Livres de la Bible



Genèse 37

Introduction de Matthew Henry

* Joseph est aimé par Jacob, mais il est haï par ses frères (1-4). Le songe de Joseph (5-11). Jacob envoie Joseph visiter ses frères, Ils complotent de le faire mourir (12-22). Les frères de Joseph le vendent (23-10). La déception de Jacob, Joseph vendu à Potiphar (31-36).


Histoire de Joseph 37.1–50.26
Joseph vendu par ses frères

1 Quant à Jacob, il s’installa dans le pays de Canaan, là où son père avait séjourné.

2 Voici la lignée de Jacob. A l'âge de 17 ans, Joseph prenait soin du troupeau avec ses frères. Le garçon était en compagnie des fils de Bilha et de Zilpa, les femmes de son père, et il rapportait leurs mauvais propos à leur père. 3 Israël aimait Joseph plus que tous ses autres fils parce qu'il l'avait eu dans sa vieillesse, et il lui fit un habit de plusieurs couleurs. 4 Ses frères remarquèrent que leur père l'aimait plus qu'eux tous et se mirent à le détester. Ils étaient incapables de lui parler sans agressivité.

1-4 Dans l’histoire de Joseph, nous voyons quelques similitudes avec celle de Jésus Christ, qui a été premièrement humilié, puis honoré. Nous voyons également le sort des chrétiens qui cheminent vers le royaume céleste en traversant de nombreuses tribulations. C’est une histoire unique ; elle montre à quel point l’esprit humain est tortueux, à la fois bon et mauvais ; on peut y voir la providence divine utilisant les personnages de ce texte pour accomplir ses desseins. Bien que Joseph ait été le fils préféré de son père, il n’a pas été élevé dans l’oisiveté.

Ceux qui n’aiment pas vraiment leurs enfants ne les confrontent pas au monde des affaires, du travail et des difficultés. Trop gâter ses enfants peut vraiment les conduire à la corruption. Ceux qui sont élevés dans l’oisiveté sont susceptibles de n’être que des bons à rien.

Jacob révèle son amour, en habillant Joseph de manière plus raffinée qu’il n’a habillé le reste de ses enfants. Il n’est pas bon que les parents fassent une différence entre leurs enfants, à moins qu’il n’y ait à cela une raison sérieuse, par exemple, la conduite de ces derniers. Quand les parents font une telle différence, les enfants le remarquent bien vite et cela n’amène que des querelles dans les familles. Les fils de Jacob étaient dans ce cas : bien qu’ils soient sous la responsabilité de leur père, ils ne se trouvaient pas à la maison, avec lui ; Joseph fit un rapport à son père, quant à la mauvaise conduite de ses frères, afin que le patriarche les corrige. La mauvaise attitude de ces derniers n’a pas été rapportée pour semer la discorde : la conduite de Joseph était celle d’un frère fidèle.

5 Joseph fit un rêve, et il le raconta à ses frères qui le détestèrent encore plus. 6 Il leur dit: «Ecoutez donc le rêve que j'ai fait! 7 Nous étions en train d’attacher des gerbes au milieu des champs, et voici que ma gerbe s’est dressée et est même restée debout. Vos gerbes l'ont alors entourée et se sont prosternées devant elle.» 8 Ses frères lui dirent: «Est-ce que tu vas vraiment régner sur nous? Est-ce que tu vas nous gouverner?» Ils le détestèrent encore plus à cause de ses rêves et de ses paroles.

9 Joseph fit encore un autre rêve, et il le raconta à ses frères. Il dit: «J'ai fait encore un rêve: le soleil, la lune et onze étoiles se prosternaient devant moi.» 10 Il le raconta à son père et à ses frères. Son père lui fit des reproches et lui dit: «Que signifie le rêve que tu as fait? Faut-il que nous venions, moi, ta mère et tes frères, nous prosterner jusqu’à terre devant toi?» 11 Ses frères se montrèrent jaloux de lui, mais son père garda le souvenir de cela.

5-11 Dieu a fait voir à Joseph la perspective de sa destinée, pour l’encourager et le soulager lors de ses futures épreuves, qui s’avèreront longues et pénibles. Il faut noter que le songe de Joseph correspond à des périodes de bénédictions et non pas à son emprisonnement. Ainsi, beaucoup de jeunes, à l’aube de leur vie, ne pensent qu’à la prospérité et au plaisir, jamais aux épreuves éventuelles.

Les frères de Joseph ont correctement interprété le songe, bien qu’ils en détestaient la teneur. Quand ils commirent les crimes visant à la perte de leur frère, ils furent en réalité les « instruments » accomplissant la volonté divine. De même, les juifs ont compris ce que Christ a dit, au sujet de Son royaume. Étant déterminés à ne pas Le voir régner sur eux, ils se sont concertés pour Le mettre à mort ; et par Sa crucifixion, ils l’ont conduit vers la gloire de Son oeuvre rédemptrice, une destinée qu’ils voulaient assurément ne pas voir s’accomplir !

12 Les frères de Joseph étaient allés s’occuper du troupeau de leur père à Sichem. 13 Israël dit à Joseph: «Tes frères ne s’occupent-ils pas du troupeau à Sichem? Vas-y! Je veux t'envoyer vers eux.» Il lui répondit: «Me voici!» 14 Israël lui dit: «Va donc voir si tes frères sont en bonne santé et si le troupeau est en bon état; tu m'en rapporteras des nouvelles.» Il le fit ainsi partir de la vallée d'Hébron. Joseph se rendit à Sichem. 15 Un homme le rencontra alors qu'il errait dans la campagne et lui demanda: «Que cherches-tu?» 16 Joseph répondit: «Ce sont mes frères que je cherche. Dis-moi donc où ils gardent le troupeau.» 17 L'homme dit: «Ils sont partis d'ici. En effet, je les ai entendus dire: ‘Allons à Dothan.’» Joseph partit sur les traces de ses frères, et il les trouva à Dothan.

18 Ils le virent de loin et, avant qu'il ne soit près d'eux, ils complotèrent de le faire mourir. 19 Ils se dirent l'un à l'autre: «Voici le rêveur qui arrive! 20 Allons-y maintenant! Tuons-le et jetons-le dans une des citernes. Nous dirons qu'une bête féroce l'a dévoré et nous verrons ce que deviendront ses rêves.» 21 Ruben entendit cela et il le délivra de leurs mains. Il dit: «N’attentons pas à sa vie!» 22 Il leur dit encore: «Ne versez pas de sang! Jetez-le dans cette citerne qui est dans le désert et ne portez pas la main contre lui!» Il avait l'intention de le délivrer de leurs mains pour le faire retourner vers son père.

12-22 Remarquez la bonne disposition de Joseph pour obéir aux ordres de son père !

Les enfants qui sont vraiment aimés par leurs parents devraient être les plus prompts à obéir. Notez également à quel point les frères de Joseph étaient délibérément contre lui. Ils ont prémédité de le tuer et de masquer leur acte en maquillant son vêtement avec du sang.

Quiconque hait son frère est un meurtrier, 1Jean 3:15. Les fils de Jacob ont détesté leur frère parce que leur père le préférait à eux. Tout ce qui est arrivé, en particulier ces différents songes, a conduit à cette violence ; ses frères avaient de la rancoeur contre Joseph, rancoeur qui ne pouvait s’apaiser que par sa mort. Tous les coeurs sont dans les mains de Dieu. Ruben, le premier-né, avait les pires raisons d’être jaloux de Joseph, cependant il a prouvé qu’il était son meilleur ami.

Dieu a outrepassé toutes choses pour atteindre Son propre objectif ; il a fait de Joseph l’instrument qui a sauvé beaucoup de vies humaines. Joseph était une image de Christ ; bien qu’Il soit le Fils bien-aimé du Père, Christ, dans son amour, est descendu parmi nous, en toute humilité. Du ciel, Il est venu sur terre pour nous chercher et nous sauver ; Il a subi ici-bas tous les affronts et les pièges dressés contre Lui. Les siens ne l’ont pas reçu, et ils l’ont crucifié. Cette soumission était volontaire, dans le but de nous racheter et de nous sauver.

23 Lorsque Joseph fut arrivé vers ses frères, ils le dépouillèrent de son habit, de l’habit de plusieurs couleurs qu'il portait. 24 Ils s’emparèrent de lui et le jetèrent dans la citerne. Celle-ci était vide: il n'y avait pas d'eau. 25 Ils s'assirent ensuite pour manger. Levant les yeux, ils virent une caravane d'Ismaélites qui venaient de Galaad. Leurs chameaux étaient chargés d'aromates, de baume et de myrrhe qu'ils transportaient en Egypte. 26 Juda dit alors à ses frères: «Que gagnerons-nous à tuer notre frère et à cacher son sang? 27 Venez, vendons-le aux Ismaélites et ne portons pas la main sur lui, car il est notre frère, il est de notre chair.» Ses frères l'écoutèrent. 28 Au passage des marchands madianites, ils tirèrent et firent remonter Joseph de la citerne, et ils le vendirent pour 20 pièces d'argent aux Ismaélites qui l'emmenèrent en Egypte.

29 Lorsque Ruben revint à la citerne, il constata que Joseph n'y était plus. Il déchira ses vêtements, 30 retourna vers ses frères et dit: «Il n’est plus là! Et moi, où puis-je aller?»

23-30 Ils ont jeté Joseph dans une citerne, afin qu’il périsse, de faim et de froid ; quelle cruauté de la part de ses frères ! Ils l’ont maltraité et laissé en pleine détresse, et n’ont pas été affligés par le désarroi de leur frère, voir Amos 6:6 ; alors que ce dernier était au fond de cette citerne, ils se sont assis calmement autour pour manger leur pain. Ils n’ont éprouvé aucun remords pour leur péché. La colère de l’homme finira par glorifier Dieu, et du résultat de cette colère, Il se ceindra, Psaumes 76:10.

Les frères de Joseph furent divinement retenus, dans leur tentative d’assassinat, et la vente qu’ils ont ensuite opérée a contribué merveilleusement à l’éloge divin !

31 Ils prirent alors l’habit de Joseph, tuèrent un bouc et plongèrent l’habit dans le sang. 32 Ils envoyèrent l’habit de plusieurs couleurs à leur père avec ce message: «Voici ce que nous avons trouvé. Reconnais donc si c'est l’habit de ton fils ou non.»

33 Jacob le reconnut et dit: «C'est l’habit de mon fils! Une bête féroce l'a dévoré, Joseph a été mis en pièces!» 34 Jacob déchira ses vêtements, il mit un sac sur sa taille et il mena longtemps le deuil sur son fils. 35 Tous ses fils et toutes ses filles vinrent pour le consoler, mais il refusait d’être consolé. Il disait: «C'est dans le deuil que je descendrai vers mon fils au séjour des morts», et il pleurait son fils.

36 Quant aux Madianites, ils vendirent Joseph en Egypte à Potiphar, un officier du pharaon qui était chef des gardes.

31-36 Quand Satan a convaincu les hommes de commettre un péché, il leur enseigne d’essayer de le dissimuler parmi d’autres iniquités ; par exemple, pour cacher le vol et le meurtre, on utilise le mensonge et les faux serments : ces dissimulations du péché ne subsistent guère. Les frères de Joseph ont tenté de garder ce secret pendant un certain temps ; mais leur vilenie a été découverte et fut connue de tous. Pour convaincre leur père, ils lui ont envoyé la tunique bigarrée de Joseph ; Jacob, en voyant ce vêtement sanglant, a tout de suite pensé que Joseph avait été déchiqueté par une bête féroce. Que ceux qui sont assez sensibles pour bien connaître le coeur de leurs parents puissent imaginer l’agonie du pauvre Jacob. Ses fils ont bassement feint de le soulager, mais, en fait, leur sentiments n’étaient qu’hypocrisie. S’ils avaient vraiment désiré le soulager, ils auraient pu immédiatement le faire en lui disant la vérité. Il faut bien constater que le coeur est endurci par la fausseté du péché. Jacob a refusé d’être consolé.

La grande affection qu’on éprouve pour une personne doit nous préparer à subir une affliction en rapport avec la force de notre sentiment : un amour anormal finit généralement par une peine du même type. Il est sage pour des parents, de ne pas trop choyer leurs enfants, car ces derniers ne pourront être aguerris, face aux difficultés qu’ils rencontreront au cours de leur vie.

Dans tout ce chapitre, nous voyons les merveilleux cheminements de la Providence. Les frères de Joseph pensaient avoir atteint leur but ; les marchands, qui n’avaient aucun scrupule sur la nature de ce qu’ils avaient acquis, pensaient avoir atteint leur objectif ; quant à Potiphar, ayant acquis un excellent jeune esclave, il a pensé qu’il faisait une bonne affaire ! Mais les desseins de Dieu se réalisent par tous les moyens. Cette histoire fera descendre Israël en Égypte ; tout cela finira par la délivrance du peuple par Moïse ; c’est le point de départ de la véritable religion dans le monde et de sa diffusion parmi toutes les nations, par l’Évangile. Ainsi, la colère de l’homme finira par manifester la gloire du Seigneur, malgré les aspects négatifs, au départ.


Texte biblique de la Bible Version Segond 21
Copyright © 2007 Société Biblique de Genève
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Commentaires de Matthew Henry
Traduction française par Dominique Osché.
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