* Gédéon apaise les hommes d’Éphraïm (1-3). Succoth et Penuel refusent d’aider Gédéon (4-12). La punition de Succoth et Penuel (13-17). Gédéon venge ses frères (18-21). Gédéon décline l’offre de gouverner le pays, mais se livre à l’idolâtrie (22-28). La mort de Gédéon, l’ingratitude d’Israël (29-35).
1 Les hommes d'Ephraïm dirent à Gédéon: «Que signifie cette manière d'agir envers nous? Pourquoi ne pas nous avoir appelés, quand tu es allé combattre Madian?» Ils s’en prirent violemment à lui. 2 Gédéon leur répondit: «Qu'ai-je fait en comparaison de vous? Le peu qu’a pu grappiller Ephraïm ne vaut-il pas mieux que tout ce qu’a pu récolter la famille d’Abiézer? 3 C'est entre vos mains que Dieu a livré Oreb et Zeeb, les chefs de Madian. Qu'ai-je donc pu faire en comparaison de vous?» Lorsqu'il eut dit cela, leur colère contre lui s'apaisa.
1-3 Ceux qui sont oisifs ou qui ne risquent rien pour la cause divine, sont souvent les premiers à se quereller avec ceux qui manifestent du zèle pour le Seigneur. On peut voir aussi que les personnes qui reculent devant chaque difficulté rencontrée se mettent facilement en colère en ne voyant aucune issue à leurs problèmes.
Gédéon, se tenant devant Succoth et Penuel, était un grand exemple d’abnégation : il démontrait que l’envie est bannie par l’humilité. Les hommes d’Éphraïm donnaient libre cours à leurs passions : ils avaient une certaine liberté de langage, ce qui pouvait se traduire par un complexe d’infériorité. Ils n’avaient en fait aucune défense valable à présenter à Gédéon, face aux réprimandes sévères de ce dernier.
4 Gédéon arriva au Jourdain et le passa, ainsi que les 300 hommes qui étaient avec lui. Bien que fatigués, ils étaient toujours à la poursuite des Madianites. 5 Gédéon dit aux habitants de Succoth: «Donnez, je vous en prie, quelques pains aux hommes qui m'accompagnent, car ils sont fatigués et je suis à la poursuite de Zébach et de Tsalmunna, les rois de Madian.» 6 Les chefs de Succoth répondirent: «Zébach et Tsalmunna sont-ils déjà en ton pouvoir, pour que nous donnions du pain à ton armée?» 7 Gédéon répliqua: «Eh bien! lorsque l'Eternel aura livré entre mes mains Zébach et Tsalmunna, je déchirerai votre chair avec des épines du désert et avec des chardons.» 8 De là il monta à Penuel et il fit la même demande aux habitants de Penuel. Ils lui répondirent comme ceux de Succoth, 9 et il leur dit aussi: «Quand je reviendrai en paix, je démolirai cette tour.»
10 Zébach et Tsalmunna se trouvaient à Karkor avec leur armée d’environ 15'000 hommes, les seuls survivants de toute l'armée des nomades de l'est; 120'000 hommes aptes au combat avaient été tués. 11 Gédéon monta par le chemin qu’empruntent les nomades, à l'est de Nobach et de Jogbeha, et il battit l'armée qui se croyait en sécurité. 12 Zébach et Tsalmunna prirent la fuite et Gédéon les poursuivit. Il s'empara des deux rois de Madian, Zébach et Tsalmunna, et il mit en déroute toute l'armée.
4-12 Les hommes de Gédéon étaient fatigués, à force de poursuivre les rois de Madian : fatigués par ce qu’ils avaient déjà accompli mais aussi impatients de voir leurs ennemis enfin tomber. Il en est souvent de même pour les véritables enfants de Dieu qui éprouvent une certaine lassitude à poursuivre le combat contre l’ennemi. Le monde est loin de soupçonner la persévérance qu’ils doivent déployer et les luttes dans lesquelles ils sont engagés, et ce, malgré la nature pécheresse de leur cœur, malgré le « vieil homme » toujours présent.
Gédéon compta résolument sur la force divine, avec la même foi qu’il avait au début du combat, condition essentielle au triomphe final de son armée !
13 Gédéon, fils de Joas, revint de la bataille par la montée de Hérès. 14 Il captura un jeune homme, habitant de Succoth, qu'il interrogea et qui lui mit par écrit le nom des chefs et des anciens de Succoth. Cela représentait 77 hommes. 15 Puis il alla trouver les habitants de Succoth et leur dit: «Voici Zébach et Tsalmunna, au sujet desquels vous m'avez insulté en disant: ‘Zébach et Tsalmunna sont-ils déjà en ton pouvoir, pour que nous donnions du pain à tes hommes fatigués?’» 16 Il s’empara des anciens de la ville et punit les habitants de Succoth avec des épines du désert et avec des chardons. 17 Il démolit aussi la tour de Penuel et tua les habitants de la ville.
13-17 Les serviteurs de Dieu, zélés, rencontrent davantage d’opposition de la part des mauvais conseillers qui les entourent, que de leurs ennemis directs : ces serviteurs ne doivent pas craindre en effet les réactions de ceux qui sont « Israélites », mais plutôt celles des « Médianites » de cœur.
Ceux qui servent le Seigneur doivent poursuivre les ennemis de leur âme et de la cause divine, et être convaincus qu’ils doivent sans cesse faire face à différents conflits et épreuves de tous genres. Dans ces combats, ils devront être capables de persévérer. Moins ils seront aidés par les hommes, dans tous les obstacles auxquels ils seront confrontés, plus le Seigneur les soutiendra.
Gédéon avait préalablement averti les anciens de Madian : L’heure de la juste punition avait maintenant sonné. Beaucoup de personnes sont remises dans le droit chemin, grâce au Seigneur, par le biais d’afflictions, qui sont de vraies « épines » : C’est le seul moyen de leur apprendre à obéir !
18 Gédéon demanda à Zébach et à Tsalmunna: «Comment étaient les hommes que vous avez tués au mont Thabor?» Ils répondirent: «Ils te ressemblaient. Chacun avait l'air d'un fils de roi.» 19 Il dit: «C'étaient mes frères, les fils de ma mère. L'Eternel est vivant! Si vous les aviez laissés vivre, je ne vous tuerais pas.» 20 Et il ordonna à Jéther, son fils aîné: «Lève-toi, tue-les!» Mais le jeune garçon ne dégaina pas son épée, parce qu'il avait peur. En effet, c’était encore un enfant. 21 Zébach et Tsalmunna dirent: «Lève-toi toi-même et tue-nous, car c’est à un homme fort de le faire.» Gédéon se leva alors et tua Zébach et Tsalmunna. Il prit ensuite les ornements en forme de croissant qui étaient au cou de leurs chameaux.
18-21 Les rois de Madian ne devaient pas être sous-estimés : même s’ils plaidèrent « coupables de meurtre », Gédéon agit en tant que « vengeur du sang », étant de même parenté que ceux qui avaient été tués. Ces Madianites devaient penser que « l’affaire » était oubliée, vu le temps passé ; en fait, les meurtres restent rarement impunis ici-bas. Les péchés que les hommes ont oubliés depuis longtemps, restent toujours « comptabilisés » par Dieu. Nous pouvons voir d’après ce texte, quelle piètre consolation d’apaisement et de souffrance, quelle échappatoire il est possible de trouver dans le suicide, avec de surcroît, la disgrâce des témoins de cet acte !
Beaucoup de personnes ont peur de l’avenir, en particulier sur leur devenir au Jugement dernier.
22 Les Israélites dirent à Gédéon: «Domine sur nous, toi, puis ton fils et tes descendants, car tu nous as délivrés de l’oppression de Madian.» 23 Gédéon leur dit: «Je ne dominerai pas sur vous, et mes descendants non plus. C'est l'Eternel qui dominera sur vous.»
24 Gédéon ajouta: «J'ai une demande à vous faire: donnez-moi chacun les anneaux de votre butin.» – Les ennemis avaient des anneaux d'or, car c’étaient des Ismaélites. – 25 Ils répondirent: «Nous te les donnerons volontiers», et ils étendirent par terre un manteau, sur lequel chacun jeta les anneaux pris dans son butin. 26 Le poids des anneaux d'or que demanda Gédéon fut de près de 20 kilos, et ce sans compter les ornements en forme de croissant, les boucles d'oreilles et les vêtements de pourpre que portaient les rois de Madian, ni les colliers qui étaient au cou de leurs chameaux. 27 Gédéon en fit un éphod qu’il plaça dans sa ville, à Ophra. Il y devint l'objet des prostitutions de tout Israël et il fut un piège pour Gédéon et pour sa famille.
28 Les Madianites furent humiliés devant les Israélites et ne relevèrent plus la tête. Le pays fut en paix pendant 40 ans, c’est-à-dire durant la vie de Gédéon.
22-28 Gédéon refusa l’offre qu’on lui fit, de gouverner les enfants d’Israël. Aucun homme de bien ne peut en fait se réjouir réellement des honneurs qu’on peut lui rendre : il sait que son sort n’appartient qu’à Dieu seul. Gédéon désirait faire un mémorial de cette victoire : un éphod, fabriqué avec l’or du butin. Cet éphod avait, comme l’usage le voulait, des téraphims associés ; Gédéon attendait de recevoir un oracle de ces derniers.
Beaucoup de personnes sont hélas, menées dans de fausses voies, suite aux faux pas d’un homme qui dit être pieux. Cet éphod fut un véritable piège pour Gédéon, menant sa famille à la ruine.
Plus les hommes sont attirés de bonne heure par les belles choses (ce qui se traduit par une certaine convoitise, voire de l’orgueil, sentiments hélas naturels), plus ils sont atteints en final par la honte !
29 Jerubbaal, fils de Joas, retourna habiter dans sa maison. 30 Gédéon eut 70 fils, tous issus de lui, car il eut plusieurs femmes. 31 Sa concubine, qui résidait à Sichem, lui donna aussi un fils, qu’on appela Abimélec. 32 Gédéon, fils de Joas, mourut après une heureuse vieillesse. Il fut enterré dans le tombeau de son père Joas, à Ophra, village de la famille d'Abiézer.
33 Après la mort de Gédéon, les Israélites recommencèrent à se prostituer aux Baals, et ils prirent pour dieu Baal-Berith. 34 Les Israélites ne se souvinrent pas de l'Eternel, leur Dieu, qui les avait délivrés de tous les ennemis qui les entouraient. 35 Ils ne manifestèrent pas non plus d'attachement à la famille de Jerubbaal, c’est-à-dire Gédéon, après tout le bien qu'il avait fait à Israël.
29-35 Après la mort de Gédéon, le peuple d’Israël, qui adorait jusqu’à présent fidèlement l’Éternel, se prostitua sans limites, auprès des idoles : Les Hébreux adorèrent les Baals, ne témoignant aucune gratitude envers la famille de Gédéon.
Il ne faut pas s’étonner de voir ceux qui oublient Dieu, faire de même avec leurs amis ! Étant bien conscients de notre propre ingratitude envers le Seigneur (et c’est d’ailleurs le cas, hélas, pour nombre de personnes), nous devrions apprendre à être patients dans les circonstances qui nous entourent : suivons le divin exemple, ne nions pas le mal mais faisons en sorte qu’il soit vaincu par le bien.