Livres de la Bible



Romains 11

Introduction de Matthew Henry

* Le rejet des Juifs n’est pas universel (1-10). Dieu a répondu à leur incrédulité en faisant des païens des « participants » aux privilèges de l’Évangile (11-21). Les païens sont mis en garde contre l’orgueil et l’incrédulité. Les Juifs seront appelés en tant que nation ; ils seront à nouveau participants de « l’alliance divine » (22-32). Adoration solennelle de la sagesse, de la bonté, et de la justice de Dieu (33-36).


Une mise à l’écart ni totale ni définitive

1 Je demande donc: «Dieu aurait-il rejeté son peuple?» Certainement pas! En effet, je suis moi-même israélite, de la descendance d'Abraham, de la tribu de Benjamin. 2 Dieu n'a pas rejeté son peuple, qu'il a connu d'avance. Ne savez-vous pas ce que l'Ecriture rapporte au sujet d'Elie, quand le prophète adresse à Dieu cette plainte contre Israël: 3 Seigneur, ils ont tué tes prophètes, ils ont démoli tes autels; moi seul, je suis resté, et ils cherchent à m’enlever la vie ? 4 Mais quelle réponse Dieu lui donne-t-il? Je me suis réservé 7000 hommes qui n'ont pas plié les genoux devant Baal. 5 De même, dans le temps présent aussi, il y a un reste conformément à l’élection de la grâce. 6 Or, si c'est par grâce, ce n'est plus par les œuvres, autrement la grâce n'est plus une grâce. [Et si c'est par les œuvres, ce n'est plus une grâce, autrement l'œuvre n'est plus une œuvre.]

7 Qu’en est-il donc? Ce qu'Israël recherche, il ne l'a pas obtenu, mais ceux qui ont été choisis l'ont obtenu et les autres ont été endurcis. 8 Comme il est écrit, Dieu leur a donné un esprit de torpeur, des yeux pour ne pas voir et des oreilles pour ne pas entendre, jusqu'à aujourd’hui . 9 David aussi dit: Que leur table soit pour eux un piège, un filet, un obstacle et un moyen de punition! 10 Que leurs yeux soient obscurcis pour ne pas voir, fais-leur courber constamment le dos!

1-10 Il demeurait un « reste », choisi parmi les Juifs croyants : ces âmes disposaient de la Justice et de la vie par la foi, en Jésus-Christ.

Ces Juifs ont été gardés par l’Éternel, conformément à leur « élection », par la Grâce : en conséquence, ils ne pouvaient donc être élus par les œuvres, quelles qu’elles soient !

Toute bonne disposition qui peut émaner d’une créature déchue ne lui est pas propre, elle n’est que la manifestation de la Grâce de Dieu. Le salut du premier jusqu’au dernier élu, ne provient, que de cette Grâce : la dette « payée » par Christ.

Les éléments mentionnés dans ce texte (la Grâce et les œuvres) sont si contradictoires, qu’ils ne peuvent pas être « amalgamés ». Dieu se glorifie en octroyant Sa Grâce : Elle change les cœurs et les esprits rebelles. Combien les âmes réceptrices doivent-elles alors s’en émerveiller, et apporter leurs louanges au Seigneur !

La nation juive était dans un « profond sommeil », sans perception réelle du danger qu’elle encourait, imprudemment ; les Juifs n’éprouvaient pas le besoin d’avoir un Sauveur, ils ne se doutaient même pas qu’ils étaient à la limite d’une ruine éternelle.

David, ayant par l’Esprit, dans le Psaumes 69, annoncé les souffrances de Christ, crucifié par Son propre peuple, les Juifs, prédit ensuite les terribles jugements divins à l’égard de cette nation.

Ceci nous apprend à comprendre plus facilement les autres prières que David exprima à l’encontre de ses ennemis ; il s’agit de prophéties inhérentes aux jugements de Dieu, sans être toutefois l’expression manifeste de Sa propre colère. Les malédictions divines dureront un certain temps : nous aurons les yeux obscurcis (verset 11:10*), tant que nous resterons tentés par ce que nous propose le monde …

* Référence ajoutée par le traducteur pour faciliter la compréhension du texte.

11 Je demande donc: «Serait-ce pour tomber que les Israélites ont trébuché?» Certainement pas! Mais grâce à leur faux pas, les non-Juifs ont eu accès au salut afin de provoquer leur jalousie. 12 Or, si leur faux pas a fait la richesse du monde et leur déchéance la richesse des non-Juifs, cela sera d’autant plus le cas avec leur complet rétablissement. 13 Je vous le dis, à vous qui êtes d'origine non juive: en tant qu'apôtre des non-Juifs, je me montre fier de mon ministère 14 afin, si possible, de provoquer la jalousie de mon peuple et d'en sauver quelques-uns. 15 En effet, si leur mise à l'écart a entraîné la réconciliation du monde, que produira leur réintégration, sinon le passage de la mort à la vie?

16 Or si la première part de pain est sainte, tout le pain l'est aussi; et si la racine est sainte, les branches le sont aussi. 17 Mais si quelques-unes des branches ont été coupées et si toi, qui étais un olivier sauvage, tu as été greffé parmi les branches restantes et tu es devenu participant de la racine et de la sève de l'olivier, 18 ne te vante pas aux dépens de ces branches. Si tu te vantes, sache que ce n'est pas toi qui portes la racine, mais que c'est la racine qui te porte.

19 Tu diras alors: «Des branches ont été coupées afin que moi je sois greffé.» 20 C'est vrai. Elles ont été retranchées à cause de leur incrédulité et toi, c’est par la foi que tu subsistes. Ne fais pas preuve d’orgueil, mais aie de la crainte, 21 car si Dieu n'a pas épargné les branches naturelles, il ne t'épargnera pas non plus.

11-21 En quelque lieu que ce soit, l’Évangile est la plus grande richesse que l’on puisse trouver : en conséquence, le juste rejet des Juifs incrédules fut pour un grand nombre de païens l’occasion d’être réconciliés avec Dieu, et d’avoir la paix en Lui ; l’accueil futur des Juifs, au sein de l’église, sera tel qu’il ressemblera à une véritable « résurrection commune », faisant passer ces âmes, de l’état de pécheresses, à une vie de justice !

Abraham était pour ainsi dire, l’origine, « la racine » de l’église. Les Juifs, par descendance, continuèrent à être les branches de cet « arbre spirituel », jusqu’à ce qu’en tant que nation, ils aient rejeté le Messie ; après cela, leur entité avec Abraham et leur relation avec Dieu leur furent ôtées. Les païens furent alors « greffés » à leur place, à cet arbre d’origine, étant ainsi admis dans l’église. Des multitudes « héritèrent » de la foi d’Abraham, de sa sainteté et de sa béatitude spirituelle.

Par nature, nous disposons d’un état « sauvage », étranger. La conversion ressemble à une greffe de branches sauvages, sur un bon olivier ; l’olivier sauvage est souvent greffé à un autre, qui lui, porte du fruit ; quand ce dernier commence à décroître, il retrouve alors de la vigueur, pour ensuite, fleurir et porter de nouveaux fruits.

Les païens, par la Grâce divine, ont été « greffés » pour partager les avantages de cette Grâce. Ils doivent donc se méfier de leur confiance en eux-mêmes, de toute fierté ou ambition personnelle au sujet de leur salut, de peur que n’ayant qu’une foi « morte », et un témoignage sans vie, ils ne soient « écartés » de Dieu, perdant ainsi tous leurs privilèges.

Si nous sommes debout, c’est par la foi ; nous sommes coupables, par nature, incapables de quoi que ce soit : sachons rester humbles, vigilants, ne nous dupons pas nous-mêmes, résistons à la tentation. Nous ne devons pas être simplement justifiés par la foi, mais nous devons être gardés jusqu’à la fin dans cet état de justification, toujours par la foi. Nous ne sommes pas seuls dans cette « ferme conviction » : cette dernière œuvre conjointement avec l’amour que nous éprouvons envers Dieu, et envers les hommes !

22 Considère donc la bonté et la sévérité de Dieu: sévérité envers ceux qui sont tombés et bonté envers toi, si tu demeures dans sa bonté; autrement, toi aussi tu seras retranché. 23 Quant aux Israélites, s'ils ne persistent pas dans l'incrédulité, ils seront greffés, car Dieu est puissant pour les greffer de nouveau. 24 Si toi, tu as été coupé de l'olivier sauvage auquel tu appartenais par nature et greffé contrairement à ta nature sur l'olivier cultivé, à plus forte raison eux seront-ils greffés conformément à leur nature sur leur propre olivier.

25 En effet, je ne veux pas, frères et sœurs, que vous ignoriez ce mystère, afin que vous ne vous preniez pas pour des sages: une partie d'Israël est tombée dans l'endurcissement jusqu'à ce que l'ensemble des non-Juifs soit entré. 26 Et ainsi tout Israël sera sauvé, comme le dit l’Ecriture: Le libérateur viendra de Sion et il écartera de Jacob les impiétés. 27 Et telle sera mon alliance avec eux, lorsque j'enlèverai leurs péchés.

28 En ce qui concerne l'Evangile, ils sont ennemis à cause de vous; mais en ce qui concerne l'élection, ils sont aimés à cause de leurs ancêtres. 29 En effet, les dons et l'appel de Dieu sont irrévocables. 30 De même que vous avez autrefois désobéi à Dieu et que vous avez maintenant obtenu grâce à cause de leur désobéissance, 31 de même ils ont maintenant désobéi afin d’obtenir eux aussi grâce à cause de la grâce qui vous a été faite, 32 car Dieu a enfermé tous les hommes dans la désobéissance pour faire grâce à tous.

22-32 De tous les jugements, ceux qui sont d’origine spirituelle sont les plus douloureux à subir : c’est de ceux-ci que l’apôtre parle ici. La restauration du peuple juif est, dans le cours vraisemblable des évènements, bien plus probable que « l’appel des païens » à devenir les enfants d’Abraham ; bien que d’autres (les nations) possèdent maintenant les privilèges spirituels d’Israël, cela n’empêchera pas ce dernier d’être admis de nouveau auprès de l’Éternel !

En repoussant l’Évangile, et par leur refus indigné à le prêcher aux païens, les Juifs sont devenus « ennemis » de Dieu ; ils doivent cependant être encore favorisés par égard envers leurs pères, vivant précédemment dans la piété. Néanmoins, pour le présent, Israël, par sa haine à l’encontre des païens, est encore opposé à l’Évangile ; mais quand le « temps imparti par Dieu » sera venu, ce qui ne saurait tarder, Son Amour initial envers les pères du peuple juif sera bien présent !

La Grâce véritable ne cherche pas à confiner la faveur de Dieu. Ceux qui bénéficient de Sa Miséricorde doivent s’efforcer de La partager, afin que d’autres en bénéficient aussi. Il ne s’agit pas de restaurer les Juifs dans leur précédent sacerdoce, avec les sacrificateurs, le temple, et leurs diverses cérémonies : tout cela est désormais terminé ; mais ils doivent être « conduits » à croire en Christ, le véritable Messie, Celui qu’ils ont crucifié, pour devenir membres du « troupeau des rachetés », avec les païens, Jésus étant le Grand Berger !

Les captivités d’Israël, sa dispersion, et son « rejet » de l’église, sont d’excellents pôles d’enseignements pour les croyants, en vue de leur éviter la pratique du mal ; la vigilance continuelle du Seigneur envers Israël, Sa Miséricorde finale à son égard et la restauration bénie* des Juifs témoignent bien de la Patience et l’Amour de Dieu !

* Remarque du traducteur : l’auteur, à la date de rédaction de ce commentaire (dix-septième siècle) ne savait pas que l’État d’Israël allait naître en mai 1948 !

33 Quelle profondeur ont la richesse, la sagesse et la connaissance de Dieu! Que ses jugements sont insondables, et ses voies impénétrables! En effet, 34 qui a connu la pensée du Seigneur, ou qui a été son conseiller? 35 Qui lui a donné le premier, pour être payé en retour?

36 C'est de lui, par lui et pour lui que sont toutes choses. A lui la gloire dans tous les siècles! Amen!

33-36 L’apôtre Paul connaissait aussi bien que quiconque, les mystères du « royaume de Dieu » : il confesse cependant être lui-même relativement dépassé par la grandeur divine ; sous forme allégorique, désespérant de trouver le « fond » de tels mystères, il s’assied humblement « au bord », pour en admirer la profondeur …

Ceux qui sont vraiment conscients de leurs limites, face à cette Majesté divine, sont les plus aptes à mesurer leur propre faiblesse. La Sagesse divine est non seulement insondable, mais elle est aussi pourvue de diverses richesses : on y rencontre avec abondance, tout ce qui est précieux, qui a de la valeur.

Les pensées du Seigneur sont parfaites : elles ne disposent pas uniquement de profondeur et de hauteur, mais aussi de largeur et de longueur, Ep 3:18.

Il y a une distance considérable et une grande disproportion entre Dieu et l’homme, entre le Créateur et la créature, nous fermant ainsi pour toujours la connaissance de Ses voies. Quel homme apprendra à Dieu, comment gouverner le monde ?

L’apôtre admire la souveraineté des délibérations divines. Tout ce qui est dans le ciel et sur la terre, en particulier, ce qui concerne notre salut, et ce qui nous procure la paix, a été créé par Dieu, par Sa Providence ; en final, toutes choses reviendront à Lui. Tout vient de Dieu : Il est la « Source » et la « Fontaine d’eau vive » de tout ce qui existe, au travers de Christ. Ceci concerne toutes les relations entre Dieu et Ses créatures ; si tout est de Lui, et à travers Lui, tout doit être à Lui, et pour Lui.

Dans tout ce qui est fait, la Gloire de Dieu doit en être la finalité : adorons-Le, en particulier quand nous mentionnons Sa Providence et Ses Œuvres. Dans le ciel, les saints ne se querellent jamais … ils louent le Seigneur en permanence !


Texte biblique de la Bible Version Segond 21
Copyright © 2007 Société Biblique de Genève
Reproduit avec aimable autorisation. Tous droits réservés.

Commentaires de Matthew Henry
Traduction française par Dominique Osché.
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