Livres de la Bible



Nombres 22

Introduction de Matthew Henry

* La crainte de Balak envers Israël, Il envoie Balaam (1-14). Balaam vient vers Balak (15-21). L’opposition de Balaam (22-35). Balaam et Balak se joignent (36-41).


Appel de Balak à Balaam

1 Les Israélites partirent et campèrent dans les plaines de Moab, de l’autre côté du Jourdain, vis-à-vis de Jéricho.

2 Balak, fils de Tsippor, vit tout ce qu'Israël avait fait aux Amoréens, 3 et Moab fut très effrayé en face d'un peuple aussi nombreux, il fut saisi de terreur en face des Israélites. 4 Moab dit aux anciens de Madian: «Cette foule va dévorer tout ce qui nous entoure, comme le bœuf broute l’herbe des champs.» Balak, fils de Tsippor, était alors roi de Moab. 5 Il envoya des messagers trouver Balaam, fils de Beor, à Pethor sur l’Euphrate, dans le pays de ses compatriotes, afin de l'appeler et de lui dire: «Un peuple est sorti d'Egypte. Il couvre la surface du pays et il s’est installé vis-à-vis de moi. 6 Viens donc maudire ce peuple pour moi, car il est plus puissant que moi. Peut-être ainsi pourrai-je le battre et le chasser du pays car, je le sais, celui que tu bénis est béni et celui que tu maudis est maudit.»

7 Les anciens de Moab et ceux de Madian partirent avec des cadeaux pour le devin. Ils arrivèrent chez Balaam et lui rapportèrent les paroles de Balak. 8 Balaam leur dit: «Passez la nuit ici et je vous donnerai réponse d'après ce que l'Eternel me dira.» Les chefs de Moab restèrent donc chez Balaam.

9 Dieu vint trouver Balaam et dit: «Qui sont ces hommes que tu as chez toi?» 10 Balaam répondit à Dieu: «Balak, fils de Tsippor, le roi de Moab, les a envoyés me dire: 11 ‘Un peuple est sorti d'Egypte. Il couvre la surface du pays. Viens donc le maudire. Peut-être ainsi pourrai-je le combattre et le chasser.’» 12 Dieu dit à Balaam: «Tu ne les accompagneras pas, tu ne maudiras pas ce peuple, car il est béni.» 13 Balaam se leva le lendemain matin et dit aux chefs de Balak: «Partez dans votre pays, car l'Eternel refuse de me laisser vous accompagner.» 14 Les chefs moabites se levèrent, retournèrent auprès de Balak et dirent: «Balaam a refusé de venir avec nous.»

1-14 Le roi de Moab conçut un plan destiné à maudire Israël ; il voulait en fait dresser Dieu contre le peuple hébreu, alors que jusqu’à présent, l’Éternel avait combattu pour lui ! Le roi de Moab avait une notion complètement fausse de la sainteté divine : il voulait trouver des prophètes qui puissent prier pour sa bénédiction et celle de ses troupes et pour l’anéantissement d’Israël. Personne n’avait une aussi grande réputation que Balaam ; en conséquence, Balak voulait le rencontrer, avec les honneurs dus à sa réputation. On ne sait pas si l’Éternel avait déjà averti Balaam, à ce sujet. Bien qu’il soit probable que oui, on constate qu’il y eut la nuit suivante, dialogue entre Dieu et ce devin. De plus, nous connaissons plusieurs faits prouvant que cet homme avait une vie relativement dissolue, étant en fait, un ennemi de Dieu et de Son peuple. La malédiction ne vient pas sans cause, même si les hommes tendent à le nier. Pour que les pourparlers évoluent en leur faveur, les hommes de Balak prirent avec eux, des présents pour le devin, mais Dieu recommanda bien à ce dernier de ne rien faire contre Israël. Balaam n’avait en fait aucun préjugé contre les Hébreux ; bien qu’il eut pu répondre immédiatement aux envoyés de Balak, Balaam ne voulait pas maudire un peuple béni de Dieu ; il laissa donc passer la nuit pour réfléchir sur ce qu’il devait faire.

Quand nous sommes en pleine conversation sur des sujets tendancieux, nous sommes vraiment en danger de succomber. Balaam n’a pas donné aux messagers de Balak, la véritable réponse que Dieu lui avait prescrite.

Ceux qui minimisent les restrictions divines sont sous l’emprise de Satan ; ils enfreignent les lois de l’Éternel, en allant délibérément contre Sa volonté. Les messagers de Balak n’ont pas rapporté à leur maître la véritable réponse que Balaam leur avait donnée.

Beaucoup de personnes manquent à leurs devoirs quand on les flatte, cela les empêche de discerner leurs manquements, voire leurs folies.

15 Balak envoya de nouveau des chefs. Ils étaient plus nombreux et plus considérés que les précédents. 16 Arrivés chez Balaam, ils lui annoncèrent: «Voici ce que dit Balak, fils de Tsippor: ‘Ne te laisse donc pas empêcher de venir vers moi, 17 car je te rendrai beaucoup d'honneurs et je ferai tout ce que tu me diras. Viens donc maudire ce peuple pour moi.’» 18 Balaam répondit aux serviteurs de Balak: «Même si Balak me donnait sa maison pleine d'argent et d'or, je ne pourrais absolument rien faire qui enfreigne l'ordre de l'Eternel, mon Dieu. 19 Mais maintenant, restez donc ici cette nuit et je saurai ce que l'Eternel me dira encore.» 20 Dieu vint trouver Balaam pendant la nuit et lui dit: «Puisque ces hommes sont venus pour t'appeler, lève-toi, accompagne-les. Mais tu feras ce que je te dirai.» 21 Balaam se leva le lendemain matin, sella son ânesse et partit avec les chefs moabites.

15-21 Une deuxième délégation fut envoyée à Balaam. Il serait souhaitable que nous soyons aussi énergiques que ces hommes pour venir à bout des tâches dignes d’intérêt, même si ces dernières peuvent nous paraître parfois peu utiles. Balak utilisa les « grands moyens », non seulement pour attiser la convoitise de Balaam, mais aussi pour satisfaire son orgueil et ses ambitions. Ce genre de conduite montre bien à quel point nous devons demander à Dieu de nous débarrasser de ces sortes de désirs, qui parfois nous animent. De tels actes ne sont dictés que par Satan : ils ne font aucune concession à la souffrance et aux coûts, n’épargnant aucune peine, en vue de satisfaire la convoitise ou la malveillance. Devons-nous alors accomplir ce qui est juste et vertueux, à contrecœur ? Dieu nous l’interdit !

Les convictions de Balaam le poussaient à observer les commandements divins, ce qui était une excellente réaction ! Beaucoup de personnes disent connaître Dieu, mais en réalité, ne Lui appartiennent pas vraiment. Ces paroles ne jugent personne, seul Dieu connaît les cœurs.

Les présents qui corrompirent Balaam, l’incitèrent à contrecarrer l’ordre de l’Éternel. Au début on peut croire qu’il refusait de suivre la délégation de Balak, c’est-à-dire de fuir la tentation, mais en fait il n’éprouvait aucune répugnance à ce sujet. Il mourait d’envie d’accepter l’offre, tout en espérant que Dieu le laisserait partir. Il connaissait toutefois la volonté de l’Éternel à ce sujet : céder au péché ne peut venir que de la corruption du cœur.

L’Éternel abandonna Balaam à ses convoitises. Dieu ne répond pas toujours favorablement aux prières de Ses enfants bien aimés, et parfois, Il accorde même aux impies, dans Sa colère, ce que ceux-ci désirent.

22 La colère de Dieu s'enflamma parce qu'il était parti. Alors l'ange de l'Eternel se plaça sur le chemin pour lui résister. Balaam était monté sur son ânesse et ses deux serviteurs étaient avec lui. 23 L'ânesse vit l'ange de l'Eternel qui se tenait sur le chemin, son épée dégainée à la main. Elle s’écarta du chemin et partit dans les champs. Balaam frappa l'ânesse pour la ramener dans le chemin. 24 L'ange de l'Eternel se posta sur un sentier entre les vignes, bordé d’un mur de chaque côté. 25 L'ânesse vit l'ange de l'Eternel. Elle se serra contre le mur et pressa ainsi le pied de Balaam contre le mur. Balaam la frappa de nouveau. 26 L'ange de l'Eternel passa plus loin et se posta à un endroit où il n'y avait aucun espace pour s’écarter à droite ou à gauche. 27 L'ânesse vit l'ange de l'Eternel et elle s’affaissa sous Balaam. La colère de Balaam s'enflamma et il frappa l'ânesse avec un bâton.

28 L'Eternel fit parler l'ânesse et elle dit à Balaam: «Que t'ai-je fait pour que tu m'aies frappée déjà trois fois?» 29 Balaam répondit à l'ânesse: «C'est parce que tu t'es moquée de moi. Si j'avais une épée dans la main, je te tuerais sur-le-champ.» 30 L'ânesse dit à Balaam: «Ne suis-je pas ton ânesse, que tu as montée depuis toujours jusqu'à aujourd’hui? Ai-je l'habitude d’agir ainsi envers toi?» «Non», répondit-il.

31 L'Eternel ouvrit les yeux de Balaam et Balaam vit l'ange de l'Eternel qui se tenait sur le chemin, son épée dégainée à la main. Il s'inclina alors et se prosterna, le visage contre terre. 32 L'ange de l'Eternel lui dit: «Pourquoi as-tu frappé ton ânesse déjà trois fois? Je suis sorti pour te résister, car tu empruntes une voie dangereuse à mes yeux. 33 L'ânesse m'a vu et s'est écartée déjà trois fois devant moi. Si elle ne s'était pas écartée de moi, je t'aurais même tué en lui laissant la vie.» 34 Balaam dit à l'ange de l'Eternel: «J'ai péché, car je ne savais pas que tu t'étais placé devant moi sur le chemin. Mais maintenant, si tu me désapprouves, je retournerai chez moi.» 35 L'ange de l'Eternel dit à Balaam: «Accompagne ces hommes, mais tu te contenteras de répéter les paroles que je te dirai.» Et Balaam accompagna les chefs de Balak.

22-35 Ne pensons pas que Dieu approuve parfois l’iniquité ou qu’Il tolère la conduite de l’homme pécheur, lorsque dans certaines circonstances, par Sa Providence, Il laisse ce dernier commettre une faute. Les saints anges s’opposent au péché et sont parfois employés pour nous empêcher de chuter, même si nous ne discernons pas tout le danger qui nous guette.

Dans ce texte, l’ange s’opposait à Balaam, et ce dernier le considérait d’ailleurs comme un adversaire ; ceux qui entravent notre cheminement vers le péché sont en fait nos meilleurs amis, et nous devrions les considérer en tant que tels. Balaam constata le mécontentement divin par l’intermédiaire de l’âne.

Il est fréquent de voir ceux qui ont le cœur méchant, réagir avec violence devant les difficultés que la Providence place en travers de leur chemin. L’Éternel ouvrit la bouche de l’ânesse. Ce fut là un grand miracle, que Dieu accomplit par Sa toute Puissance. Celui qui a permis à l’homme de s’exprimer par la parole fit que cet animal puisse le faire aussi. Cette ânesse se plaignit de la cruauté de Balaam. Dieu, dans Sa droiture, ne permet pas que l’on abuse des êtres les plus faibles ou les plus vulnérables ; si ces derniers tentent de s’exprimer en vain pour se défendre, Dieu « prend alors la parole » en leur faveur.

Les yeux de Balaam finirent par s’ouvrir. Dieu dispose de nombreux moyens pour attendrir le cœur le plus endurci. Quand nos yeux sont « ouverts », nous sommes alors capables de discerner les dangers qui jonchent le chemin du péché, et quelle est alors la meilleure voie à prendre. Balaam sembla s’adoucir. Il s’écria : « J’ai péché » ; le texte ne nous dit pas s’il se rendit compte de la dureté de son cœur. Il fut en fait heureux de voir qu’il ne pouvait cheminer plus loin, bien qu’il n’ait pas encore de solution pour résoudre son problème avec Balak. Beaucoup de personnes abandonnent leur péché par le simple fait qu’elles ne sont plus concernées par ce dernier.

L’ange déclara à Balaam qu’il ne devait pas chercher à maudire Israël mais au contraire, le bénir : ce retour en arrière, malgré la confusion de Balaam, était en fait destiné finalement à glorifier Dieu.

36 Balak apprit que Balaam arrivait et il sortit à sa rencontre jusqu'à la ville de Moab qui se trouve sur la limite de l'Arnon, à l'extrême frontière. 37 Balak dit à Balaam: «N'ai-je pas envoyé des messagers chez toi pour t'appeler? Pourquoi n'es-tu pas venu vers moi? Ne puis-je donc pas te traiter avec honneur?» 38 Balaam dit à Balak: «Voici, je suis venu vers toi. Maintenant, me sera-t-il permis de parler librement? Je dirai les paroles que Dieu mettra dans ma bouche.»

39 Balaam accompagna Balak et ils arrivèrent à Kirjath-Hutsoth. 40 Balak sacrifia des bœufs et des brebis, et il en fit remettre à Balaam et aux chefs qui l’accompagnaient.

41 Le lendemain matin, Balak prit Balaam et le fit monter à Bamoth-Baal, d'où Balaam put voir une partie du peuple d’Israël.

36-41 Balak n’avait aucune raison de se plaindre, bien qu’il eut préféré que Balaam vienne plus tôt. Ce dernier annonça à Balak qu’il voulait disposer d’une certaine liberté dans ses actes. Balaam parlait en donnant l’impression d’être vexé ; il était en fait autant désireux de plaire à Balak qu’il prétendait l’être envers Dieu.

Remarquez à quel point nous devons faire chaque jour cette prière : « notre Père qui es aux cieux, ne nous induis pas en tentation ». Soyons jaloux de voir à quel point les hommes, loin de la connaissance divine, peuvent bénéficier à leur tour, de la grâce de Dieu, toute proche !


Texte biblique de la Bible Version Segond 21
Copyright © 2007 Société Biblique de Genève
Reproduit avec aimable autorisation. Tous droits réservés.

Commentaires de Matthew Henry
Traduction française par Dominique Osché.
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