* L’âme fidèle se lamente, face à toutes les calamites de ce texte, elle place toute son espérance en la Miséricorde divine.
1 Je suis l'homme qui a vu la misère sous le bâton de sa fureur. 2 Il m'a poussé, il m’a fait avancer dans les ténèbres, et non dans la lumière. 3 Sans cesse il tourne et retourne sa main contre moi. 4 Il a fait dépérir ma chair et ma peau, il a brisé mes os. 5 Il a érigé des constructions contre moi, il m'a environné de poison et de douleur. 6 Il me fait habiter dans les ténèbres, comme ceux qui sont morts depuis longtemps. 7 Il m'a emmuré pour que je ne puisse pas sortir, il a alourdi mes chaînes.
8 J'ai beau crier et implorer du secours, il tient ma prière enfermée. 9 Il a barré mon chemin avec des pierres de taille, il a dévié mes sentiers. 10 Il a été pour moi un ours en embuscade, un lion dans un endroit caché. 11 Il a détourné mes voies, il m'a mis en pièces, il a fait de moi un homme dévasté. 12 Il a tendu son arc et m'a dressé comme cible pour ses flèches. 13 Il a fait pénétrer dans les profondeurs de mon être les flèches de son carquois.
14 Je suis pour tout mon peuple un objet de moquerie, à longueur de journée je suis l'objet de leurs chansons. 15 Il m'a rassasié d’herbes amères, il m'a enivré d'absinthe. 16 Il a cassé mes dents avec des cailloux, il m'a piétiné dans la cendre.
17 Tu m'as enlevé la paix, j’ai oublié ce qu’est le bonheur. 18 Alors j'ai dit: «Je n’ai plus d’avenir, je n'ai plus d'espérance en l'Eternel!»
19 Souviens-toi de ma détresse et de ma misère, de l'absinthe et du poison! 20 Moi, je m’en souviens bien et je sombre.
1-20 Le prophète retrace ici, la partie la plus sombre et la plus décourageante de son ministère ; il indique ensuite comment il trouva l’appui et le soulagement. Durant cette période, l’épreuve que l’Éternel faisait supporter à Jérémie était vraiment terrible. C’était pour lui une véritable affliction, une situation misérable ; le péché, en effet, transforme la souffrance en une « coupe amère » à boire.
La lutte entre l’incrédulité et la foi est souvent très dure. Mais le plus médiocre des croyants se méprend, s’il estime que sa force et son espérance sont vaines dans le Seigneur.
21 Voici ce que je veux méditer pour garder espoir: 22 les bontés de l'Eternel ne sont pas épuisées, ses compassions ne prennent pas fin; 23 elles se renouvellent chaque matin. Que ta fidélité est grande!
24 Je le déclare, l'Eternel est mon bien, c'est pourquoi je veux m’attendre à lui. 25 L'Eternel a de la bonté pour celui qui compte sur lui, pour celui qui le recherche. 26 Il est bon d'attendre en silence le secours de l'Eternel. 27 Il est bon, pour l'homme, de devoir se plier à des contraintes dans sa jeunesse. 28 Qu’il se tienne solitaire et silencieux, lorsque l'Eternel le lui impose! 29 Qu’il mette sa bouche dans la poussière: il y a peut-être de l’espoir. 30 Qu’il présente la joue à celui qui le frappe, qu’il soit rassasié d’insultes!
31 En effet, le Seigneur ne rejette pas pour toujours, 32 mais quand il cause du chagrin, il fait preuve de compassion, tant sa bonté est grande. 33 De fait, ce n'est pas de bon cœur qu'il humilie, qu'il cause du chagrin aux hommes.
34 Quand on écrase et piétine tous les prisonniers d’un pays, 35 quand on viole le droit d’un homme devant le Très-Haut, 36 quand on fait du tort à un être humain alors qu’il défend sa cause, le Seigneur ne le voit-il pas?
21-36 Après avoir retracé sa détresse et sa déprime, le prophète montre ici comment il reprit espoir. Même si le cours des évènements est au plus bas, la Miséricorde divine fait en sorte que les pires situations n’empirent pas.
Nous devrions observer les instants qui nous sont favorables, aussi bien que ceux qui nous sont hostiles : les compassions divines ne tarissent jamais ; nous en avons des exemples chaque jour ! Tout ce qui concerne le monde finit par périr, mais Dieu est infaillible, à jamais.
Il est de notre devoir, et c’est en outre, un véritable encouragement, que de s’attendre paisiblement au salut de l’Éternel. Les afflictions contribuent infiniment à notre bien : beaucoup ont pu, après un certain recul, mesurer tout le bénéfice ainsi acquis, persuadés qu’elles les ont remis sur le bon chemin, particulièrement pendant leur jeunesse ; ces épreuves incitèrent parfois ces jeunes à rester humbles et sérieux, en prenant certaines distances, vis-à-vis du monde, ce qui autrement, aurait pu les rendre hautains et indisciplinés.
Si la tribulation engendre à terme, la patience, cette dernière, produira ensuite une certaine expérience positive, qui procure une satisfaction qui est loin de rendre honteux ! Les pensées qui découlent du mal du péché, et de notre propre honte nous convaincront que c’est grâce à la Miséricorde infinie du Seigneur, que nous ne sommes pas anéantis.
Si nous ne pouvons pas dire en toute assurance que le Seigneur est « tout notre bien », nous serons alors incapables d’annoncer que nous désirons bénéficier du salut, avec toute l’espérance que l’on peut tirer de Sa Parole. Heureux serons-nous, si nous pouvons vraiment considérer que notre affliction provient de la volonté divine.
37 Qui n’a qu’à parler pour qu’une chose se produise, si le Seigneur ne l’a pas ordonnée? 38 N'est-ce pas de la bouche du Très-Haut que sortent les malheurs et le bonheur? 39 Pourquoi l’être humain resté en vie se plaindrait-il? Que chacun se plaigne de ses propres péchés!
40 Réfléchissons à nos voies, examinons-les et retournons à l'Eternel! 41 Elevons notre cœur, tout comme nos mains, vers le Dieu qui est au ciel:
37-41 « Tant qu’il y a de la vie, il y a de l’espoir » ; au lieu de nous plaindre que tout va mal, nous devrions être encouragés par la conviction que tout finira par s’arranger.
Nous sommes des hommes pécheurs, et quand nous nous plaignons, nous sommes loin de subir le châtiment que nos péchés nous font mériter. Nous devrions nous plaindre « à » Dieu, et non pas « de » Lui. Nous sommes souvent capables, au temps de l’épreuve, de critiquer et de blâmer la conduite des autres ; mais en fait, nous devrions plutôt rechercher les moyens qui pourraient nous conduire à fuir le mal, tout en nous tournant vers Dieu !
Nos cœurs doivent être en phase, en harmonie avec nos prières. Si nos pensées ne sont pas conformes à notre témoignage extérieur, nous raillons Dieu, et nous nous trompons nous-mêmes.
42 «Nous, nous avons commis des transgressions, nous nous sommes révoltés, et toi, tu n'as pas pardonné. 43 Tu t'es enveloppé de colère et tu nous as poursuivis, tu as tué sans pitié. 44 Tu t'es enveloppé d'un nuage pour empêcher la prière de parvenir jusqu’à toi. 45 Tu as fait de nous un objet de mépris et de rejet au milieu des peuples.»
46 Tous nos ennemis ouvrent la bouche contre nous. 47 Nous avons connu la terreur et le trou, la dévastation et la ruine. 48 Des torrents d'eau coulent de mes yeux à cause du désastre qui frappe la fille de mon peuple.
49 Mon œil fond en larmes, sans repos, sans répit, 50 jusqu'à ce que l'Eternel regarde et voie du haut du ciel. 51 Mon œil me fait souffrir, à cause du malheur qui s’est abattu sur toutes les filles de ma ville.
52 Ils m'ont pourchassé avec persévérance comme si j’étais un oiseau, ceux qui sont mes ennemis sans raison. 53 Ils ont voulu mettre fin à ma vie en me jetant dans un puits et m’ont lancé des pierres. 54 L’eau a submergé ma tête. Je me disais: «Je suis perdu!»
42-54 Plus le prophète constatait la désolation d’Israël, plus il en était affligé.
Tant que le peuple continuait à pleurer, il était encore en vie, attendant sa délivrance : c’était sa seule espérance ; il ne pouvait s’attendre à aucun soulagement ni secours en dehors de celui que pouvait accorder l’Éternel.
55 J'ai fait appel à ton nom, Eternel, au plus profond du puits. 56 Tu as entendu ma voix: ne bouche pas tes oreilles à ma demande de délivrance, à mon appel au secours! 57 Le jour où j’ai fait appel à toi, tu t'es approché, tu as dit: «N’aie pas peur!» 58 Seigneur, tu as défendu ma cause, tu as racheté ma vie.
59 Eternel, tu as vu le tort qu’on m’a fait: rends-moi justice! 60 Tu as vu leur soif de vengeance, tous leurs complots contre moi. 61 Eternel, tu as entendu leurs insultes, tous leurs complots contre moi, 62 les discours de mes adversaires et les propos qu'ils tenaient à longueur de journée contre moi. 63 Regarde: qu’ils restent assis ou se lèvent, ils se moquent de moi dans leurs chansons.
64 Tu leur rendras ce qu’ils méritent, Eternel, conformément à leur manière d’agir. 65 Tu les rendras obstinés, ta malédiction reposera contre eux. 66 Dans ta colère tu les pourchasseras et tu les extermineras de dessous le ciel, Eternel!
55-66 La foi du prophète finit par triompher : il conclut ce chapitre, le cœur rempli d’espérance !
La prière est le « souffle » de l’homme régénéré, exprimant vers le ciel ses louanges et ses pensées reconnaissantes, pour les miséricordes divines ; elle prouve et entretient la vie spirituelle.
L’Éternel fit taire toute crainte dans le cœur du prophète, Il l’apaisa par ces paroles : « Ne crains pas ». C’était le langage de la Grâce divine, le témoignage de la puissance de Son Esprit !
Que représentent nos épreuves, comparées à celles subies par notre Rédempteur ? Il délivre les Siens de toute peine, et revivifie Son église, à chaque persécution. Il sauve les croyants d’un salut parfait, alors que Ses ennemis finiront par périr dans les tourments éternels.