* Jacob s’enfuit secrètement (1-21). Laban poursuit Jacob (23-35). Jacob se plaint de la conduite de Laban (36-42). Leur alliance à Galed (43-55).
1 Jacob entendit les propos des fils de Laban. Ils disaient: «Jacob a pris tout ce qui appartenait à notre père et c'est grâce aux biens de notre père qu'il s'est constitué toute cette richesse.» 2 Jacob remarqua aussi le visage de Laban: il n’avait plus la même attitude qu’avant vis-à-vis de lui. 3 C’est alors que l'Eternel dit à Jacob: «Retourne dans le pays de tes pères et dans ton lieu de naissance, et je serai avec toi.»
4 Jacob fit appeler Rachel et Léa aux champs, vers son troupeau. 5 Il leur dit: «Je vois au visage de votre père qu'il n’a plus la même attitude qu’avant envers moi. Cependant, le Dieu de mon père a été avec moi. 6 Vous savez vous-mêmes que j'ai servi votre père de toute ma force. 7 Quant à votre père, il m'a trompé et a changé dix fois mon salaire, mais Dieu ne lui a pas permis de me faire du mal. 8 Quand il disait: ‘Les tachetés seront ton salaire’, toutes les brebis faisaient des petits tachetés, et quand il disait: ‘Les rayés seront ton salaire’, toutes les brebis faisaient des petits rayés. 9 Dieu a pris à votre père son troupeau et me l'a donné. 10 A l'époque où les brebis entraient en chaleur, j'ai levé les yeux et j'ai vu en rêve que les boucs qui s'accouplaient avec les brebis étaient rayés, tachetés et marquetés. 11 L'ange de Dieu m'a dit en rêve: ‘Jacob!’ J'ai répondu: ‘Me voici!’ 12 Il a dit: ‘Lève les yeux et regarde: tous les boucs qui s'accouplent avec les brebis sont rayés, tachetés et marquetés, car j'ai vu tout ce que te fait Laban. 13 Je suis le Dieu de Béthel où tu as consacré par onction un monument, où tu m'as fait un vœu. Maintenant, lève-toi, quitte ce pays et retourne au pays de ta naissance.’»
14 Rachel et Léa lui répondirent: «Avons-nous encore une part et un héritage chez notre père? 15 Ne sommes-nous pas considérées par lui comme des étrangères, puisqu'il nous a vendues et a même mangé notre argent? 16 Toute la richesse que Dieu a enlevée à notre père nous appartient, à nous et à nos enfants. Fais maintenant tout ce que Dieu t'a dit.»
17 Jacob se leva donc et fit monter ses enfants et ses femmes sur les chameaux. 18 Il emmena tout son troupeau et tous les biens qu'il possédait, le troupeau qui lui appartenait, dont il était devenu propriétaire à Paddan-Aram, et il se rendit vers son père Isaac au pays de Canaan. 19 Laban était parti tondre ses brebis, et Rachel vola les théraphim de son père. 20 De son côté, Jacob trompa Laban l'Araméen en ne l’avertissant pas de son départ 21 et s'enfuit avec tout ce qui lui appartenait. Il se leva, traversa l’Euphrate et se dirigea vers la région montagneuse de Galaad.
1-21 Les affaires de ces familles sont relatées minutieusement, alors que ce que l’on appelle « les grands événements » des états et des royaumes de cette époque, sont passés sous silence ! La Bible enseigne aux hommes les devoirs communs de la vie : comment servir Dieu, comment apprécier les bénédictions qu’Il accorde, et comment pratiquer le bien dans les diverses situations et activités de la vie. Les hommes envieux ont un complexe de frustration vis-à-vis de tout ce qui se déroule autour d’eux, et leur convoitise finira même par détruire leur affection naturelle. Les hommes qui surévaluent les richesses de ce monde commettent une erreur qui est la racine de la convoitise, de l’envie, et de tout mal. Les hommes de ce monde s’ingèrent sans scrupule dans la vie des autres à cause de leur mécontentement, de leur envie, et de leurs discordes. Mais certains se contentent de ce qu’ils possèdent ; heureux sont ceux qui recherchent cette satisfaction en premier lieu !
Dans tous nos périples, nous devrions respecter la volonté et la promesse divines. Si Dieu est avec nous, nous n’avons aucune crainte à avoir. Les périls qui nous entourent sont si nombreux, que rien d’autre ne saurait vraiment rassurer nos coeurs. Se rappeler des moments bénis de communion avec Dieu nous régénère quand nous sommes en difficulté ; nous devrions souvent nous rappeler nos engagements, particulièrement ceux que nous n’avons pas respectés.
22 Trois jours plus tard, on annonça à Laban que Jacob s'était enfui. 23 Il prit ses frères avec lui, le poursuivit durant sept jours de marche et le rattrapa dans la région montagneuse de Galaad. 24 Cependant, au cours de la nuit Dieu apparut en rêve à Laban l'Araméen et lui dit: «Garde-toi de parler à Jacob, que ce soit en bien ou en mal!» 25 Laban rattrapa donc Jacob alors que celui-ci avait planté sa tente sur la montagne. Laban planta aussi la sienne, avec ses frères, dans la région montagneuse de Galaad.
26 Alors Laban dit à Jacob: «Qu'as-tu fait? Pourquoi m'as-tu trompé et emmènes-tu mes filles comme des prisonnières de guerre? 27 Pourquoi as-tu pris la fuite en cachette et m'as-tu trompé, au lieu de m'avertir? Je t'aurais laissé partir au milieu de la joie et des chants, au son du tambourin et de la harpe. 28 Tu ne m'as pas permis d'embrasser mes petits-enfants et mes filles! Tu t’es comporté de façon stupide. 29 Ma main est assez forte pour vous faire du mal, mais le Dieu de votre père m'a dit hier: ‘Garde-toi de parler à Jacob, que ce soit en bien ou en mal!’ 30 Et maintenant que tu es parti parce que tu languissais après le foyer de ton père, pourquoi as-tu volé mes dieux?»
31 Jacob répondit à Laban: «C’est que j'avais peur. Je me suis dit que tu m'enlèverais peut-être tes filles. 32 Quant à celui auprès duquel tu trouverais tes dieux, qu’il cesse de vivre! Devant les membres de notre parenté, reconnais ce qui t'appartient chez moi et prends-le.» Jacob ne savait pas que Rachel les avait volés. 33 Laban entra dans la tente de Jacob, dans celle de Léa, dans celle des deux servantes, et il ne trouva rien. Il sortit de la tente de Léa et entra dans celle de Rachel. 34 Rachel avait pris les théraphim, les avait mis sous le bât du chameau et s'était assise dessus. Laban fouilla toute la tente et ne trouva rien. 35 Elle dit à son père: «Mon seigneur, ne te fâche pas si je ne peux pas me lever devant toi, car je suis indisposée.» Il chercha les théraphim et ne les trouva pas.
22-35 Dieu peut mettre une bride dans la bouche des hommes mauvais afin de les retenir dans leur méchanceté, mais cela ne change en rien leurs coeurs. Bien que ces personnes n’éprouvent aucun amour envers le peuple de Dieu, elles feindront de se référer à ce Dernier et tendront par-là, à se faire valoir.
Quelle folie dans le coeur de Laban ! Prétendre que « ses dieux » pourraient être volés ! Les ennemis peuvent nous dépouiller de nos biens, mais ne peuvent dérober notre Dieu. Dans ce passage, Laban laisse à Jacob, la charge des choses qu’il ne peut maîtriser. Il n’est pas interdit, pour ceux qui s’investissent en Dieu, de parler en faveur d’eux-mêmes, avec crainte et humilité. Quel tableau, que de voir Rachel voler les images de son père ! La famille de Nachor a laissé derrière elle l’idolâtrie des Chaldéens ; est-ce que cette famille est devenue elle-même idolâtre ? Cela paraît vraisemblable. Il semble, en vérité, que ces hommes soient comme certains, dans les temps qui suivirent, amenés à jurer, à la fois par le Seigneur et par le roi, Sophonie 1:5 ; de la même manière, de nos jours, les hommes souhaitent servir Dieu et Mammon.
Beaucoup professent connaître le vrai Dieu, mais leurs coeurs et leurs maisons sont les demeures de l’idolâtrie. Quand un homme est sujet à la convoitise, comme Laban, le monde est son dieu ; il réside alors parmi des idolâtres et la luxure, afin de devenir comme eux, ou du moins un adepte de leurs abominations.
36 Jacob se fâcha et chercha querelle à Laban. Il reprit la parole et lui dit: «Quel est mon crime, quel est mon péché, pour que tu me poursuives avec tant d'ardeur? 37 Quand tu as fouillé toutes mes affaires, qu'as-tu trouvé des affaires de ta maison? Dépose-le ici devant nos parentés respectives, et qu'elles soient juges entre nous deux. 38 Voilà 20 ans que j'ai passés chez toi. Tes brebis et tes chèvres n'ont pas avorté et je n'ai pas mangé les béliers de ton troupeau. 39 Je ne t'ai pas rapporté de bête trouvée déchiquetée, j'en ai payé le dédommagement. Tu me redemandais ce qu'on me volait de jour et ce qu'on me volait de nuit. 40 La chaleur me dévorait pendant le jour et le froid pendant la nuit, et le sommeil fuyait mes yeux. 41 Voilà 20 ans que j'ai passés chez toi. Je t'ai servi 14 ans pour tes deux filles, 6 ans pour ton troupeau, et tu as changé dix fois mon salaire. 42 Si le Dieu de mon père, le Dieu d'Abraham, celui que craint Isaac, n’avait pas été en ma faveur, tu m'aurais maintenant renvoyé les mains vides. Dieu a vu ma peine et le travail de mes mains, et hier il a prononcé son jugement.»
36-42 Si Jacob a volontairement subi la chaleur du jour et enduré la froidure des nuits, afin de devenir le gendre de Laban, que devrions-nous alors supporter, pour devenir enfants de Dieu ? Jacob mentionne l’Éternel, le Dieu de son père ; il s’est lui-même trouvé indigne d’être considéré par Dieu, mais était bien-aimé à cause de la bénédiction donnée précédemment à son père. Il appelle son Dieu, le « Dieu d’Abraham » et la « Crainte d’Isaac » ; car Abraham était mort, et se trouvait maintenant dans un endroit, où l’amour parfait bannit la crainte ; cependant, Isaac était toujours vivant, sanctifiant le Seigneur, qui était toujours pour lui, sa Crainte et sa Frayeur.
43 Laban répondit à Jacob: «Ces filles sont les miennes, ces enfants sont les miens, ce troupeau est le mien et tout ce que tu vois m’appartient. Que puis-je faire aujourd'hui pour mes filles ou pour leurs enfants, ceux qu'elles ont mis au monde? 44 Viens maintenant! Concluons une alliance, toi et moi, et que quelque chose serve de témoignage entre nous!»
45 Jacob prit une pierre et la dressa en guise de monument. 46 Jacob dit aux membres de sa parenté: «Ramassez des pierres.» Ils prirent des pierres et firent un tas. Ils mangèrent là sur le tas. 47 Laban l'appela Jegar-Sahadutha, et Jacob l'appela Galed. 48 Laban dit: «Que ce tas serve aujourd'hui de témoignage entre toi et moi!» C'est pourquoi on lui a donné le nom de Galed. 49 On l'appelle aussi Mitspa, parce que Laban dit: «Que l'Eternel veille sur toi et sur moi, quand nous nous serons perdus de vue, tous les deux. 50 Si tu maltraites mes filles et si tu prends encore d'autres femmes, ce n'est pas un homme qui sera avec nous, fais-y bien attention! C'est Dieu qui sera témoin entre toi et moi.» 51 Laban dit à Jacob: «Vois ce tas de pierres et ce monument que j'ai placés entre toi et moi: 52 ils seront témoins que je ne dépasserai pas ce tas dans ta direction et que, de ton côté, tu ne dépasseras pas ce tas et ce monument dans ma direction avec de mauvaises intentions. 53 Que le Dieu d'Abraham et le Dieu de Nachor – c’est-à-dire le Dieu de leur ancêtre – soient juges entre nous!» Jacob prêta serment au nom de celui que craignait son père Isaac. 54 Jacob offrit un sacrifice sur la montagne et invita les membres de sa parenté à manger. Ils mangèrent donc et passèrent la nuit sur la montagne.
43-54 Laban n’a pu ni se justifier, ni condamner Jacob et de ce fait, n’a pas désiré en savoir plus sur cette affaire. Il ne se considérait pas lui-même en faute, ce qu’il aurait d’ailleurs dû faire. Il a alors proposé une alliance entre eux deux, chose que Jacob a tout de suite acceptée. Une stèle de pierres a été élevée en mémoire de cet événement, afin qu’il ne soit pas oublié. Un sacrifice a été offert, à la suite de ce pacte. La paix avec Dieu est la source d’une véritable stabilité dans l’entente avec nos amis. Laban et Jacob ont ensuite mangé le pain ensemble, participant ainsi à un repas solennel autour du sacrifice. Aux temps antiques, les engagements d’une amitié entre différents partis étaient ratifiés par le fait de manger et de boire ensemble.
Dieu est le véritable juge entre les contestataires, c’est un juge de droiture ; celui qui pratique le mal le fait à ses risques et périls.
Jacob et Laban donnèrent un nouveau nom à cet endroit : le monument du témoignage. Après cette fâcheuse querelle, ils partirent en amis. Dieu est souvent plus efficace que ne peuvent être nos craintes, et Il calme, en notre faveur, les caractères impétueux des hommes, au-delà de ce que nous pourrions escompter ; il n’est pas vain de placer notre confiance en Lui.