cela de lui-même, mais comme il était grand-prêtre cette année-là, il prophétisa que Jésus devait mourir pour la nation. 52 Et ce n'était pas pour la nation seulement, c'était aussi afin de réunir en un seul corps les enfants de Dieu dispersés.

53 Dès ce jour, ils tinrent conseil pour le faire mourir.

47-53 il semble qu’il soit difficile de découvrir plus clairement la folie qui est dans le cœur de l’homme, et son inimitié désespérée envers Dieu, que ce qui est rapporté ici. Des paroles de prophétie dans la bouche ne sont pas de claires évidences d’un principe de la grâce dans le cœur. La calamité que nous cherchons à éviter en craignant le péché, nous faisons tout ce qu’il faut pour l’amener sur nos propres têtes ; comme ceux-là qui pensent qu’en s’opposant au royaume de Christ il font avancer leurs propres intérêts mondains. La crainte des méchants tombera sur eux. La conversion des âmes est leur rassemblement à Christ comme leur souverain et leur refuge ; et il est mort pour réaliser cela. En mourant, il les a rachetés pour lui-même, et a racheté le don du Saint-Esprit pour eux: son amour en mourant pour les croyants doit les unir très étroitement ensemble.

54 C'est pourquoi Jésus ne se montra plus ouvertement parmi les Juifs, mais il se retira dans la région voisine du désert, dans une ville appelée Ephraïm, où il resta avec ses disciples.

55 La Pâque des Juifs était proche et beaucoup de gens montèrent de la campagne à Jérusalem avant la Pâque pour se purifier. 56 Ils cherchaient Jésus et se disaient les uns aux autres dans le temple: «Qu'en pensez-vous? Ne viendra-t-il pas à la fête?» 57 Or les chefs des prêtres et les pharisiens avaient donné l'ordre que, si quelqu'un savait où était Jésus, il le dénonce, afin qu'on l'arrête.

54-57 Avant l’Évangile de notre pâque, nous devons renouveler notre repentance. Ainsi par une purification volontaire, et par des exercices de piété, beaucoup de gens, plus dévots que leurs prochains, passaient un certain temps avant la pâque à Jérusalem. Quand nous comptons rencontrer Dieu, nous devons nous y préparer solennellement. Aucun stratagème des hommes ne peut changer les desseins de Dieu: et pendant que les hypocrites s’amusent avec des formes et des différends, et que les hommes de ce monde poursuivent leurs propres plans, Jésus conduit toutes choses pour sa propre gloire et le salut de son peuple.


Texte biblique de la Bible Version Segond 21
Copyright © 2007 Société Biblique de Genève
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Commentaires de Matthew Henry
Traduction française par Dominique Osché.
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