* La doctrine de la justification par la foi est démontrée par le cas d’Abraham (1-12). Il a reçu la promesse à travers la justice de la foi (13-22). Et nous sommes justifiés par la même façon de croire (23-25).
1 Que dirons-nous donc d'Abraham, notre ancêtre? Qu'a-t-il obtenu par ses propres efforts? 2 Si Abraham a été considéré comme juste sur la base de ses œuvres, il a de quoi se montrer fier, mais non devant Dieu. 3 En effet, que dit l'Ecriture? Abraham a eu confiance en Dieu et cela lui a été compté comme justice. 4 Or, si quelqu'un accomplit quelque chose, le salaire est porté à son compte non comme une grâce, mais comme un dû. 5 Par contre, si quelqu'un ne fait rien mais croit en celui qui déclare juste l’impie, sa foi lui est comptée comme justice.
6 De même, David exprime le bonheur de l'homme à qui Dieu attribue la justice sans les œuvres: 7 Heureux ceux dont les fautes sont pardonnées et dont les péchés sont couverts, 8 heureux l'homme à qui le Seigneur ne tient pas compte de son péché!
9 Ce bonheur n'est-il que pour les circoncis, ou bien est-il également pour les incirconcis? En effet, nous disons que la foi d'Abraham lui a été comptée comme justice . 10 Quand donc a-t-elle été portée à son compte? Etait-ce après ou avant sa circoncision? Ce n'était pas après sa circoncision, mais bien alors qu'il était incirconcis. 11 Et il a reçu le signe de la circoncision comme le gage de la justice qu'il avait obtenue par la foi alors qu'il était incirconcis. Il est ainsi le père de tous les incirconcis qui croient, afin que la justice soit aussi portée à leur compte. 12 Il est aussi le père des circoncis qui ne se contentent pas d’être circoncis mais qui marchent aussi sur les traces de la foi de notre ancêtre Abraham quand il était encore incirconcis.
1-12 Pour aller à la rencontre de ce que pensent les Juifs, l’apôtre a d’abord voulu se référer à l’exemple d’Abraham, en qui les Juifs se glorifiaient avoir leur aïeul le plus renommé. Bien qu’exalté sous plusieurs aspects, il n’avait rien pour se glorifier dans la présence de Dieu, étant sauvé par grâce, à travers la foi, comme les autres. Sans tenir compte des années qui se sont passées avant son appel, et les échecs du temps de son obéissance, et même dans sa foi, il a été expressément affirmé dans l’Écriture: « Il a eu confiance en l’Éternel, qui le lui imputa à justice », Genèse 15:6. À partir de cet exemple il est observé que si tout homme peut travailler selon la pleine mesure exigée par la loi, la récompense doit être comptée comme une dette, ce qui n’était évidemment pas le cas même d’Abraham, puisque la foi lui a été comptée à justice. Quand les croyants sont justifiés par la foi, « leur foi leur étant imputée à justice », leur foi ne les justifie pas comme une partie, petite ou grande, de leur justice, mais comme le moyen attitré de les rattacher à Celui qui sera appelé « le Seigneur notre Justice ». C’est seulement le peuple pardonné qui est le peuple béni. Il apparaît clairement de l’Écriture que Abraham a été justifié plusieurs années avant sa circoncision. Il est donc clair que ce rite n’était pas essentiel pour la justification. Il était un signe de la corruption originale de la nature humaine. Et un tel signe était aussi un sceau extérieur, destiné à confirmer non seulement les promesses de Dieu envers Abraham et sa postérité, et leur obligation d’appartenir au Seigneur, mais de l’assurer également d’être déjà un vrai participant de la justice de la foi. Ainsi, Abraham était l’aïeul spirituel de tous les croyants, qui ont marché d’après l’exemple de sa foi obéissante. Le sceau du Saint-Esprit dans notre sanctification, faisant de nous de nouvelles créatures, est l’évidence intime de la justice de la foi.
13 En effet, ce n'est pas par la loi que la promesse de recevoir le monde en héritage a été faite à Abraham ou à sa descendance, mais c'est par la justice de la foi, 14 car si l'on devient héritier par la loi, la foi est dépourvue de sens et la promesse sans effets. 15 En fait, la loi produit la colère de Dieu, puisque là où il n'y a pas de loi, il n'y a pas non plus de transgression. 16 C'est donc par la foi que l'on devient héritier, pour que ce soit par grâce et que la promesse soit assurée à toute la descendance, non seulement à celle qui dépend de la loi, mais aussi à celle qui a la foi d'Abraham. En effet, Abraham est notre père à tous, comme cela est d’ailleurs écrit: 17 Je t'ai établi père d'un grand nombre de nations. Il est notre père devant le Dieu en qui il a cru, le Dieu qui donne la vie aux morts et appelle ce qui n'existe pas à l'existence. 18 Espérant contre toute espérance, Abraham a cru et est ainsi devenu le père d'un grand nombre de nations, conformément à ce qui lui avait été dit: Telle sera ta descendance. 19 Sans faiblir dans la foi, il n’a pas considéré que son corps était déjà usé, puisqu'il avait près de 100 ans, ni que Sara n'était plus en état d'avoir des enfants. 20 Il n’a pas douté, par incrédulité, de la promesse de Dieu, mais il a été fortifié par la foi et il a rendu gloire à Dieu, 21 car il avait la pleine conviction que ce que Dieu promet, il peut aussi l'accomplir. 22 C'est pourquoi cela lui a été compté comme justice .
13-22 La promesse a été faite à Abraham longtemps avant la loi. Elle pointe sur Christ, et elle se réfère à la promesse de Genèse 12:3. « Toutes les familles de la terre seront bénies en toi ». La loi désigne la colère, puisqu’elle montre que chaque transgresseur est exposé au déplaisir divin. De la même manière que Dieu a voulu donner aux hommes l’accès aux bénédictions promises, il a déterminé que ce serait par la foi, pour que cela puisse être complètement par la grâce, pour que cette promesse soit certaine pour tous ceux qui avaient la même précieuse foi qu’Abraham, qu’ils soient Juifs ou païens, en tout temps. La justification et le salut des pécheurs, donnés aux païens, sont une vocation gracieuse des choses qui ne sont pas, et qui pourtant l’étaient ; et en donnant une existence aux choses qui n’étaient pas, nous avons une preuve du pouvoir tout-puissant de Dieu. La nature et la puissance de la foi d’Abraham sont ici montrées. Il a cru au témoignage de Dieu, et a cherché la réalisation de sa promesse, espérant fermement quand le cas a paru désespéré. C’est la faiblesse de la foi qui fait qu’un homme trébuche sur les difficultés du chemin d’une promesse. Abraham a pris ceci pour un point qui n’admettait ni discussion ni débat. L’incrédulité est au fond de tous nos chancellements aux promesses de Dieu. La force de la foi est apparue dans sa victoire sur les craintes. Dieu honore la foi ; et une grande foi honore Dieu. La foi a été imputée à Abraham à justice. La foi est une grâce qui donne au-dessus de toutes les autres la gloire à Dieu. La foi est clairement l’instrument par lequel nous recevons la justice de Dieu, la rédemption qui est par Christ ; et ce qui est l’instrument par lequel nous la prenons ou la recevons ne peut être la chose elle-même, pas plus que ce ne peut être le don qui est ainsi pris et reçu. La foi d’Abraham ne l’a pas justifié par son propre mérite ou sa valeur, mais comme lui donnant une part en Christ.
23 Or ce n'est pas pour lui seulement qu'il est écrit que la foi a été portée à son compte, 24 mais c'est aussi pour nous. Elle sera portée à notre compte, puisque nous croyons en celui qui a ressuscité Jésus notre Seigneur, 25 lui qui a été donné à cause de nos fautes et qui est ressuscité à cause de notre justification.
23-25 L’histoire d’Abraham, et de sa justification, a été enregistrée pour enseigner les hommes des époques postérieures ; et spécialement ceux à qui l’Évangile a été alors dévoilé. Il est clair que nous ne sommes pas justifiés par le mérite de nos propres œuvres, mais par la foi en Jésus-Christ et sa justice ; ce qui est la vérité précisée dans ce chapitre et le précédent, la grande source et le fondement de tout réconfort. Christ a œuvré d’une façon méritoire pour notre justification et notre salut par sa mort et sa passion, mais la puissance et la perfection de cela, en ce qui nous concerne, dépend de sa résurrection. Par sa mort il a payé notre dette, dans sa résurrection il a reçu notre acquittement, Esaïe 53:8. À ce moment nous avons reçu, en lui et avec lui, une décharge de la culpabilité et du châtiment de tous nos péchés. Ce dernier verset est un abrégé, ou un résumé, de tout l’Évangile.