Livres de la Bible



Hébreux 12

Introduction de Matthew Henry

* Une exhortation à être constant et à persévérer. L’exemple de Christ est exposé, ainsi que le dessein gracieux de Dieu dans toutes les souffrances que les croyants ont endurées (1-11). La paix et la sainteté sont recommandées, avec des mises en garde contre le mépris des bénédictions spirituelles (12-17). La dispensation du Nouveau Testament est montrée comme étant bien plus excellente que celle de l’Ancien (18-29).


Persévérer dans la vie chrétienne

1 Nous donc aussi, puisque nous sommes entourés d'une si grande nuée de témoins, rejetons tout fardeau et le péché qui nous enveloppe si facilement, et courons avec persévérance l'épreuve qui nous est proposée. 2 Faisons-le en gardant les regards sur Jésus, qui fait naître la foi et la mène à la perfection. En échange de la joie qui lui était réservée, il a souffert la croix en méprisant la honte qui s’y attachait et il s’est assis à la droite du trône de Dieu. 3 Pensez en effet à celui qui a supporté une telle opposition contre lui de la part des pécheurs, afin de ne pas vous laisser abattre par le découragement.

4 Vous n'avez pas encore résisté jusqu'au sang dans votre combat contre le péché 5 et vous avez oublié l’encouragement qui vous est adressé comme à des fils: Mon fils, ne méprise pas la correction du Seigneur et ne perds pas courage lorsqu'il te reprend. 6 En effet, le Seigneur corrige celui qu'il aime et il punit tous ceux qu'il reconnaît comme ses fils.

7 Supportez la correction: c'est comme des fils que Dieu vous traite. Quel est le fils qu'un père ne corrige pas? 8 Mais si vous êtes dispensés de la correction à laquelle tous ont part, c’est donc que vous êtes des enfants illégitimes et non des fils. 9 D'ailleurs, puisque nos pères terrestres nous ont corrigés et que nous les avons respectés, ne devons-nous pas d’autant plus nous soumettre à notre Père céleste pour avoir la vie? 10 Nos pères nous corrigeaient pour un peu de temps, comme ils le trouvaient bon, tandis que Dieu le fait pour notre bien, afin que nous participions à sa sainteté. 11 Certes, au premier abord, toute correction semble un sujet de tristesse, et non de joie, mais elle produit plus tard chez ceux qu’elle a ainsi exercés un fruit porteur de paix: la justice.

1-11 L’obéissance persévérante de la foi en Christ, était la course que devaient effectuer les Hébreux, course dans laquelle il est possible de gagner soit la couronne de gloire, soit la misère éternelle ; et cette course est devant nous. Par le péché qui nous enveloppe si facilement, nous devons comprendre ce péché auquel beaucoup d’entre nous sont prompts, ou à celui auquel nous sommes le plus exposés, par habitude, par l’âge, ou les circonstances. C’est là une exhortation très importante ; car tant que le péché chéri d’un homme reste ce qu’il est, qu’il n’est pas subjugué, il l’empêchera de courir la course chrétienne, lui ôtera toute motivation pour courir, et laissera la place à chaque découragement. Que ceux qui sont fatigués, et faibles dans leurs esprits se rappellent que Jésus, le Saint, a souffert, pour les sauver de la misère éternelle. En regardant fermement à Jésus, leurs pensées fortifieraient de saintes affections, et les garderaient de leurs désirs charnels. Prenons le plus fréquemment possible Jésus en considération. Que sont nos petites épreuves par rapport à ses agonies, ou même que sont nos déserts ? Que sont nos souffrances par rapport à celles de beaucoup d’autres ? Il y a quelquefois une inclination chez les croyants à accroître leurs faiblesses, et à s’évanouir sous les épreuves et les afflictions ; ceci provient de l’imperfection de la grâce et des restes de la corruption. Les chrétiens ne doivent pas faiblir sous leurs épreuves. Bien que leurs ennemis et leurs persécuteurs puissent être des instruments pour leur infliger des souffrances, il s’agit cependant de châtiments divins ; leur Père céleste a sa main sur tout, et sa sagesse aura réponse à tout. Ils ne doivent pas mettre en avant ces afflictions, et ne pas perdre courage dans les épreuves, car elles sont la main et le bâton de Dieu, et sont ses réprimandes pour le péché. Ils ne doivent pas se décourager et couler sous les épreuves, ni se tourmenter, mais ils doivent les supporter avec foi et patience. Dieu peut permettre aux autres de rester dans leurs péchés, mais il corrigera le péché dans ses propres enfants. En faisant cela, il agit comme étant un père. Nos parents terrestres peuvent quelquefois nous châtier pour satisfaire leur sentiment plutôt que pour réformer nos manières. Mais le Père de nos âmes ne veut jamais par plaisir chagriner ni affliger ses enfants. Il le fait toujours pour notre profit. Notre vie entière est sur terre dans un état d’enfance, et imparfaite ainsi aux choses spirituelles ; et nous devons donc nous soumettre à la discipline d’un tel état. Quand nous serons parvenus à un état parfait nous serons réconciliés complètement avec le châtiment de Dieu qui nous est maintenant infligé. Le châtiment de Dieu n’est pas la condamnation ; celui qui est châtié peut être porté avec patience, et grandement amené à la sainteté. Apprenons alors à considérer les afflictions qui nous sont apportées par la malice des hommes comme des corrections envoyées par notre Père sage et gracieux, pour notre bien spirituel.

12 Fortifiez donc vos mains défaillantes et vos genoux flageolants 13 et faites des voies droites pour vos pieds , afin que ce qui est boiteux ne se démette pas mais plutôt soit guéri. 14 Recherchez la paix avec tous et la progression dans la sainteté: sans elle, personne ne verra le Seigneur. 15 Veillez à ce que personne ne se prive de la grâce de Dieu, à ce qu'aucune racine d'amertume, produisant des rejetons, ne cause du trouble et que beaucoup n’en soient infectés. 16 Veillez à ce qu’aucun de vous ne fasse preuve d’immoralité sexuelle ou ne se montre profanateur comme Esaü, qui pour un seul repas a vendu son droit d'aînesse . 17 Vous savez que plus tard il a voulu obtenir la bénédiction mais a été rejeté; en effet, il n’a pas pu amener son père à changer d'attitude, bien qu’il l’ait cherché avec larmes.

12-17 Un fardeau de détresse est capable de faire baisser les bras des chrétiens, d’affaiblir ses mains et ses genoux, de le déstabiliser et le décourager ; mais contre cela il doit lutter, afin de bien courir sa course spirituelle. La foi et la patience permettent aux croyants de rechercher la paix et la sanctification, comme un homme qui suit constamment sa vocation, avec diligence et avec plaisir. La paix avec les hommes, de toutes confessions et de tous partis, sera favorable à notre recherche de la sainteté. Mais la paix et la sainteté vont de pair ; il ne peut y avoir de juste paix sans la sainteté. Là où se trouvent des personnes qui n’ont pas la véritable grâce de Dieu, la corruption prédominera et éclatera ; prenons garde au moindre péché qui est resté caché dans le cœur, qui semble mort, mais qui rejaillira pour troubler et déranger le corps entier. S’éloigner de Christ est le fruit de ceux qui préfèrent les joies de la chair à la bénédiction de Dieu et à l’héritage céleste, comme l’a fait Ésaü. Mais les pécheurs n’auront pas toujours de tels moyens de recevoir la bénédiction divine et l’héritage, comme ils les ont maintenant. Ce serait bien en accord avec l’humeur de l’homme profane que de désirer la bénédiction, tout en méprisant les moyens par lesquels la bénédiction doit être obtenue. Mais Dieu ne veut pas séparer les moyens de la bénédiction, ni joindre la bénédiction à la satisfaction des convoitises de l’homme. Lorsque l’on recherche la miséricorde et la bénédiction de Dieu avec un soin attentif, on les obtient toujours.

18 Vous ne vous êtes pas approchés d'une montagne qu'on pouvait toucher et qui était embrasée par le feu, ni de l'obscurité, ni des ténèbres, ni de la tempête, 19 ni du retentissement de la trompette, ni du bruit des paroles. Ce bruit était tel que ceux qui l'ont entendu ont refusé qu’il leur soit adressé un mot de plus. 20 Ils ne supportaient pas, en effet, cette consigne: Si même une bête touche la montagne, elle sera lapidée. 21 Le spectacle était si terrifiant que Moïse a dit: Je suis épouvanté et tremblant de peur!

22 Au contraire, vous vous êtes approchés du mont Sion, de la cité du Dieu vivant, la Jérusalem céleste, et ses dizaines de milliers d'anges 23 en fête, de l'assemblée des premiers-nés inscrits dans le ciel. Vous vous êtes approchés de Dieu qui est le juge de tous, des esprits des justes parvenus à la perfection, 24 de Jésus, qui est le médiateur d'une alliance nouvelle, et du sang purificateur porteur d’un meilleur message que celui d'Abel.

25 Faites attention! Ne refusez pas d’écouter celui qui parle. En effet, les hommes qui ont rejeté celui qui les avertissait sur la terre n'en ont pas réchappé. Combien moins échapperons-nous si nous nous détournons de celui qui parle du haut du ciel! 26 Lui dont la voix avait alors ébranlé la terre, il a maintenant fait cette promesse: Une fois encore je fais trembler non seulement la terre, mais aussi le ciel. 27 Les mots une fois encore indiquent bien que les choses qui, appartenant au monde créé, peuvent être ébranlées disparaîtront, afin que celles qui sont inébranlables subsistent. 28 C'est pourquoi, puisque nous recevons un royaume inébranlable, attachons-nous à la grâce qui nous permet de rendre à Dieu un culte qui lui soit agréable, avec respect et avec piété. 29 Notre Dieu est en effet un feu dévorant .

18-29 La montagne du Sinaï, sur laquelle l’église juive fut formée, était une montagne que l’on aurait pu toucher, mais il était pourtant interdit de le faire ; ainsi, la dispensation mosaïque se trouvait plus dans les choses extérieures et terrestres. L’état de l’Évangile est doux et condescendant, et convient à notre faible nature. Sous l’Évangile tous peuvent venir avec hardiesse dans la présence de Dieu. Mais le plus saint serait désespéré s’il était jugé selon la loi sainte du Sinaï, sans un Sauveur. L’église de l’Évangile est appelée la montagne de Sion ; là, les croyants ont des vues plus claires du ciel, et un calme plus céleste de l’âme. Tous les enfants de Dieu sont des héritiers, et chacun a les privilèges du premier-né. Supposons qu’une âme rejoigne cette assemblée et cette église si glorieuses qui sont là-haut, et qu’elle soit cependant étrangère à Dieu, avec encore un esprit charnel, aimant ce présent monde et son état des choses, regardant vers ce monde avec un œil d’envie, que cette âme soit pleine de fierté et de mensonge, remplie de convoitises ; une telle âme semblerait s’être trompée de chemin, de lieu, d’état, et de compagnie. Ce serait déplaisant pour elle et tout l’environnement. Christ est le Médiateur de cette nouvelle alliance, entre Dieu et l’homme, pour les amener ensemble dans cette alliance ; pour les garder ensemble ; pour plaider avec Dieu pour nous, et pour plaider avec nous pour Dieu ; et pour que finalement Dieu et son peuple soient ensemble dans le ciel. Cette alliance est rendue ferme par le sang de Christ répandu sur nos consciences, comme le sang du sacrifice a été répandu sur l’autel et la victime. Ce sang de Christ parle au nom des pécheurs ; il ne plaide pas pour la vengeance, mais pour la miséricorde. Veillez alors de ne pas refuser son appel gracieux et le salut qui est offert. Veillez à ne pas refuser Celui qui parle du haut des cieux, avec une tendresse et un amour infinis ; car comment pourront s’échapper ceux qui se détournent de Dieu dans l’incrédulité ou l’apostasie, pendant qu’il les implore avec tant de grâce d’être réconciliés, et de recevoir son éternelle faveur ! La relation de Dieu avec les hommes sous l’Évangile, sur un chemin de grâce, nous assure qu’il traitera avec ceux qui méprisent l’Évangile sur un chemin de jugement. Nous ne pouvons pas adorer Dieu d’une manière acceptable si nous ne l’adorons avec vénération et une crainte pieuse. C’est seulement la grâce de Dieu qui nous permet d’adorer Dieu d’une manière correcte. Dieu est le même Dieu juste et vertueux sous l’Évangile que sous la loi. L’héritage des croyants leur est assuré ; et toutes les choses qui appartiennent au salut sont données gratuitement en réponse à la prière. Recherchons la grâce, pour que nous puissions servir Dieu avec vénération et crainte.


Texte biblique de la Bible Version Segond 21
Copyright © 2007 Société Biblique de Genève
Reproduit avec aimable autorisation. Tous droits réservés.

Commentaires de Matthew Henry
Traduction française par Dominique Osché.
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