* Le feu de Tabeéra (1-3). Le peuple désire de la viande, il méprise la manne (4-9). Moïse se plaint de la charge qu’il supporte (10-15). Des anciens sont désignés pour partager cette charge. La viande promise (16-23). L’Esprit de Dieu repose sur les anciens (24-30). Dieu donne des cailles (31-35).
1 Le peuple murmura, et cela déplut à l'Eternel: lorsqu’il l'entendit, sa colère s'enflamma. Le feu de l'Eternel s'alluma parmi eux et dévora une extrémité du camp. 2 Le peuple poussa des cris vers Moïse. Moïse pria l'Eternel et le feu s'arrêta. 3 On appela cet endroit Tabeéra parce que le feu de l'Eternel s'était allumé parmi eux.
1-3 Voici le péché commis par le peuple : ils murmurèrent.
Remarquez l’horreur du péché, qui profite de la vulnérabilité du peuple, en le provoquant dans le désert, malgré les promesses de soutien de l’Éternel. La loi n’a pu, dans sa faiblesse, que révéler le péché, sans pouvoir l’anéantir ; les enfants d’Israël murmurèrent contre l’Éternel et Moïse. Ceux qui sont toujours insatisfaits, sont en réalité inquiets et en permanence enclins à se quereller, même si les conditions qui les environnent, sont favorables. L’Éternel entendit ces murmures, alors que Moïse ne semblait pas être au courant. Dieu connaît bien les tracas et les murmures secrets de notre cœur.
Dans ce texte, nous voyons le mécontentement de l’Éternel et le châtiment qu’Il envoya pour le péché commis par les enfants d’Israël. Le feu de leur rébellion contre Dieu se retourna contre eux : la colère divine fondit alors sur le peuple. Les jugements divins se sont abattus graduellement sur Israël, de façon à l’avertir. Il est clair que Dieu n’aime pas punir les siens ; quand néanmoins Il le fait, c’est pour les prévenir qu’ils ne vont pas tarder à tomber !
4 Le ramassis de gens qui se trouvait au milieu d'Israël éprouva des désirs. Les Israélites eux-mêmes recommencèrent à pleurer et dirent: «Qui nous donnera de la viande à manger? 5 Nous nous souvenons des poissons que nous mangions en Egypte et qui ne nous coûtaient rien, des concombres, des melons, des poireaux, des oignons et des gousses d’ail. 6 Maintenant, notre gosier est desséché: plus rien! Nos yeux ne voient que de la manne.»
7 La manne avait la forme de la graine de coriandre et l'apparence du bdellium. 8 Le peuple se dispersait pour la ramasser. Il la broyait avec des meules ou la pilait dans un mortier; puis il la cuisait au pot ou en faisait des gâteaux. Elle avait le goût d'un gâteau à l'huile. 9 Quand la rosée descendait la nuit sur le camp, la manne y descendait aussi.
4-9 L’homme qui ne se repose jamais, finit par se sentir las et dépressif, malgré sa situation parfois aisée. Les enfants d’Israël étaient las de tout ce que Dieu leur fournissait, en particulier leur nécessaire et leur nourriture. Toutes ces choses étaient gratuites et ne nécessitaient guère de fatigue pour en profiter ! Le peuple se rappelait de la nourriture d’Égypte : les poissons, les divers légumes, qu’il pouvait consommer à volonté ; Israël avait l’impression que tout cela était gratuit, alors qu’en fait, c’était le juste salaire d’une difficile servitude ! Alors qu’il mangeait la manne, il semblait exempté de la malédiction que le péché avait amenée, lors de la chute de l’homme, au temps de la Genèse : « c’est à la sueur de ton visage que tu mangeras du pain » ; en fait Israël méprisait la manne. Il avait l’esprit maussade :
Tout ce qu’envoyait l’Éternel avait des défauts, malgré les bontés que lui manifestait ce Dernier. Ceux qui ont tout pour être heureux gâchent leur existence par leur insatisfaction permanente. Le peuple voulait à tout prix de la viande. Ce désir révèle bien la domination qu’exerce le côté charnel sur notre vie : nous ne cherchons en fait que les délices et la satisfaction des sens ! Nous ne devrions avoir aucune faiblesse, face aux désirs qui ne seraient pas animés par la foi, dans la prière : ne cherchons pas, comme nous pouvons le voir dans ce texte, à avoir de la « viande », l’objet de notre convoitise. Si nous persistons dans cette envie, malgré le côté légal et normal que cela pourrait avoir, alors que Dieu ne nous permet pas de l’obtenir, c’est commettre le mal !
10 Moïse entendit le peuple pleurer, chacun dans sa famille, à l'entrée de sa tente. La colère de l'Eternel s'enflamma fortement. Moïse en fut attristé, 11 et il dit à l'Eternel: «Pourquoi fais-tu du mal à ton serviteur et pourquoi n'ai-je pas trouvé grâce à tes yeux, au point que tu m’imposes la charge de tout ce peuple? 12 Est-ce moi qui suis le père de ce peuple? Est-ce moi qui l'ai mis au monde pour que tu me dises: ‘Porte-le contre toi comme une nourrice porte un enfant’ jusqu'au pays que tu as juré à ses ancêtres de lui donner? 13 Où prendrai-je de la viande pour en donner à tout ce peuple? En effet, ils viennent pleurer près de moi en disant: ‘Donne-nous de la viande à manger!’ 14 Je ne peux pas, à moi tout seul, porter tout ce peuple, car il est trop lourd pour moi. 15 Plutôt que de me traiter ainsi, tue-moi donc, si j'ai trouvé grâce à tes yeux, et que je ne voie pas mon malheur.»
10-15 La provocation contre l’Éternel était énorme ; Moïse en fut attristé. Il sous-estimait l’honneur que Dieu lui avait fait, en lui donnant la responsabilité du peuple. Dans son affliction, le patriarche oubliait la Sagesse et la Toute Puissance divines qui le guidaient et le rendaient capable de récompenser ou de punir les Hébreux. Il manquait de confiance vis-à-vis de la Grâce divine. Même si sa tâche eut été moindre, il n’aurait pu l’accomplir seulement avec ses propres forces ; en fait, il devait compter sur Dieu, le Seul capable de le fortifier.
Sachons nous adresser au Seigneur, dans la prière, afin que nous n’entrions pas en tentation !
16 L'Eternel dit à Moïse: «Rassemble auprès de moi 70 hommes pris parmi les anciens d'Israël, des hommes que tu connais comme anciens et responsables du peuple. Amène-les à la tente de la rencontre et qu'ils s'y présentent avec toi. 17 Je descendrai te parler là. Je prendrai de l'Esprit qui est sur toi et je le mettrai sur eux, afin qu'ils portent la charge du peuple avec toi et que tu ne la portes pas tout seul. 18 Tu diras au peuple: ‘Consacrez-vous pour demain. Vous mangerez de la viande, puisque vous avez pleuré aux oreilles de l'Eternel en disant: Qui nous fera manger de la viande? Nous étions bien en Egypte! L'Eternel vous donnera de la viande et vous en mangerez. 19 Vous en mangerez non pas un jour, ni 2 jours, ni 5 jours, ni 10 jours, ni 20 jours, 20 mais un mois tout entier, jusqu'à ce qu'elle vous sorte par les narines et que vous en soyez dégoûtés. Cela arrivera parce que vous avez rejeté l'Eternel qui est au milieu de vous et parce que vous avez pleuré devant lui en disant: Pourquoi donc sommes-nous sortis d'Egypte?’»
21 Moïse dit: «Le peuple au milieu duquel je me trouve compte 600'000 fantassins et toi, tu dis: ‘Je leur donnerai de la viande et ils en mangeront un mois tout entier’! 22 Devra-t-on égorger pour eux des brebis et des bœufs pour qu'ils en aient assez? Ou faudra-t-il rassembler pour eux tous les poissons de la mer pour qu'ils en aient assez?» 23 L'Eternel répondit à Moïse: «Le bras de l'Eternel serait-il trop court? Tu vas voir maintenant si ce que je t'ai dit arrivera ou non.»
16-23 Moïse doit choisir parmi le peuple, des anciens, capables de le seconder avec sagesse. Même si ces personnes s’avéraient manquer éventuellement de compétence, Dieu promet de les qualifier pour cette nouvelle tâche. L’Éternel annonce également qu’Il donnera satisfaction au peuple mécontent et que toutes les bouches se tairont. Remarquez bien les faits suivants :
1. La vanité causée par les délices des sens ; le peuple sera rassasié, mais n’en tirera aucune satisfaction morale. Seuls les plaisirs spirituels peuvent satisfaire l’âme et la soulager. Toutes les convoitises finiront par passer, tout comme les choses du monde.
2. La gloutonnerie et l’ivresse sont des péchés vraiment ignobles ! Ils ne peuvent que faire du mal à notre corps et attaquer notre santé.
Moïse semble incrédule à l’annonce de l’Éternel. Même les croyants les plus sincères trouvent parfois qu’il est difficile de croire à tout ce que Dieu promet : ils sont sous le coup du découragement et toute espérance leur semble vaine. L’Éternel rappelle à Moïse qu’Il est le Seigneur Dieu Tout-Puissant ; Il annonce au patriarche : « tu verras maintenant si ce que je t’ai dit arrivera ou non ».
Ce que l’Éternel annonce, s’accomplit toujours !
24 Moïse sortit rapporter au peuple les paroles de l'Eternel. Il rassembla 70 hommes pris parmi les anciens du peuple et les plaça autour de la tente. 25 L'Eternel descendit dans la nuée et parla à Moïse. Il prit de l'Esprit qui était sur lui et le mit sur les 70 anciens. Dès que l'Esprit reposa sur eux, ceux-ci prophétisèrent, mais ce ne fut que momentané.
26 Il y eut deux hommes, l'un appelé Eldad, et l'autre Médad, qui étaient restés dans le camp et sur lesquels l'Esprit reposa. En effet, ils figuraient sur la liste, mais ils ne s’étaient pas rendus à la tente, et ils prophétisèrent dans le camp. 27 Un jeune garçon courut annoncer à Moïse: «Eldad et Médad prophétisent dans le camp.» 28 Josué, fils de Nun, qui était au service de Moïse depuis sa jeunesse, prit la parole: «Moïse, mon seigneur, empêche-les-en!» 29 Moïse lui répondit: «Es-tu jaloux pour moi? Si seulement tout le peuple de l'Eternel était composé de prophètes! Si seulement l'Eternel mettait son Esprit sur eux!» 30 Et Moïse retourna dans le camp, ainsi que les anciens d'Israël.
24-30 Nous voyons dans ce texte l’accomplissement de la promesse divine faite à Moïse, annonçant que ce dernier devait être secondé pour gouverner le peuple d’Israël. L’Éternel prit de l’esprit qui était sur Moïse, pour le placer sur les soixante-dix anciens. Ils annoncèrent alors au peuple les « choses de Dieu » : tous ceux qui les entendaient pouvaient ainsi dire que la Vérité divine était en eux. Deux de ces anciens, Eldad et Médad, ne vinrent pas au tabernacle comme les autres, étant persuadés qu’ils ne pouvaient se présenter devant Dieu, à cause de leur incapacité et de leur indignité. Mais l’Esprit de l’Éternel reposa sur eux, alors qu’ils se trouvaient dans le camp, et ils manifestèrent ce don par l’exercice de la prière, de la prédication et de la louange divine ; ils parlèrent, étant animés du Saint-Esprit.
Cet Esprit de Dieu n’était pas seulement au sein du tabernacle, mais Il se déplaçait là où Il voulait, tel un vent impétueux. Ceux qui étaient revêtus d’humilité étaient alors capables de Le recevoir ; ceux qui sont le plus capables de diriger sont souvent ceux qui sont le moins ambitieux !
Josué ne voulait pas que ces anciens soient punis, mais uniquement empêchés de prophétiser. Ce geste montre combien il voulait que l’assemblée des anciens soit cohérente, tout comme le devrait être l’église. Josué désirait simplement qu’ils se taisent, de peur qu’ils ne divisent l’assemblée où se tournent contre Moïse ; mais ce dernier ne fut nullement effrayé par cette manifestation de l’Esprit de Dieu sur ces hommes. Oserions-nous rejeter ceux que Christ a choisis, ou mis à part, pour accomplir une œuvre, parce qu’ils ne nous conviendraient pas tout à fait ? Moïse désirait que tous ces serviteurs de Dieu soient à même de prophétiser, que l’Esprit repose sur eux. Moïse voulait que ces hommes puissent témoigner de la présence de la Puissance divine qui demeurait sur eux ; cela ne pouvait que contribuer à aider le patriarche dans son fardeau d’administration du peuple. Il s’agissait en effet d’un devoir assez ingrat, que seuls ceux qui ont une telle charge sont en mesure d’en évaluer la difficulté.
Que cet exemple donné par le patriarche puisse instruire ceux qui ont des responsabilités ici-bas : qu’ils ne méprisent pas les conseils ni l’assistance donnés par les autres, mais qu’ils les prennent en compte et qu’ils en soient reconnaissants ! Si tous les enfants de Dieu veulent être des prophètes ou serviteurs de Dieu, sous l’autorité de l’Esprit de Christ, qu’ils sachent qu’il n’est pas spécialement nécessaire de se déplacer vers des lieux éloignés : ils devraient songer qu’il y a suffisamment de travail pour eux, là où ils se trouvent, dans l’appel des pécheurs à la repentance, pour que ces derniers trouvent la foi en notre Seigneur Jésus !
31 L'Eternel fit souffler de la mer un vent qui amena des cailles et les dispersa sur le camp, sur environ une journée de marche de chaque côté tout autour du camp. Il y en avait près d’un mètre au-dessus du sol. 32 Tout ce jour-là et toute la nuit, ainsi que toute la journée du lendemain, le peuple se leva et ramassa les cailles. Celui qui en avait ramassé le moins en avait un volume de 2200 litres. Ils les étendirent pour eux autour du camp. 33 La viande était encore entre leurs dents et n’avait même pas encore été mâchée lorsque la colère de l'Eternel s'enflamma contre le peuple. L'Eternel frappa le peuple d'un très grand fléau. 34 On appela cet endroit Kibroth-Hattaava parce qu'on y enterra les membres du peuple qui avaient éprouvé de la convoitise.
35 De Kibroth-Hattaava le peuple partit pour Hatséroth, où il s'arrêta.
31-35 Dieu accomplit Sa promesse envers le peuple, en lui donnant de la viande. Avec quel empressement les hommes se démènent pour collecter leur nourriture périssable, au lieu de se consacrer à acquérir celle qui concerne la vie éternelle !
En fait, nous ne sommes intéressés que par le « court terme » et notre stupidité nous aveugle, quant aux choses qui concernent l’éternité. Pour faire la chasse aux avantages du monde, nous n’avons pas besoin qu’on nous enseigne !
Par contre, quand il s’agit de se procurer les vraies richesses, nous sommes alors incapables de suivre le bon chemin. Ceux qui sont soumis aux désirs de la chair verront souvent leur convoitise satisfaite, alors que leur âme, aussi précieuse soit-elle, risque de courir à la ruine.
Les enfants d’Israël payèrent très cher leur « festin ». Dieu, dans Sa colère, accorde parfois aux pécheurs l’objet de leur convoitise, alors qu’Il se refuse d’octroyer ce que Son peuple bien-aimé désire. Quels que soient nos désirs les plus fous, si nous réussissons à les combler, nous avons de bonnes raisons de craindre la colère divine, sachant que nous risquons d’être contrecarrés dans notre cheminement ici-bas.
Combien d’âmes écourtent la durée de leur vie par des excès de tous genres ! Sachons rechercher les plaisirs qui donnent une réelle satisfaction, ne courons pas vers la surabondance ; recherchons les choses éternelles !