Livres de la Bible



Nombres 14

Introduction de Matthew Henry

* Le peuple murmure contre Moïse et Aaron, suite au rapport des espions (1-4). Josué et Caleb tentent de calmer le peuple (5-10). Les menaces divines, l’intercession de Moïse (11-19). Ceux qui ont contesté, sont interdits d’entrer dans la terre promise (20-35). La mort des espions qui avaient décrié le pays (36-39). La défaite du peuple, face aux Amalécites et aux Cananéens ; Israël décide alors d’envahir le pays (40-45).


Cause du séjour de 40 ans dans le désert

1 Toute l'assemblée se souleva et poussa des cris, et le peuple pleura pendant la nuit. 2 Tous les Israélites murmurèrent contre Moïse et Aaron, et toute l'assemblée leur dit: «Si seulement nous étions morts en Egypte ou dans ce désert! 3 Pourquoi l'Eternel nous fait-il aller dans ce pays où nous tomberons par l'épée, où nos femmes et nos petits enfants deviendront une proie? Ne vaut-il pas mieux pour nous retourner en Egypte?» 4 Et ils se dirent l'un à l'autre: «Nommons un chef et retournons en Egypte.»

1-4 Ceux qui ne placent pas leur confiance en Dieu, sont en lutte perpétuelle. Les douleurs de ce monde ne peuvent engendrer que la mort. Les Israélites murmurèrent contre Moïse et Aaron, et finalement, contre Dieu Lui-même. Dans leur mécontentement, ils ont tourné leurs regards vers le passé.

Notez au passage la colère engendrée par les passions immodérées, qui ne peuvent mener les hommes que là où leur nature prodigue les conduit ! Ils préfèrent plutôt mourir en tant que « criminels », aux yeux de la Justice divine, alors qu’ils pourraient être de véritables conquérants, grâce à cette justice. En fait, le peuple décida de retourner en Égypte plutôt que de poursuivre sa route vers Canaan.

Ceux qui ne marchent pas selon les ordonnances divines courent à leur ruine. Pourraient-ils espérer, dans cette marche sans issue, que la « Nuée » de Dieu les conduise, ou que la « Manne » les nourrisse ? Si nous admettons que les difficultés annoncées dans le pays de Canaan s’avéraient exactes, combien pires seraient celles qui attendraient ceux qui voulaient retourner en Égypte !

Nous nous plaignons souvent de notre situation et de notre sort : nous voulons toujours du changement ; mais se trouve-t-il un lieu ou une condition dans ce monde qui puisse nous convenir parfaitement ? La seule façon d’améliorer notre situation est de diriger nos esprits vers une voie dictée par Dieu.

Observez la folie de ceux qui s’éloignent de ces voies divines. Ces hommes s’orientent alors vers les conséquences fatales du péché.

5 Moïse et Aaron tombèrent le visage contre terre devant toute l'assemblée réunie des Israélites. 6 Membres de l’équipe qui avait exploré le pays, Josué, fils de Nun, et Caleb, fils de Jephunné, déchirèrent leurs vêtements 7 et dirent à toute l'assemblée des Israélites: «Le pays que nous avons parcouru pour l'explorer est un pays très bon, excellent. 8 Si l'Eternel nous est favorable, il nous y conduira et nous le donnera. C'est un pays où coulent le lait et le miel. 9 Seulement, ne vous révoltez pas contre l'Eternel et n’ayez pas peur des habitants de ce pays, car nous ne ferons d’eux qu’une bouchée. Ils n'ont plus de protection et l'Eternel est avec nous. N’ayez pas peur d’eux!»

10 Toute l'assemblée parlait de les lapider lorsque la gloire de l'Eternel apparut sur la tente de la rencontre, devant tous les Israélites.

5-10 Moïse et Aaron étaient vraiment déçus de voir le peuple mépriser les grâces qui lui étaient promises par l’Éternel. Caleb et Josué insistèrent auprès des enfants d’Israël pour leur dire combien ce pays de Canaan était merveilleux. Ils ne mentionnèrent absolument pas les difficultés qu’Israël pourrait rencontrer pour la conquête de ce beau pays. Si les hommes étaient convaincus d’obtenir par la piété beaucoup de choses désirables, ils ne persévèreraient pas à s’attacher aux choses vaines de ce monde. Bien que les Cananéens fussent dans des villes fortifiées, leur défense avait des failles. Les autres espions remarquèrent, d’une part, la force de ce peuple, mais également sa méchanceté. Aucun peuple n’est en sécurité, après avoir provoqué l’éloignement de Dieu. Malgré le fait qu’Israël demeurait dans des tentes, il était assez puissant.

Tant que nous avons Dieu avec nous, nous nous ne devons pas craindre les puissances adverses, quelle qu’en soit la force. Les pécheurs courent à leur perte à cause de leur rébellion. Mais ceux qui, comme Caleb et Josué, se confient en Dieu sont sûrs d’être sous Sa protection particulière : ils seront alors soustraits à la fureur des hommes, qu’ils soient ici-bas ou dans les cieux !

11 L'Eternel dit à Moïse: «Jusqu'à quand ce peuple me méprisera-t-il? Jusqu'à quand ne croira-t-il pas en moi, malgré tous les signes que j'ai accomplis au milieu de lui? 12 Je le frapperai par la peste et je le détruirai, mais je ferai de toi une nation plus grande et plus puissante que lui.»

13 Moïse dit à l'Eternel: «Les Egyptiens ont appris que tu as fait sortir ce peuple de chez eux par ta puissance, 14 et ils l’ont dit aux habitants de ce pays. Ils ont appris que toi, l'Eternel, tu es au milieu de ce peuple, que tu apparais visiblement, toi, l'Eternel, que ta nuée se tient sur lui, que tu marches devant lui le jour dans une colonne de nuée, et la nuit dans une colonne de feu. 15 Si tu fais mourir ce peuple d’un seul coup, les nations qui ont entendu parler de toi diront: 16 ‘L'Eternel n'avait pas le pouvoir de conduire ce peuple dans le pays qu'il avait juré de lui donner; c'est pour cela qu'il l'a exterminé dans le désert.’ 17 Maintenant, que la puissance du Seigneur se montre dans sa grandeur, conformément à ce que tu as déclaré: 18 ‘L'Eternel est lent à la colère et riche en bonté, il pardonne la faute et la révolte, mais il ne traite pas le coupable en innocent et il punit la faute des pères sur les enfants jusqu'à la troisième et la quatrième génération.’ 19 Pardonne la faute de ce peuple, conformément à la grandeur de ta bonté, tout comme tu lui as pardonné depuis l'Egypte jusqu'ici.»

11-19 Moïse intercède humblement auprès de Dieu, en faveur d’Israël. C’est en quelque sorte, une image de Christ, qui intercède également auprès du Père, pour ceux qui s’écartent du droit chemin. Si le péché d’une nation est pardonné, cette dernière sera délivrée de la punition céleste promise ; c’est pour cette raison que Moïse est si fervent dans son dialogue avec Dieu : le patriarche insiste auprès de l’Éternel, pour que Celui-ci, dans Sa Grâce, pardonne le péché du peuple d’Israël.

20 L'Eternel dit: «Je pardonne comme tu l'as demandé, 21 mais je suis vivant et la gloire de l'Eternel remplira toute la terre. 22 Ces hommes ont vu ma gloire et les signes que j'ai accomplis en Egypte et dans le désert, ils m'ont provoqué déjà 10 fois et ne m’ont pas écouté: 23 aucun d’eux ne verra le pays que j'ai juré à leurs ancêtres de leur donner. Aucun de ceux qui m'ont méprisé ne le verra. 24 Quant à mon serviteur Caleb, parce qu’il a été animé d'un autre esprit et qu'il a pleinement suivi ma voie, je le ferai entrer dans le pays où il est allé et sa descendance le possédera. 25 Les Amalécites et les Cananéens habitent la vallée. Demain, tournez-vous et partez pour le désert, dans la direction de la mer des Roseaux.»

26 L'Eternel dit à Moïse et à Aaron: 27 «Jusqu'à quand laisserai-je cette méchante assemblée murmurer contre moi? J'ai entendu les plaintes des Israélites qui murmuraient contre moi. 28 Annonce-leur: ‘Aussi vrai que je suis vivant, déclare l'Eternel, je vous ferai exactement ce que je vous ai entendus dire: 29 vos cadavres tomberont dans ce désert. Vous tous, dont on a fait le dénombrement en vous comptant depuis l'âge de 20 ans et au-dessus et qui avez murmuré contre moi, 30 vous n'entrerez pas dans le pays que j'avais juré de vous faire habiter. Aucun de vous n’y entrera, excepté Caleb, fils de Jephunné, et Josué, fils de Nun. 31 Quant à vos petits enfants, eux dont vous avez dit qu’ils deviendraient une proie, je les y ferai entrer et ils connaîtront le pays que vous avez dédaigné. 32 Vos cadavres, à vous, tomberont dans le désert, 33 et vos enfants seront nomades pendant 40 ans dans le désert. Ils supporteront les conséquences de vos infidélités jusqu'à ce que tous vos cadavres soient tombés dans le désert. 34 Vous avez mis 40 jours à explorer le pays, vous supporterez donc les conséquences de vos fautes pendant 40 ans, une année pour chaque jour. Ainsi vous saurez ce que c'est que d'être privé de ma présence.’ 35 Moi, l'Eternel, j'ai parlé et c'est ainsi que je traiterai cette méchante assemblée qui s'est réunie contre moi: ils seront détruits dans ce désert, ils y mourront.»

20-35 L’Éternel tient compte de la prière de Moïse, Il renonce à détruire la tribu d’Israël. Mais l’incrédulité du peuple, face aux promesses divines, le prive de toute bénédiction. Ceux qui méprisent la « terre promise » par Dieu, seront retranchés et n’y parviendront jamais. La promesse divine s’accomplira en fait sur la génération suivante du peuple d’Israël. Ce dernier s’écria bien : « Que ne sommes-nous morts dans le désert » ! À cause de ce manque de confiance, Dieu les mena à la ruine, en les prenant au mot : leurs dépouilles tombèrent dans le désert. Le peuple gémit sous le poids de son propre péché, incapable de le supporter.

Si les promesses de Dieu à notre égard ne s’accomplissent pas, c’est à cause de notre péché ; Dieu ne nous délaissera jamais, à moins que nous ne L’abandonnions en premier ; les conséquences d’une telle situation ne conduisent qu’à la ruine. La génération suivante du peuple (ceux qui n’avaient pas encore vingt ans et qui étaient les plus vulnérables) sera celle qui entrera dans le pays promis. Dieu voulait ainsi bien différencier les fautifs des innocents : il fit périr le peuple dans le désert, sans toutefois toucher à ses enfants.

Un tel Dieu, dans Son Amour merveilleux, n’aurait jamais pu retrancher totalement Son peuple !

36 Les hommes que Moïse avait envoyés pour explorer le pays et qui, à leur retour, avaient fait murmurer toute l'assemblée contre lui en dénigrant le pays, 37 ces hommes qui avaient dénigré le pays moururent frappés d'un fléau devant l'Eternel. 38 Josué, fils de Nun, et Caleb, fils de Jephunné, furent les seuls à rester en vie parmi les hommes partis explorer le pays.

39 Moïse rapporta ces paroles à tous les Israélites et le peuple mena grand deuil.

36-39 Nous voyons dans ce texte la mort subite des dix espions qui dénigrèrent le pays de Canaan. Leur péché consista en effet à décrier la terre promise.

Ceux qui dénaturent tout ce qui touche à la piété, en poussant les hommes à détester cette dernière ou qui saisissent chaque opportunité pour agir de la sorte, constituent en fait contre Dieu, une grande provocation.

Tous ceux qui murmurent contre l’Éternel seront affligés. S’ils sont par contre, contrits devant leur péché, Dieu, dans Sa Fidélité, au lieu de les réprouver, les sauvera : la sentence divine finale sera alors levée ; mais si ces fautifs persistent à déplorer le jugement divin, sans reconnaître leurs iniquités, ils courent à leur perte.

Il y a en enfer beaucoup d’âmes qui pleurent à ce sujet ; leurs larmes ne pourront pas les désaltérer ni même simplement rafraîchir leur langue !

40 Ils se levèrent de bon matin et montèrent au sommet de la montagne en disant: «Nous voici! Nous monterons à l’endroit dont l'Eternel a parlé. En effet, nous avons péché.» 41 Moïse dit: «Pourquoi enfreignez-vous l'ordre de l'Eternel? Cela ne réussira pas. 42 Ne montez pas, car l'Eternel n'est pas au milieu de vous. Ne vous faites pas battre par vos ennemis. 43 En effet, les Amalécites et les Cananéens sont là devant vous et vous tomberez par l'épée. Puisque vous vous êtes détournés de lui, l'Eternel ne sera pas avec vous.» 44 Ils s'obstinèrent à monter au sommet de la montagne, tandis que l'arche de l'alliance et Moïse ne quittaient pas le camp. 45 Alors les Amalécites et les Cananéens qui habitaient cette montagne descendirent; ils les battirent et les taillèrent en pièces jusqu'à Horma.

40-45 Certains des Israélites voulurent résolument aller en Canaan. Mais ce fut trop tard. Si les hommes étaient aussi sérieux et constants dans leurs voies, qu’ils le seront nécessairement dans l’au-delà, plus tard, que de bénédictions ils recevraient ! C’est en effet un péché que de ne pas accomplir son devoir au moment requis, et dans un tel cas, il ne faut pas espérer une quelconque protection divine : on se dirige alors vers une situation périlleuse.

Dieu voulut diriger le peuple vers la terre promise, mais ce dernier refusa d’obtempérer ; l’Éternel désira ensuite l’empêcher de s’avancer contre ses ennemis, Israël décida alors d’attaquer !

De tels agissements traduisent bien l’inimitié de l’homme, contre Dieu. Israël n’a pas placé sa confiance en la Force divine, et a compté uniquement sur sa propre puissance : l’attaque contre les Amalécites et les Cananéens tourna évidemment au drame. La sentence divine s’accomplit et les corps des Hébreux tombèrent dans le désert.

Aucune affaire ne peut être bien menée, si elle débute dans le péché. La seule façon d’être en paix avec notre prochain et de vaincre nos ennemis est d’avoir Dieu pour Ami, et de rester au bénéfice de Son Amour.

Soyons bien attentifs, dans ce texte, au destin d’Israël, de peur que nous ne périssions ainsi, à cause de notre incrédulité. Allons de l’avant, par la Grâce de Dieu, par Sa Puissance, selon Ses Promesses et la Vérité ; Il sera alors avec nous et mènera nos âmes vers le repos éternel !


Texte biblique de la Bible Version Segond 21
Copyright © 2007 Société Biblique de Genève
Reproduit avec aimable autorisation. Tous droits réservés.

Commentaires de Matthew Henry
Traduction française par Dominique Osché.
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