* l’inquiétude de l’apôtre que ses concitoyens soient étrangers à l’Évangile (1-5). Les promesses sont accomplies pour la postérité spirituelle d’Abraham (6-13). Réponses contre des objections à la conduite souveraine de Dieu dans l’exercice de la miséricorde et la justice (14-24). Cette souveraineté s’exerce dans ce que fait Dieu à la fois pour les Juifs et les païens (25-29). Les Juifs ont trébuché parce qu’ils ont recherché la justification non pas par la foi, mais par les œuvres de la loi (30-33).
1 Je dis la vérité en Christ, je ne mens pas, ma conscience m'en rend témoignage par le Saint-Esprit: 2 j'éprouve une grande tristesse et j'ai dans le cœur un chagrin continuel. 3 Oui, je voudrais être moi-même maudit et séparé de Christ pour mes frères, mes propres compatriotes, 4 les Israélites; c'est à eux qu'appartiennent l'adoption, la gloire, les alliances, la loi, le culte, les promesses 5 et les patriarches; c'est d'eux que le Christ est issu dans son humanité, lui qui est au-dessus de tout, Dieu béni éternellement. Amen!
1-5 Étant sur le point de discuter du refus des Juifs et de l’appel des païens, et de montrer que tout cela est en accord avec le souverain amour de Dieu, l’apôtre exprime fortement son affection pour son peuple. Il en appelle solennellement à Christ ; et sa conscience, éclairée, dirigée par le Saint-Esprit, porte témoignage à sa sincérité. Il se soumettrait à être traité de « maudit », anathème, à être en disgrâce, crucifié, et même être pour un temps dans l’horreur et la détresse les plus profondes, s’il pouvait sauver sa nation de la destruction qui allait tomber sur elle, à cause de son incrédulité obstinée. Être insensible à la condition éternelle de nos compatriotes est contraire à la fois à l’amour exigé par la loi et la miséricorde de l’Évangile. Ils avaient longtemps professé être adorateurs de l’Éternel. La loi et l’alliance nationale qui a été fondée là-dessus leur appartenaient. L’adoration du temple était typique du salut par le Messie et des moyens de communion avec Dieu. Toutes les promesses à propos de Christ et son salut leur ont été donnés. Il n’est pas seulement un Médiateur, mais il est Dieu béni pour toujours.
6 Ce n'est pas que la parole de Dieu soit sans effet. Non, car ceux qui sont issus d'Israël ne sont pas tous Israël, 7 et bien qu'étant de la descendance d'Abraham, ils ne sont pas tous ses enfants. Au contraire, il est dit: C'est par Isaac qu’une descendance te sera assurée. 8 Cela signifie que ce ne sont pas les descendants simplement biologiques qui sont enfants de Dieu, mais que ce sont les enfants de la promesse qui sont considérés comme sa descendance. 9 La parole que voici était en effet une promesse: Je reviendrai à la même époque et Sara aura un fils. 10 De plus, tel a aussi été le cas pour Rebecca qui a eu des enfants d'un seul homme, notre ancêtre Isaac: 11 les enfants n'étaient pas encore nés et n'avaient donc fait ni bien ni mal – afin que le plan de Dieu subsiste, conformément à son choix et sans dépendre des œuvres mais de celui qui appelle – 12 quand il a été dit à Rebecca: L'aîné sera asservi au plus jeune. De même, il est écrit: 13 J'ai aimé Jacob et j'ai détesté Esaü.
6-13 Le rejet par les Juifs de la dispensation de l’Évangile, n’a pas rompu la promesse de Dieu aux patriarches. Les promesses et les menaces seront accomplies. La grâce ne coule pas dans le sang ; ni les bienfaits trouvés toujours avec les privilèges extérieurs de l’église. Non seulement n’ont été choisis que quelques membres de la postérité d’Abraham, et que d’autres ne l’ont pas été, mais Dieu a œuvré en cela selon le conseil de sa propre volonté. Dieu avait prévu que Ésaü et Jacob devaient naître dans le péché, enfants de colère par nature comme les autres. S’ils avaient été laissés à eux-mêmes, ils auraient continué dans le péché tout au long de leur vie ; mais pour de sages et saintes raisons, que nous ne connaissons pas, Dieu a résolu de changer le cœur de Jacob, et de laisser Ésaü à sa perversité. Cet exemple d’Ésaü et Jacob fait la lumière sur la conduite divine envers la race de l’homme, race qui a chuté. Toute l’Écriture montre la différence entre celui qui professe être chrétien et le véritable croyant. Des privilèges extérieurs sont donnés à beaucoup qui ne sont pas des enfants de Dieu. Il y a, cependant, un plein encouragement à utiliser avec application les moyens de la grâce que Dieu a désignés.
14 Que dirons-nous donc? Dieu serait-il injuste? Certainement pas! 15 En effet, il dit à Moïse: Je ferai grâce à qui je veux faire grâce, et j'aurai compassion de qui je veux avoir compassion. 16 Ainsi donc, cela ne dépend ni de la volonté ni des efforts de l’homme, mais de Dieu qui fait grâce. 17 L'Ecriture dit en effet au pharaon: Voilà pourquoi je t'ai suscité: c'est pour montrer en toi ma puissance et afin que mon nom soit proclamé sur toute la terre. 18 Ainsi, Dieu fait grâce à qui il veut et il endurcit qui il veut.
19 Tu me diras: «Pourquoi fait-il [donc] encore des reproches? Qui peut en effet résister à sa volonté?» 20 Mais toi, homme, qui es-tu pour entrer en contestation avec Dieu? L’objet dira-t-il à celui qui l'a façonné: «Pourquoi m'as-tu fait ainsi?» 21 Le potier n'est-il pas le maître de l'argile pour faire avec la même pâte un ustensile d’un usage noble et un ustensile d’un usage méprisable? 22 Que dire si Dieu, voulant montrer sa colère et faire connaître sa puissance, a supporté avec une grande patience des vases de colère tout prêts pour la perdition? 23 Et que dire s'il a voulu faire connaître la richesse de sa gloire envers des vases de compassion qu'il a d'avance préparés pour la gloire? 24 Ainsi il nous a appelés non seulement d'entre les Juifs, mais encore d'entre les non-Juifs.
14-24 Quel que soit ce que Dieu fait, cela doit être juste. Là où le peuple saint et heureux de Dieu diffère des autres, c’est seulement la grâce de Dieu qui fait cette différence. Dans cette grâce efficace et caractéristique, il sert de bienfaiteur, à qui la grâce appartient. Nul ne l’a méritée ; et donc, ceux qui sont sauvés doivent en remercier Dieu seulement ; et ceux qui périssent doivent se blâmer eux-mêmes seulement, Osée 13:9. Dieu n’est pas lié plus loin qu’il n’a bien voulu lui-même se lier par sa propre alliance et sa promesse, qui sont sa volonté révélée. Et ceci veut dire qu’il recevra, et ne jettera pas dehors, ceux qui viennent à Christ ; mais d’attirer les âmes pour cette venue est une faveur anticipée et caractéristique pour celui qu’il veut. Pourquoi rencontre-t-il un refus ? Cela n’est pas une objection faite par la créature contre son Créateur, par l’homme contre Dieu. La vérité, comme elle est en Jésus, ramène l’homme à rien, à moins que rien, et annonce Dieu comme Seigneur souverain de tout. Qui es-tu, toi si insensé, si faible, si incapable de juger les délibérations divines ? Il nous appartient de nous soumettre à lui, de ne pas répliquer contre lui. Les hommes ne permettraient-ils pas au Dieu infini le même droit souverain de diriger les affaires de la création, que celui que le potier exerce en disposant de son argile, lorsque du même bloc il fait un vase des plus honorables, et un autre pour un usage des plus vils ? Dieu ne peut pas faire mal, malgré ce qui peut sembler aux hommes. Dieu montrera toujours qu’il déteste le péché. Mais aussi qu’il a formé des vases pleins de miséricorde. La sanctification est la préparation de l’âme pour la gloire. Ceci est l’œuvre de Dieu. Les pécheurs se destinent eux-mêmes parfaitement pour l’enfer, mais c’est Dieu qui prépare les saints pour le ciel ; et tous ceux que Dieu destine au ciel pour plus tard, il les y prépare dès maintenant. Voulons-nous savoir quels sont ces vases de miséricorde ? Ils sont ceux que Dieu a appelés ; ce ne sont pas seulement les Juifs, mais aussi les païens. Il est certain qu’il ne peut pas y avoir la moindre injustice dans chacune de ces dispensations divines. Ni en Dieu exerçant sa longanimité, sa patience envers les pécheurs qui sont sous une culpabilité croissante, avant d’apporter une destruction complète sur eux. La faute est dans le pécheur endurci lui-même. Comme à tous ceux qui aiment Dieu et le craignent, de telles vérités paraissent cependant ne pas pouvoir pénétrer leur raison, ils doivent garder le silence devant lui. C’est le Seigneur seul qui nous fait différents ; nous devons adorer sa miséricorde qui pardonne et sa grâce qui nous crée de nouveau, et être attentifs à ce que notre appel se transforme en élection certaine.
25 C'est aussi ce qu'il dit dans le livre d'Osée: J'appellerai ‘mon peuple’ celui qui n'était pas mon peuple, et ‘bien-aimée’ celle qui n'était pas la bien-aimée. 26 Et là où on leur disait: ‘Vous n'êtes pas mon peuple’, ils seront appelés fils du Dieu vivant.
27 Esaïe, de son côté, s'écrie au sujet d'Israël: Même si les Israélites, de par leur nombre, étaient pareils au sable de la mer, un reste seulement sera sauvé. 28 En effet, le Seigneur accomplira pleinement et rapidement sa parole [avec justice, en effet le Seigneur accomplira rapidement sa parole] sur la terre. 29 Et comme Esaïe l'avait prédit, si le Seigneur de l’univers ne nous avait pas laissé une descendance, nous serions devenus comme Sodome, nous aurions été semblables à Gomorrhe.
25-29 Le rejet par les Juifs et l’acceptation par les païens ont été prédits dans l’Ancien Testament. Ceci tend très vivement à dégager une vérité, à observer comment l’Écriture y est accomplie. C’est une merveille de la puissance divine et de sa miséricorde que quelques-uns soient sauvés, car même ceux qui étaient considérés comme postérité, si Dieu avait agi selon leurs péchés, auraient péri avec le reste. C’est cette grande vérité que cette Écriture nous enseigne. Même parmi le vaste nombre de ceux qui professent être chrétiens, il est à craindre qu’un reste seulement sera sauvé.
30 Que dirons-nous donc? Des non-Juifs qui ne recherchaient pas la justice ont obtenu la justice, celle qui vient de la foi, 31 tandis qu'Israël, qui cherchait une loi de justice, n'est pas parvenu à cette loi. 32 Pourquoi? Parce qu'Israël l'a cherchée non par la foi, mais par les œuvres [de la loi]. Ils se sont heurtés à la pierre qui fait obstacle, 33 comme il est écrit: Je mets dans Sion une pierre qui fait obstacle, un rocher propre à faire trébucher, mais celui qui croit en lui ne sera pas couvert de honte.
30-33 Les païens ne connaissaient pas leur culpabilité et leur misère, et ne se préoccupaient donc pas d’y apporter un remède. Ils ont cependant obtenu la justice par la foi. Non pas en devenant des prosélytes à la religion juive, et en se soumettant à la loi de cérémonie ; mais en acceptant Christ, en croyant en lui, et en se soumettant à l’Évangile. Les Juifs parlaient beaucoup de justification et de sainteté, et ils paraissaient être très ambitieux d’être les favoris de Dieu. Ils cherchaient, mais pas dans le bon chemin, pas dans le chemin de l’humilité, pas dans le chemin nécessaire. Pas par la foi, pas en acceptant Christ, ni à en dépendre, ni en se soumettant à l’Évangile. Ils attendaient la justification en observant les préceptes et les cérémonies de la loi de Moïse. Les Juifs incrédules avaient une offre magnifique de justice, de vie, et de salut, qui leur était faite par les termes de l’Évangile, qu’ils n’ont pas aimé, et n’ont pas accepté. Avons-nous cherché à savoir comment nous pouvons être justifiés devant Dieu, recherchant cette bénédiction par la manière qui est indiquée ici, par la foi en Christ, comme le Seigneur notre Justice ? Alors, nous ne serons pas honteux en ce jour terrible, quand tous les refuges des mensonges seront balayés au loin, et que la colère divine débordera jusqu’à tout lieu caché, sauf celui que Dieu a préparé dans son propre Fils.