* Le voyage de Paul vers Rome (1-11). Paul et ses compagnons mis en danger par une tempête (12-20). Il reçoit une assurance divine de sécurité (21-29). Paul encourage ceux qui sont avec lui (30-38). Ils font naufrage (39-44).
1 Quand notre embarquement pour l’Italie a été décidé, on a confié Paul et quelques autres prisonniers à un dénommé Julius, officier de la cohorte impériale. 2 Nous sommes montés sur un bateau d'Adramytte qui devait faire voile vers les côtes de l'Asie et nous sommes partis. Aristarque, un Macédonien de Thessalonique, était avec nous.
3 Le jour suivant, nous avons abordé à Sidon; Julius, qui traitait Paul avec bienveillance, lui a permis d'aller chez ses amis et de recevoir leurs soins. 4 Partis de là, nous avons longé l'île de Chypre, parce que les vents étaient contraires. 5 Après avoir traversé la mer qui baigne la Cilicie et la Pamphylie, nous sommes arrivés à Myra en Lycie. 6 Là, ayant trouvé un bateau d'Alexandrie qui allait en Italie, l’officier nous y a fait monter.
7 Pendant plusieurs jours nous avons navigué lentement, et ce n'est pas sans difficulté que nous sommes parvenus à la hauteur de Cnide, où le vent ne nous a pas permis d'aborder. Nous avons alors doublé le cap Salmoné pour passer au sud de la Crète. 8 Nous avons longé l’île avec peine et sommes arrivés à un endroit appelé Beaux-Ports près de la ville de Lasée.
9 Un temps assez long s'était écoulé et la navigation devenait dangereuse, car l'époque même du jeûne était déjà passée. C'est pourquoi Paul a donné cet avertissement: 10 «Mes amis, je vois que la navigation ne se fera pas sans dommages et qu'il y aura beaucoup de pertes, non seulement pour la cargaison et pour le bateau, mais encore pour nous-mêmes.» 11 Mais l’officier se fiait plus au capitaine et au patron du bateau qu'aux paroles de Paul.
1-11 Il a été déterminé par la délibération de Dieu, avant que cela n’ait été déterminé par la délibération de Festus, que Paul devait aller à Rome ; car Dieu avait un travail à lui faire accomplir là. Le trajet qu’ils ont suivi, et les lieux où ils sont passés sont ici exposés. Et Dieu encourage ici ceux qui souffrent pour lui à avoir confiance en lui ; car il peut mettre dans les cœurs de ceux dont on l’attendait le moins de les traiter en amis. Les marins doivent tirer le meilleur parti du vent: nous devons agir de même lors de notre passage sur l’océan de ce monde. Lorsque les vents sont contraires, nous devons cependant nous efforcer d’avancer du mieux que nous pouvons. Beaucoup qui ne reculent pas face à des providences défavorables n’avancent pas lorsque les providences sont favorables. Et de nombreux vrais chrétiens se plaignent quant aux inquiétudes de leurs âmes qu’ils ont beaucoup de difficultés à garder leur base. Chaque beau refuge n’est pas nécessairement un refuge sans danger. Beaucoup montrent du respect pour les bons ministres, et n’en prennent cependant pas les conseils. Mais l’événement convaincra les pécheurs de la vanité de leurs espoirs, et de la folie de leur conduite.
12 Comme le port n'était pas approprié pour hiverner, la plupart ont été d'avis de le quitter pour essayer d'atteindre Phénix, un port de Crète orienté vers le sud-ouest et le nord-ouest, afin d'y passer l'hiver.
13 Un léger vent du sud s’est mis à souffler et, se croyant maîtres de leur projet, ils ont levé l'ancre et ont longé de près l'île de Crète.
14 Mais bientôt un vent violent, qu'on appelle Euraquilon, s’est déchaîné. 15 Le bateau a été entraîné sans pouvoir résister au vent et nous nous sommes laissé emporter à la dérive. 16 Alors que nous passions au sud d'une petite île appelée Cauda, nous avons eu beaucoup de peine à nous rendre maîtres du canot de sauvetage. 17 Après l'avoir hissé à bord, ils ont utilisé les cordages de secours pour ceinturer le bateau. Dans la crainte d'échouer sur la Syrte , ils ont abaissé les voiles, et c'est ainsi qu'ils se sont laissé emporter par le vent. 18 Comme nous étions violemment battus par la tempête, le lendemain ils ont jeté la cargaison à la mer, 19 et le troisième jour ils ont jeté de leurs propres mains les agrès du bateau. 20 Le soleil et les étoiles ne nous sont pas apparus pendant plusieurs jours et la tempête a été si forte que, finalement, nous avions perdu tout espoir d'être sauvés.
12-20 Ceux qui se lancent sur l’océan de ce monde avec un vent agréable, ne savent pas quelles tempêtes ils peuvent rencontrer ; et ils ne doivent donc pas facilement considérer qu’ils ont atteint leur but. Ne soyons jamais sûrs d’être hors de danger tant que nous ne serons pas arrivés au ciel. Ils n’ont vu ni soleil ni astres pendant de nombreux jours. Ainsi, la mélancolie est quelquefois la condition du peuple de Dieu quant à leurs matières spirituelles ; ils marchent dans les ténèbres, et ne reçoivent aucune lumière. Voyez ce qu’est la richesse de ce monde: bien que convoitée comme une bénédiction, le temps peut venir où elle deviendra un fardeau ; non seulement trop lourd pour est transporté d’une façon sûre, mais suffisamment lourd pour faire couler celui qui possède cette richesse. Les enfants de ce monde peuvent être prodigues de leurs biens pour le maintien de leurs vies, alors qu’ils en sont avares dans les œuvres de piété et de charité, et dans la souffrance pour Christ. Tout homme acceptera plutôt le naufrage de ses marchandises que celui de sa vie ; mais beaucoup accepteront plutôt le naufrage de leur foi et d’une bonne conscience, que de leurs marchandises. Les moyens que les marins ont utilisés n’ont pas réussi ; mais quand les pécheurs perdent toute espérance de se sauver par eux-mêmes, ils sont prêts à comprendre la parole de Dieu, et à avoir confiance en sa miséricorde à travers Jésus-Christ.
21 On n'avait pas mangé depuis longtemps. Alors Paul, debout au milieu d'eux, leur a dit: «Mes amis, il aurait fallu m'écouter et ne pas quitter la Crète, afin d'éviter ces dommages et ces pertes. 22 Mais maintenant, je vous invite à prendre courage, car aucun de vous ne perdra la vie; seul le bateau sera perdu. 23 En effet, un ange du Dieu auquel j'appartiens et que je sers m'est apparu cette nuit 24 et m'a dit: ‘Paul, n’aie pas peur! Il faut que tu comparaisses devant l'empereur, et voici que Dieu t'accorde la vie de tous ceux qui naviguent avec toi.’ 25 C'est pourquoi, mes amis, prenez courage! J'ai confiance en Dieu: tout se passera comme cela m'a été dit. 26 Nous devons toutefois échouer sur une île.»
27 La quatorzième nuit, vers le milieu de la nuit, alors que nous étions ballottés sur l'Adriatique, les marins ont supposé que l'on approchait d'une terre. 28 Ils ont jeté la sonde et trouvé 36 mètres de profondeur. Un peu plus loin, ils l’ont de nouveau jetée et ont trouvé 27 mètres. 29 Dans la crainte d'échouer sur des récifs, ils ont jeté quatre ancres à l’arrière du bateau et attendu le jour avec impatience.
21-29 Ils n’ont pas voulu écouter l’apôtre quand il les a prévenus de leur danger ; mais cependant s’ils reconnaissent leur folie, et s’en repentent, il leur parlera de réconfort et de soulagement quand ils seront dans ce danger. De nombreuses personnes se mettent elles-mêmes dans le trouble parce qu’elles ne connaissent pas leur bonheur ; elles arrivent à se faire du mal et à tout perdre en voulant améliorer leur condition, malgré souvent de bons conseils. Observons la profession solennelle que Paul fait de sa relation à Dieu. Les orages et les tempêtes ne peuvent entraver la faveur de Dieu pour son peuple, car il est une Aide, toujours à portée de main. C’est un réconfort pour les serviteurs fidèles de Dieu qui sont dans les difficultés, qu’aussi longtemps que le Seigneur a un travail à leur faire exécuter, leurs vies seront prolongées. Si Paul s’était fourvoyé lui-même inutilement dans une mauvaise compagnie, il aurait été avec justice jeté par-dessus bord avec eux ; mais Dieu l’ayant lui-même appelé à se joindre à cette compagnie, ils sont préservés avec lui. « Ils t’ont été donnés » ; il n’y a pas de plus grande satisfaction pour un homme bon que de savoir qu’il est une bénédiction publique. Il les réconforte avec les mêmes réconforts par lesquels il a lui-même été consolé. Dieu est toujours fidèle, et donc tous ceux qui ont un intérêt dans ses promesses sont toujours gais. Comme avec Dieu dire et faire ne sont pas deux choses différentes, de la même façon croire et aimer ne doivent pas être différentes pour nous. L’espérance est une ancre pour l’âme, sûre et solide, qui maintient même lorsqu’il n’y a plus de voiles. Que ceux qui sont spirituellement dans les ténèbres se maintiennent fermement grâce à cette ancre et ne pensent pas être rejetés à la mer, mais être maintenus par Christ ; qu’ils puissent attendre jusqu’à l’aube, et les ombres disparaîtront !
30 Mais, alors que les marins cherchaient à s'échapper du bateau et mettaient le canot à la mer sous prétexte de jeter les ancres situées à l’avant, 31 Paul a dit à l’officier et aux soldats: «Si ces hommes ne restent pas sur le bateau, vous ne pouvez pas être sauvés.» 32 Alors les soldats ont coupé les cordages du canot et l’ont laissé tomber.
33 Avant que le jour se lève, Paul a encouragé tout le monde à prendre de la nourriture en disant: «C'est aujourd'hui le quatorzième jour que vous êtes dans l'attente sans manger, sans rien prendre. 34 Je vous invite donc à prendre de la nourriture, car cela est nécessaire pour votre salut et aucun de vous ne perdra un cheveu de sa tête.» 35 Après avoir dit cela, il a pris du pain, a remercié Dieu devant tous, puis il l’a rompu et s’est mis à manger. 36 Alors tous ont repris courage et ont eux aussi mangé. 37 Nous étions 276 personnes en tout sur le bateau. 38 Une fois rassasiés, ils ont allégé le bateau en jetant le blé à la mer.
30-38 Dieu, qui a déterminé la fin, c’est-à-dire que Paul et les soldats puissent être sauvés, a aussi déterminé les moyens, c’est-à-dire qu’ils soient sauvés par ces matelots. Le devoir nous appartient, les événements sont à Dieu ; nous n’avons pas confiance en Dieu, mais nous le tentons, lorsque nous disons que nous nous mettons sous sa protection et que nous n’utilisons pas les moyens adéquats qui sont dans notre pouvoir, pour notre sécurité. Mais comme les hommes sont en général très égoïstes, ils sont souvent prêts à rechercher leur propre sécurité par la destruction des autres. Heureux ceux qui ont un homme tel que Paul dans leur compagnie, qui non seulement avait une relation avec le Ciel, mais était animé d’un esprit de vie pour ceux qui étaient autour de lui. La peine du monde amène la mort, pendant que la joie en Dieu est la vie et la paix dans les plus grandes détresses et dangers. Le réconfort des promesses de Dieu peut être le nôtre seulement si nous croyons à notre dépendance en lui et à l’accomplissement de sa parole envers nous ; et le salut qu’il révèle doit être attendu dans l’utilisation des moyens qu’il détermine. Si Dieu nous a choisis pour le salut, il a aussi déterminé que nous l’obtiendrons par la repentance, la foi, la prière, et une obéissance persévérante ; c’est une fatale présomption que de l’attendre d’une autre manière. C’est un encouragement pour le peuple de s’engager à Christ comme leur Sauveur lorsque ceux qui les y invitent exposent clairement que c’est déjà personnellement leur cas.
39 Au lever du jour, sans reconnaître l’endroit, ils ont aperçu un golfe avec une plage et décidé, si possible, d'y faire échouer le bateau. 40 Ils ont détaché les ancres pour les laisser aller dans la mer et ont en même temps relâché les attaches des gouvernails. Puis ils ont mis au vent la voile d'artimon et se sont dirigés vers le rivage, 41 mais ils sont tombés sur un banc de sable où ils ont fait échouer le bateau. L’avant du bateau s'y est enfoncé et a été immobilisé, tandis que l’arrière se brisait sous la violence [des vagues]. 42 Les soldats étaient d’avis de tuer les prisonniers de peur que l’un d’eux ne s'échappe à la nage, 43 mais l’officier, qui voulait sauver Paul, les a empêchés de mettre ce projet à exécution. Il a ordonné à ceux qui savaient nager de se jeter les premiers à l'eau pour gagner la terre 44 et aux autres de s’agripper à des planches ou à des débris du bateau. C'est ainsi que tous sont parvenus sains et saufs à terre.
39-44 Le bateau qui avait résisté à la tempête en pleine mer, où il avait de la place, est brisé en morceaux dès qu’il veut accoster. De la même façon, si le cœur se fixe dans le monde avec affection, qu’il veut s’y attacher, il est perdu, il se brise. Les tentations de Satan ont battu contre lui, et il est parti ; mais aussi longtemps qu’il se garde au-dessus du monde, bien qu’il soit secoué par des soucis et des tumultes, il lui reste de l’espérance. Ils avaient le rivage en vue, et ils ont cependant fait naufrage dans le port ; ainsi, nous sommes enseignés à ne jamais nous sentir en sécurité. Bien qu’il y ait une grande difficulté dans le chemin du salut promis, il pourra sans aucun doute être franchi. Il sera franchi quelles que soient les épreuves et les dangers, au moment opportun où tous les croyants arriveront en sécurité au ciel. Seigneur Jésus, tu nous as assurés qu’aucun de ceux qui t’appartiennent ne périra. Tu feras accoster chacun d’eux sans aucun danger sur le rivage céleste. Et c’est là le véritable port de plaisance, où tu présenteras ton peuple à ton Père, et où ton Saint-Esprit en aura pour toujours la pleine possession.