* Job réprimande ses amis (1-5). Il trouve que sa situation est pitoyable (6-16). Job clame son innocence (17-22).
1 Job prit la parole et dit: 2 «J'ai entendu beaucoup de propos semblables. Vous êtes tous des consolateurs pénibles. 3 Quand finiront ces discours qui ne sont que du vent? Pourquoi cette irritation dans tes réponses? 4 Moi aussi, je pourrais parler comme vous, si vous étiez à ma place: j’alignerais les discours contre vous, je hocherais la tête sur vous, 5 je vous fortifierais par mes paroles, le mouvement de mes lèvres vous apporterait du soulagement.
1-5 Éliphaz a avancé que les discours de Job n’apportaient rien de constructif, qu’ils étaient hors du sujet débattu jusqu’à présent ; Job, de son côté, estimait que les paroles d’Éliphaz avaient le même caractère. Ceux qui émettent des critiques doivent s’attendre à recevoir des répliques ; il est facile de juger, mais c’est parfois inutile : quel bien cela peut-il procurer réellement ? Les réponses violentes excitent les passions des hommes, mais en fait, ne les convainquent jamais, et ne font jamais ressortir une vérité claire.
Ce que Job indique au sujet de ses amis, aux yeux de Dieu, s’applique à tout le monde ; un jour ou l’autre, nous serons confrontés à ce rôle de consolateurs infortunés. Quand nous sommes en état de conviction de péché, la conscience terrorisée, ou aux portes de la mort, seul l’Esprit de bénédiction peut nous soulager efficacement ; tous ceux qui se passent de l’Esprit ne peuvent être que malheureux, sans aucun but.
Quelles que puissent être les douleurs de nos frères, nous devons, par sympathie, faire cas de leurs problèmes ; bien vite, ils sauront alors l’apprécier !
6 »Si je parle, ma souffrance n’est pas soulagée, si je me tais, elle ne s’en ira pas loin de moi. 7 Maintenant, hélas, il m'a épuisé. Tu as dévasté tous les miens. 8 Tu m'as creusé des rides qui témoignent contre moi. Ma maigreur se dresse contre moi et m'accuse en face.
9 »Sa colère me déchire et s’attaque à moi, il grince des dents contre moi. Mon adversaire me transperce de son regard. 10 Ils ouvrent la bouche contre moi, ils m'insultent et me frappent les joues, ils s’attroupent contre moi.
11 »Dieu m’a livré au pouvoir d’un gamin, il me jette entre les mains des méchants. 12 J'étais tranquille et il m'a secoué. Il m'a attrapé par la nuque et m'a brisé, il m’a redressé et me prend pour cible. 13 Ses flèches m'environnent. Il me transperce les reins sans aucune pitié, il verse ma bile par terre. 14 Il fait en moi brèche sur brèche, il se précipite sur moi comme un guerrier. 15 J'ai cousu un sac sur ma peau, j'ai traîné ma fierté dans la poussière. 16 Mon visage est enflammé à force de pleurer, l'ombre de la mort est sur mes paupières.
6-16 Nous sommes ici face aux plaintes lugubres de Job. Nous pouvons bénir Dieu, de ne pas avoir à Lui présenter de telles doléances ! Pas même les hommes bons, lors de grandes douleurs, n’éprouvent autant d’anxiété au point d’avoir des pensées rebelles contre Dieu. Éliphaz trouvait que Job était assez hautain, malgré son affliction. Job a nié ce fait, sachant qu’une meilleure destinée l’attendait : « la poussière est désormais l’endroit qui me convient le mieux ».
En cela, il nous rappelle Christ, homme de douleurs, bénissant ceux qui pleurent, en vue de les soulager.
17 Pourtant, je n'ai commis aucune violence et ma prière a toujours été pure.
18 »Terre, ne couvre pas mon sang, que mon cri ne reste pas cantonné à un endroit! 19 Déjà maintenant, mon témoin est dans le ciel, mon défenseur est dans les lieux élevés. 20 Mes amis se moquent de moi? C'est Dieu que j'implore avec larmes. 21 Puisse-t-il être l’arbitre entre l'homme et Dieu, entre l’être humain et son ami! 22 En effet, encore quelques années seulement et je m'en irai par un sentier d'où je ne reviendrai pas.
17-22 L’état de Job était vraiment déplorable ; par contre, il bénéficiait du témoignage favorable de sa conscience, ce qui lui a toujours permis d’éviter de céder à la tentation du moindre péché. Nul autre que le patriarche n’était davantage prêt à reconnaître son infirmité, face au péché.
Éliphaz l’a accusé d’être hypocrite, par contre, il souligne la sincérité de sa prière, cette grande possibilité de s’adresser à Dieu ; il professe qu’en cela, Job était pur, malgré son imperfection. Ce dernier a eu un Dieu vers Lequel il pouvait se tourner, ne doutant pas qu’Il prenait en pleine considération, toutes ses douleurs. Ceux qui versent des larmes devant Dieu, malgré le fait qu’elles n’ont aucun pouvoir pour attirer Sa bonté, en raison de leur péché, ont un Ami capable de plaider pour eux : le Fils de l’homme, sur qui ils doivent fonder tous leurs espoirs pour faire accepter leur présence devant le trône céleste. Mourir, c’est se diriger vers une voie sans retour.
Nous devons tous, très certainement et assez rapidement, faire ce « voyage ». Le Sauveur ne devrait-il pas être en conséquence indispensable à nos âmes ? À quel point devrions-nous être prêts à Lui obéir et souffrir pour Sa cause ! Si nos consciences sont inondées de Son sang rédempteur et témoignent que nous ne vivons plus dans le péché ou l’hypocrisie, quand nous nous dirigeons vers un but sans chercher à rebrousser chemin, nous sommes alors comme libérés de prison, en direction de la porte du bonheur éternel.