* la défense de Paul devant Agrippa (1-11). Sa conversion et sa prédication aux Païens (12-23). Festus et Agrippa convaincus de l’innocence de Paul (24-32).
1 Agrippa dit à Paul: «Il t'est permis de parler pour ta défense.» Paul tendit la main et plaida sa cause ainsi: 2 «Je m'estime heureux, roi Agrippa, d'avoir aujourd'hui à me défendre devant toi de toutes les accusations portées contre moi par des Juifs, 3 car tu connais parfaitement leurs coutumes et leurs discussions. Je te prie donc de m'écouter avec patience.
4 »Comment je me suis comporté dès ma jeunesse, tous les Juifs le savent, puisque j’ai vécu dès le début au milieu de mon peuple à Jérusalem. 5 Me connaissant depuis longtemps, ils savent, s'ils veulent bien en témoigner, que j'ai vécu en pharisien, selon le parti le plus strict de notre religion. 6 Et maintenant je suis traduit en justice parce que j'espère en la promesse que Dieu a faite à nos ancêtres. 7 Cette promesse, nos douze tribus espèrent en obtenir l’accomplissement en rendant nuit et jour avec ardeur un culte à Dieu. Et c'est à cause de cette espérance, roi, que je suis accusé par des Juifs! 8 Pourquoi donc vous semble-t-il incroyable que Dieu ressuscite des morts?
9 »Pour ma part, j'avais cru devoir agir vigoureusement contre le nom de Jésus de Nazareth. 10 C'est ce que j'ai fait à Jérusalem. J'ai jeté en prison beaucoup de chrétiens, car j'en avais reçu le pouvoir des chefs des prêtres, et quand on les condamnait à mort, je votais contre eux. 11 Dans toutes les synagogues, je les ai souvent fait punir et je les forçais à blasphémer. Dans l'excès de ma fureur contre eux, je les ai même persécutés jusque dans les villes étrangères.
1-11 Le christianisme nous apprend à donner une raison de l’espérance qui est en nous, et d’honorer celui à qui l’honneur est dû, sans flatterie ou crainte de l’homme. Agrippa était bien versé dans les Écritures de l’Ancien Testament, et il pouvait donc être le meilleur juge quant à la controverse sur Jésus comme étant le Messie. On peut espérer que des ministres qui prêchent la foi de Christ peuvent s’attendre à être entendus avec patience. Paul professe qu’il a gardé encore tout le bien dans lequel il a été instruit en premier lieu, et où il est devenu compétent. Nous voyons ici ce que sa religion était. Paul était un moraliste, un homme de vertu, et n’avait pas appris les arts des pharisiens astucieux et avides ; il ne pouvait être accusé ni de vice ni de profanation. Il était sain dans la foi. Il avait toujours eu une sainte estime pour la promesse que Dieu avait faite aux pères, et avait construit son espérance sur elle. L’apôtre savait très bien que tout ceci ne le justifierait pas devant Dieu, mais il savait cependant que c’était pour sa réputation parmi les Juifs, et un argument démontrant qu’il n’était pas un homme tel qu’ils le représentaient. Bien que son récit de la manière dont il était venu à Christ puisse amener la perte de Paul, il le faisait pour servir l’honneur de Christ. Nous voyons ici ce qu’est la religion de Paul ; elle n’est pas le zèle que Paul avait dans sa jeunesse pour la loi de cérémonie ; les sacrifices et les offrandes qui étaient nécessaires ont été annulés par le grand Sacrifice dont ils n’étaient que le type. Le sacerdoce lévitique est remplacé par le sacerdoce de Christ ; mais, quant aux principes principaux de sa religion, Paul est aussi zélé que toujours. Christ et le ciel sont les deux grandes doctrines de l’Évangile ; Dieu nous a donné la vie éternelle, et cette vie est dans son Fils. Ceci est la matière de la promesse qui a été faite aux pères. Le service du temple, ou le cours continuel des devoirs religieux, jour et nuit, a été continué comme la profession de foi dans la promesse de la vie éternelle, et dans son attente. La perspective de la vie éternelle doit nous engager à être appliqués et sincères dans tous les exercices religieux. Cependant, les sadducéens détestaient Paul qui prêchait la résurrection ; et les autres Juifs se sont joints à eux, parce qu’il témoignait que Jésus a été ressuscité, et qu’il était le Rédempteur promis d’Israël. Beaucoup de choses sont pensées être au-delà de toute croyance, seulement parce que la nature infinie et les perfections de Celui qui les a révélées ou qui les a promises ne sont pas prises en considération. Paul a reconnu que lorsqu’il était encore pharisien il était un ennemi acharné du christianisme. C’était son caractère et sa manière de vie à ses débuts ; et tout cela ne pouvait que l’empêcher de devenir chrétien. Ceux qui ont été les plus stricts dans leur conduite avant leur conversion trouveront d’abondantes raisons pour s’humilier, même à cause de choses qu’ils pensaient alors légitimes.
12 C'est ainsi que je me suis rendu à Damas avec les pleins pouvoirs et un mandat des chefs des prêtres. 13 Vers le milieu du jour, roi, alors que j'étais en chemin, j’ai vu resplendir autour de moi et de mes compagnons de route une lumière venant du ciel, plus éblouissante que le soleil. 14 Nous sommes tous tombés par terre et j’ai entendu une voix qui me disait en langue hébraïque: ‘Saul, Saul, pourquoi me persécutes-tu? Il te serait dur de te rebeller contre les aiguillons.’ 15 J’ai répondu: ‘Qui es-tu, Seigneur?’ Et le Seigneur a dit: ‘Je suis Jésus, celui que tu persécutes. 16 Mais lève-toi et tiens-toi debout, car je te suis apparu pour faire de toi le serviteur et le témoin de ce que tu as vu et de ce que je te montrerai. 17 Je t'ai choisi du milieu de ce peuple et des non-Juifs, vers qui je t'envoie. 18 Je t'envoie leur ouvrir les yeux pour qu'ils passent des ténèbres à la lumière et de la puissance de Satan à Dieu, pour qu'ils reçoivent, par la foi en moi, le pardon des péchés et une part d’héritage avec les saints.’
19 »C’est pourquoi, roi Agrippa, je n'ai pas résisté à la vision céleste. 20 Aux habitants de Damas d'abord, puis à ceux de Jérusalem, dans toute la Judée et aux non-Juifs, j'ai annoncé qu’ils devaient se repentir et se tourner vers Dieu en adoptant une manière d’agir qui confirme leur changement d’attitude. 21 Voilà pourquoi les Juifs m'ont arrêté dans le temple et ont essayé de me tuer. 22 Mais, grâce à l'aide de Dieu, j'ai continué jusqu'à aujourd’hui de rendre témoignage devant les petits et les grands. Je ne dis rien d’autre que ce que les prophètes et Moïse ont déclaré devoir arriver: 23 que le Messie souffrirait, qu’il serait le premier à ressusciter et qu’il annoncerait la lumière au peuple juif et aux non-Juifs.»
12-23 Paul a été fait chrétien par la puissance divine: par une révélation de Christ à la fois à lui et en lui, alors qu’il était au maximum de sa carrière de son péché. Il a été fait ministre par l’autorité divine: le même Jésus qui lui est apparu dans cette lumière glorieuse lui a ordonné de prêcher l’Évangile aux Païens. Un monde qui est assis dans les ténèbres doit être éclairé ; on doit amener à connaître les choses qui appartiennent à leur paix éternelle à ceux qui en sont encore ignorants. Un monde qui repose sur la méchanceté doit être sanctifié et réformé ; il n’est pas suffisant pour eux d’avoir leurs yeux qui soient ouverts, ils doivent avoir leurs cœurs renouvelés ; il n’est pas suffisant de les amener des ténèbres à la lumière, mais ils doivent être soustraits du pouvoir de Satan, pour être amenés à Dieu. Tous ceux qui sont détournés du péché pour aller vers Dieu ne sont pas seulement pardonnés, mais ils sont assurés d’un riche héritage. Le pardon des péchés conduit à cela. Nul ne peut être heureux s’il n’est pas saint ; et pour être saints dans le ciel nous devons d’abord être des saints sur terre. Nous sommes rendus saints et sauvés par la foi en Christ ; par cette foi nous nous appuyons sur Christ comme le Seigneur notre Justice, et nous abandonnons à lui comme le Seigneur notre Souverain ; par cette foi nous recevons la rémission des péchés, le don du Saint-Esprit, et la vie éternelle. La croix de Christ était une pierre d’achoppement pour les Juifs, et ils étaient en rage à la prédication de Paul sur l’accomplissement des prédictions de l’Ancien Testament. Christ devait être le premier qui devait ressusciter des morts ; la Tête. Il a été aussi prédit par les prophètes que les Païens doivent être amenés à la connaissance de Dieu par le Messie ; et donc pourquoi les Juifs pouvaient-ils en être fâchés ? C’est ainsi que le véritable converti peut donner une raison de son espérance, et un bon témoignage du changement qui se manifeste en lui. Et cependant pour s’être mis en avant afin d’appeler les hommes à se repentir et à se convertir, nombreux ont été blâmés et persécutés.
24 Alors qu’il parlait ainsi pour sa défense, Festus dit à haute voix: «Tu es fou, Paul! Ton grand savoir te fait déraisonner.» 25 «Je ne suis pas fou, très excellent Festus, répliqua Paul. Ce sont au contraire des paroles de vérité et de bon sens que je prononce. 26 Le roi est au courant de ces faits et je lui en parle librement car je suis persuadé qu'il n'en ignore rien. En effet, ce n'est pas en cachette que cela s'est passé. 27 Crois-tu aux prophètes, roi Agrippa? Je sais que tu y crois.» 28 Agrippa dit à Paul: «Tu vas bientôt me persuader de devenir chrétien!» 29 Paul répondit: «Que ce soit pour bientôt ou que ce soit pour plus tard, je prie Dieu que non seulement toi, mais encore tous ceux qui m'écoutent aujourd'hui, vous deveniez comme moi, à l'exception de ces chaînes!»
30 [Quand Paul eut dit cela,] le roi, le gouverneur, Bérénice et ceux qui étaient assis avec eux se levèrent 31 et se retirèrent. Ils se disaient les uns aux autres: «Cet homme n'a rien fait qui mérite la mort ou la prison.» 32 Agrippa dit à Festus: «Cet homme aurait pu être relâché s'il n'en avait pas appelé à l'empereur.»
24-32 Il nous appartient, en toutes occasions, de parler avec des paroles de vérité, et avec sobriété, et alors nous n’aurons pas besoin d’être troublés par la censure d’hommes injustes. Les partisans actifs et laborieux de l’Évangile ont souvent été méprisés et traités de rêveurs ou de fous, parce qu’ils croyaient en de telles doctrines et des faits si merveilleux ; et aussi parce qu’ils attestaient que la même foi, la même assiduité, et une expérience semblable à la leur étaient nécessaires à tous les hommes quel que soit leur rang, pour leur salut. Mais les apôtres et les prophètes, et le Fils de Dieu lui-même ont été exposés à cette accusation ; et nul n’a besoin de s’en inquiéter, lorsque la grâce divine l’a rendu sage à salut. Agrippa a vu beaucoup de bonnes raisons en faveur du christianisme. Sa compréhension et son jugement étaient pour ce moment convaincus, mais son cœur n’a pas été changé. Et sa conduite et son tempérament étaient bien différents de l’humilité et de la spiritualité de l’Évangile. Beaucoup sont presque persuadés d’être religieux, mais ils n’en sont pas tout à fait persuadés ; ils sont sous les fortes convictions de leur devoir, et de l’excellence des chemins de Dieu, et cependant ils ne poursuivent pas leurs convictions. Paul estimait que ce devait être l’inquiétude de chacun que de devenir un véritable chrétien et qu’il y a suffisamment de grâce en Christ pour tous. Il exprimait sa totale conviction de la vérité de l’Évangile, la nécessité absolue de la foi en Christ pour le salut. Un tel salut pour un tel esclavage, l’Évangile de Christ l’offre aux Païens, à un monde perdu. Cependant, c’est avec beaucoup de difficultés que toute personne peut être persuadée qu’elle a besoin de l’œuvre de la grâce sur son cœur, comme cela était nécessaire pour la conversion des Païens. Méfions-nous d’une hésitation fatale dans notre propre conduite ; et rappelons-nous combien il y a de distance entre le fait d’être persuadé d’être presque chrétien, est celui de l’être entièrement, comme l’est chaque véritable croyant.