* Bildad réprimande Job (1-7). Les hypocrites seront détruits (8-19). Bildad expose à Job les jugements divins (20-22).
1 Bildad de Shuach prit la parole et dit: 2 «Jusqu'à quand veux-tu lancer de telles affirmations? Les paroles qui sortent de ta bouche sont pareilles à un vent impétueux. 3 Dieu fausserait-il le droit? Le Tout-Puissant fausserait-il la justice? 4 Si tes fils ont péché contre lui, il les a livrés aux conséquences de leur révolte. 5 Mais toi, si tu recherches vraiment Dieu, si tu implores la grâce du Tout-Puissant, 6 si tu es sans reproche et droit, c’est certain, il ne tardera pas à intervenir en ta faveur et il restaurera le domaine qui abrite ta justice. 7 Ta condition première semblera peu importante, tant celle qui viendra par la suite sera belle.
1-7 Jusqu’à présent, Job a tenté de justifier ses propos ; mais Bildad, belliqueux et pressé d’en finir, résume rapidement la situation : « combien de temps encore, vas-tu tenir le même langage » ? L’opinion personnelle des hommes n’est pas forcément la meilleure, et ils sont parfois réprimandés, accusés de n’avoir que de mauvaises pensées. Dans les désaccords au sujet de la religion, il est très facile de traiter les autres avec acidité, et de mépriser leurs arguments. La réponse de Bildad montre qu’il n’avait pas une opinion favorable sur Job. Ce dernier était toutefois persuadé que Dieu a des jugements immuables ; il savait donc que Ses enfants n’étaient pas réprouvés, et qu’ils ne sont pas morts à cause d’une grande transgression. Les afflictions extraordinaires ne sont pas forcément la punition de graves péchés, elles peuvent être parfois des épreuves très particulières envoyées par la Grâce divine : quand nous jugeons le cas d’une personne, cherchons à l’analyser favorablement. Bildad a redonné de l’espoir à Job, en ce sens que si ce dernier ne se sentait pas particulièrement coupable, il devrait voir une heureuse issue à ses tourments.
Dieu, dans sa souveraine grâce, utilise ce moyen pour affermir les âmes de ses enfants. Au début, les épreuves peuvent être modestes, mais elles peuvent nous faire progresser vers la perfection. La « lumière » spirituelle naissante de l’enfant de Dieu, devient peu à peu celle éclatante du milieu de journée !
8 »Interroge donc les membres de la génération précédente, sois attentif à l'expérience de leurs ancêtres. 9 En effet, nous sommes d'hier et nous ne savons rien, nos jours sur la terre ne sont qu'une ombre. 10 Eux, ne t'instruiront-ils pas? Certainement, ils te le diront, ils tireront de leur expérience ces propos: 11 ‘Le papyrus pousse-t-il sans marais? Le roseau grandit-il sans eau? 12 Encore vert et sans qu'on ne l’ait coupé, il sèche plus vite que toutes les herbes.’
13 »Voilà ce qui arrive à tous ceux qui oublient Dieu, et l'espérance de l'impie s’évanouira. 14 Ses certitudes sont fragiles, sa sécurité n’est qu’une toile d'araignée. 15 Il s'appuie sur sa maison, mais elle n'est pas solide; il s'y cramponne, mais elle ne résiste pas. 16 Rempli de sève en plein soleil, il développe ses rameaux sur son jardin, 17 ses racines s’entrelacent dans un tas de cailloux, il scrute le creux des pierres. 18 Si on l’arrache de l'endroit qu'il occupait, celui-ci le renie: ‘Je ne t'ai jamais vu!’
19 »Voilà tout le bonheur que lui procure sa conduite! Puis, sur le même sol, d'autres surgissent après lui.
8-19 Le discours de Bildad condamne les hypocrites et les impies, et décrit la triste fin de tous leurs espoirs et joies.
Il confirme cette vérité en mentionnant l’issue fatale de la vie de telles personnes. Pour ce faire, Bildad rapporte le témoignage des anciens. Les meilleurs enseignements sont ceux qui sont exprimés par des propos vivants, qui émanent du cœur, qui parlent d’une expérience réelle des choses spirituelles et divines. Une plante peut sembler très verte, malgré sa croissance rapide dans un sol marécageux ; mais au temps de la sécheresse, elle se défraîchit ; il en est de même pour les hypocrites, qui ne brillent qu’en période de prospérité. La toile de l’araignée, tissée avec une grande technique, mais malgré tout très vulnérable, est semblable à l’homme qui se prétend religieux mais qui ne possède pas la grâce divine dans son cœur. Celui qui conseille les autres en vue de réconforter leur âme a tendance en général à se flatter ; par contre, il ne doute pas de son salut, il est en paix, et est à l’abri des idées fausses et vaines du monde. L’épanouissement d’un arbre planté dans un jardin, sa racine s’agrippant à la roche, se termine pourtant par une coupe, et il est alors jeté à terre ; c’est une image des méchants : quand ils sont fermement établis, soudainement ils sont exterminés de leur place et oubliés. Cette doctrine de la vanité d’une confiance hypocrite, ou de la prospérité de l’homme inique n’est qu’illusion ; mais ce n’était pas le cas de Job, même si ce dernier avait vécu dans notre monde actuel.
20 Non, Dieu ne rejette pas l'homme intègre et il n’affermit pas les mains de ceux qui font le mal. 21 Bientôt il remplira ta bouche de rires, et tes lèvres de cris de joie. 22 Ceux qui te détestent seront couverts de honte, la tente des méchants disparaîtra.»
20-22 Bildad ici, réconforte Job, en lui assurant qu’il retrouvera sa prospérité d’autrefois ; il a ainsi été conclu que le patriarche sortirait vainqueur de cette dure épreuve.
Dieu ne rejette pas l’homme droit ; Il peut l’éprouver pour un temps, mais jamais Il ne l’abandonnera définitivement. Le péché ne peut que ruiner les personnes et les familles. Dans leur discussion avec Job, ses amis lui montraient son incrédulité, sa méchanceté, son injustice et son manque d’amour. L’erreur de raisonnement commise par ces derniers consistait à ne pas distinguer la différence entre l’état actuel du patriarche, dans son épreuve, pleine de soumission, et sa position à venir, lors du jugement divin final. Puissions-nous choisir la bonne part, garder notre confiance en Dieu, porter notre croix, et mourir dans la justice ; entre temps, soyons vigilants à ne pas blesser les autres, par nos jugements impétueux et à ne pas nous laisser affliger inutilement par les vains avis que nos amis pourraient nous adresser.