* Paul se déclare comme étant apôtre des Gentils (1-10). Il s’est opposé publiquement à Pierre pour son judaïsme (11-14). Et de là il est entré dans la doctrine de la justification par la foi en Christ, sans les œuvres de la loi (15-21).
1 Quatorze ans plus tard, je suis monté de nouveau à Jérusalem avec Barnabas; j'avais aussi pris Tite avec moi. 2 J’y suis monté à la suite d'une révélation et je leur ai présenté l'Evangile que je prêche parmi les non-Juifs; je l'ai exposé en privé à ceux qui sont les plus considérés afin de ne pas courir ou avoir couru pour rien. 3 Or Tite, qui était avec moi et qui est grec, n’a même pas été contraint de se faire circoncire, 4 malgré les prétendus frères qui s'étaient furtivement glissés parmi nous pour épier la liberté que nous avons en Jésus-Christ, avec l'intention de nous asservir. 5 Nous ne leur avons pas cédé un seul instant, afin que la vérité de l'Evangile soit maintenue pour vous. 6 Quant à ceux qui sont les plus considérés – ce qu'ils étaient autrefois m’importe peu, Dieu ne fait pas de favoritisme – ils ne m'ont rien imposé de plus. 7 Au contraire, ils ont vu que l'Evangile m'avait été confié pour les incirconcis comme à Pierre pour les circoncis 8 – car celui qui a fait de Pierre l'apôtre des circoncis a aussi fait de moi l'apôtre des non-Juifs – 9 et ils ont reconnu la grâce qui m'avait été accordée. Jacques, Céphas et Jean, qui sont considérés comme des piliers, nous ont alors donné la main d'association, à Barnabas et à moi, afin que nous allions, nous vers les non-Juifs, eux vers les circoncis. 10 Ils nous ont seulement recommandé de nous souvenir des pauvres, ce que j'ai eu bien soin de faire.
1-10 Observez la fidélité de l’apôtre qui donne une pleine mesure de la doctrine qu’il avait prêchée parmi les Gentils, et se résout encore à donner, à savoir le Christianisme, dénué de tout mélange avec le Judaïsme. Cette doctrine pouvait paraître ingrate pour beaucoup, cependant il n’était pas effrayé de la posséder. Son attention portait moins sur le succès passé et amoindri, que sur son utilité future qui ne devait pas être entravée. Bien que nous dépendions simplement de Dieu quant au succès de notre travail, nous devons utiliser toute la prudence adéquate pour éviter les erreurs, et les oppositions. Il y a des choses qui peuvent être accomplies conformément à la loi, cependant, quand elles ne peuvent être faites sans trahir la vérité, elles doivent être refusées. Ne donnons pas notre approbation à toute conduite, à moins qu’elle ne reflète la vérité de l’Évangile. Quoi que Paul ait dit avec les autres apôtres, il n’a pas acquis de connaissance supplémentaire ou d’autorité de leur part. Considérant bien la grâce qui lui était donnée, ils lui ont montré ainsi qu’à Barnabas toute leur camaraderie, en ce qu’ils ont reconnu qu’il était destiné au rôle d’apôtre aussi bien qu’eux. Ils ont convenu qu’ils devaient aller tous les deux vers les païens, pendant qu’eux-mêmes ont continué de prêcher aux Juifs ; une telle décision, dans la division de leur travail, devait être approuvée par Christ. Nous apprenons ici que l’Évangile n’est pas le nôtre, mais celui de Dieu ; et que les hommes n’en sont que les gardiens. En cela nous sommes tenus de louer Dieu. L’apôtre a montré sa disposition charitable, et combien il était prêt à accueillir les juifs convertis en tant que frères, quoique beaucoup permettaient à peine qu’on leur donne une telle faveur ; mais cette simple divergence d’opinions ne changeait pas en lui la volonté de les aider. Voici un modèle de charité chrétienne, que nous devrions étendre à tous les disciples de Christ.
11 Mais lorsque Pierre est venu à Antioche, je me suis ouvertement opposé à lui, parce qu'il était condamnable. 12 En effet, avant la venue de quelques personnes de l'entourage de Jacques, il mangeait avec les non-Juifs, mais après leur arrivée, il s’est esquivé et s’est tenu à l'écart par crainte des circoncis. 13 Les autres Juifs ont pratiqué avec lui ce double jeu, de telle sorte que même Barnabas a été entraîné dans leur hypocrisie. 14 Quand j'ai vu qu'ils ne marchaient pas droit, puisqu’ils ne respectaient pas la vérité de l'Evangile, j'ai dit à Pierre devant tous: «Si toi, qui es juif, tu vis à la manière des non-Juifs et non à la manière des Juifs, pourquoi veux-tu forcer les non-Juifs à se comporter comme des Juifs?
11-14 Cependant, malgré le caractère de Pierre, quand Paul l’a vu blesser, pour ainsi dire, la vérité de l’Évangile et la paix de l’église, il n’a pas craint de le blâmer. Il a vu que Pierre et les autres ne partageaient pas ce principe énoncé par l’Évangile, et que pourtant ils professaient, c’est-à-dire que par la mort de Christ le mur de séparation entre Juifs et Gentils n’existait plus, et que l’observation de la loi de Moïse n’avait plus de raison d’être ; comme l’offense de Pierre était publique, il l’a blâmé publiquement. Il y a une très grande différence entre la prudence de Paul, qui a supporté et pratiqué momentanément les cérémonies vaines de la loi, et la conduite timide de Pierre, qui, en s’écartant des gentils, a conduit les autres à penser que ces cérémonies étaient nécessaires.
15 »Nous, nous sommes des Juifs de naissance, et non des pécheurs issus des autres nations. 16 Cependant, nous savons que ce n'est pas sur la base des œuvres de la loi que l'homme est déclaré juste, mais au moyen de la foi en Jésus-Christ. Ainsi, nous aussi nous avons cru en Jésus-Christ afin d'être déclarés justes sur la base de la foi en Christ et non des œuvres de la loi, puisque personne ne sera considéré comme juste sur la base des œuvres de la loi.
17 »Mais si, en cherchant à être déclarés justes en Christ, nous avons été trouvés pécheurs nous aussi, cela signifie-t-il que Christ serait un serviteur du péché? Certainement pas! 18 En effet, si je reconstruis ce que j'ai détruit , je me présente moi-même comme coupable, 19 puisque c'est la loi qui m’a amené à mourir à la loi afin de vivre pour Dieu.
15-19 Paul, ayant montré ainsi qu’il n’était inférieur à aucun apôtre, même pas à Pierre lui-même, parle du grand fondement de la doctrine de l’Évangile. Pour quelle raison avons-nous cru en Christ ? N’est-ce pas parce que nous pouvons être justifiés par la foi de Christ ? Si c’est le cas, n’est-il pas insensé de retourner à la loi, et d’espérer être justifié par le mérite d’œuvres morales, ou de sacrifices, ou de cérémonies ? L’occasion de cette déclaration a été amenée sans doute par la loi de cérémonie ; mais l’argument est tout à fait aussi fort contre toute dépendance aux œuvres de la loi morale, en ce qui concerne la justification. Pour donner un plus grand poids à cela, il est ajouté: « Mais tandis que nous cherchons à être justifiés par Christ, si nous étions aussi nous-mêmes trouvés pécheurs, Christ serait-il un ministre du péché ? » Ceci serait très déshonorant pour Christ, et aussi très nuisible pour les Galates. En considérant la loi elle-même, il a vu que cette justification ne devait pas être attendue par les œuvres de celle-ci, et qu’il n’y avait maintenant plus besoin de ses sacrifices et de ses purifications, depuis qu’ils ont été réalisés en Christ, qui s’est offert lui-même en sacrifice pour nous. Paul n’espère ni ne craint aucune chose de la loi, pas plus qu’un homme mort ne craint ses ennemis. Mais l’effet n’en était pas une vie insouciante et sans loi. Il était essentiel qu’il puisse vivre à Dieu, et lui être consacré au travers des raisons et de la grâce de l’Évangile. Ce n’est pas un nouveau préjugé, bien qu’il soit le plus injuste, que la doctrine de la justification par la foi tende à encourager le peuple dans le péché. Ni non plus que de saisir l’occasion de la grâce libre et gratuite, ou sa doctrine, pour vivre dans le péché, et d’essayer de considérer Christ comme le ministre du péché, pensée à laquelle tous les cœurs chrétiens auraient le frisson.
20 J'ai été crucifié avec Christ; ce n'est plus moi qui vis, c'est Christ qui vit en moi; et ce que je vis maintenant dans mon corps, je le vis dans la foi au Fils de Dieu qui m'a aimé et qui s'est donné lui-même pour moi. 21 Je ne rejette pas la grâce de Dieu; en effet, si la justice s'obtient par la loi, alors Christ est mort pour rien.»
20,21 Ici, par sa propre personne, l’apôtre décrit la vie spirituelle ou cachée d’un croyant. Le vieil homme est crucifié, Romains 6:6, mais le nouvel homme vit ; le péché est mortifié et la grâce est vivifiée. Paul a les réconforts et les triomphes de la grâce ; cependant, cette grâce n’est pas de lui-même, mais d’un autre. Les croyants se voient vivre dans un état de dépendance à Christ. Ceci provient que bien qu’il vive dans la chair, il ne vit cependant pas après la chair. Ceux qui ont la véritable foi vivent par cette foi ; sur la foi attachée à Christ qui s’est donné lui-même pour nous. Il m’a aimé, et s’est donné lui-même pour moi. C’est comme si l’apôtre disait: « Le Seigneur m’a vu m’enfuir de lui de plus en plus. Il y avait une telle méchanceté et une telle ignorance dans ma volonté et ma compréhension, qu’il n’était pas possible pour moi d’être l’objet d’une rançon par tout autre moyen qu’un tel prix ». Considérons bien ce prix. Et notons la fausse foi de beaucoup. Et leur profession de foi se fait en conséquence: ils ont la forme de la piété sans en avoir la puissance. Ils pensent qu’ils croient correctement aux éléments de la foi, mais ils sont trompés. Pour croire en Christ crucifié, il n’est pas suffisant de croire seulement qu’il est crucifié, mais de croire aussi que je suis crucifié avec lui. Et c’est cela de connaître Christ crucifié. De là nous apprenons ce qu’est la nature de la grâce. La grâce de Dieu ne peut pas dépendre du mérite de l’homme. La grâce ne peut être la grâce si elle n’est pas donnée librement dans tous les cas. Le plus simplement le croyant compte sur Christ pour chaque chose, le plus il marche avec Lui avec dévotion dans toutes ses ordonnances et ses commandements. Christ vit et règne en lui, et il vit ici sur la terre par la foi dans le Fils de Dieu, qui agit par amour, crée l’obéissance, et opère les changements selon sa sainte image. Ainsi n’est pas abusée la grâce de Dieu, et elle n’est pas rendue vaine.